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Êtes-vous plutôt Lièvre, ou plutôt Tortue ?

« À toute vitesse ! » Thème BTS 2019-2021.

Ressources, idées pédagogiques.

samedi 22 février 2020, par Lionel Labosse

Voici pour exploiter le thème « À toute vitesse ! » quelques modestes contributions, idées & supports pédagogiques. J’ai bien d’autres idées, mais elles seront publiées quand elles auront été expérimentées avec mes étudiants.

Plan de l’article
Articles sur ce thème
Corpus 1. « Et si la vitesse était féminine ? »
Exercice : « Des vies fulgurantes et exceptionnelles »
Quelques textes isolés
Sujet de BTS « À toute vitesse ! » spécial coronavirus

Articles écrits spécialement pour ce thème en BTS.

Voici, selon la formule inaugurée avec le thème « Corps naturel, corps artificiel », des articles sur 7 livres parmi les essais figurant sur la liste officielle du BO, auxquels j’ai ajouté le livre de Sagan, classe en « Littérature ».
 Éloge de l’immobilité, Jérôme Lèbre, Desclée de Brouwer, 2018
 Accélération. Une critique sociale du temps, Hartmut Rosa, La Découverte, 2010 (2005)
 Paysages en mouvement, Marc Desportes, Gallimard, 2005
 Le Culte de l’urgence, Nicole Aubert, Flammarion, 2003
 Du bon usage de la lenteur, Pierre Sansot, Rivages poches, 1988
 Avec mon meilleur souvenir, Françoise Sagan, Folio, 1984
 Vitesse et Politique, Paul Virilio, Galilée, 1977
 Manifestes du Futurisme, Filippo Tommaso Marinetti, Carré d’Art Séguier, 1996 (1909)
 « La vitesse est-elle une activité spécifiquement masculine ? » : Écriture personnelle et cours magistral.
 Corpus original pour une synthèse : vitesse / lenteur.
Des articles déjà en magasin :
2 romans et un film mentionnés par la liste du BO
 Madame Bovary, Gustave Flaubert, 1856
 La Bête humaine, Émile Zola, 1890
 L’Homme à la caméra, Dziga Vertov (1929)
D’autres ouvrages ou films exploitables sur le thème :
 Manifeste du parti communiste, Karl Marx & Friedrich Engels, 1848
 Le Capital, Karl Marx, 1867
 Erewhon, Samuel Butler, Gallimard, L’imaginaire, 1872
 Le Mécano de la « General », Buster Keaton & Clyde Bruckman (1926)
 Les Temps modernes, Charlie Chaplin (1936)
 Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, Jean Giono, 1938
 La Chevauchée fantastique, John Ford (1939)
 La France contre les robots, Georges Bernanos, 1947
 Bonjour tristesse, Françoise Sagan, Pocket, 1954
 Un, deux, trois, Billy Wilder (1961)
 Docteur Folamour, Stanley Kubrick (1964)
 Le Cheval dans la locomotive, Arthur Koestler, Calmann-Lévy, 1967
 Junior Bonner, le dernier bagarreur, Sam Peckinpah (1972)
 Ragtime, Miloš Forman (1981)

Cours et Corpus n° 1. « Et si la vitesse était féminine ? »

J’ai eu l’idée de ce corpus introductif parce que la liste du Bulletin officiel sur ce thème ne présente en tout et pour tout que deux femmes, sur environ 70 auteurs ou artistes mentionnés. Je trouve cela fort de café à notre époque où, si je suis le premier à critiquer certains excès du féminisme, je tiens mordicus à assumer ma part du travail en tant qu’éducateur pour favoriser l’égalité entre les sexes. J’ai commencé par un petit exercice physique, en écho à celui qui introduisait mon 1er corpus sur « Seuls avec tous » : poser le plus lentement possible, sa paume sur la joue de son voisin ; puis répéter ce mouvement en accélérant très progressivement la vitesse. On met en évidence la violence associée à la vitesse, dada de Paul Virilio.
 Doc 1. Avec mon meilleur souvenir, « La vitesse », Françoise Sagan, Folio, 1984 (p. 67).
« Mais là, nous nous éloignons du plaisir, c’est-à-dire de la vitesse considérée comme un plaisir, ce qui est finalement la meilleure définition. Disons-le tout de suite comme Morand, comme Proust, comme Dumas, ce n’est pas un plaisir trouble, ni diffus, ni honteux. C’est un plaisir précis, exultant et presque serein d’aller trop vite, au-dessus de la sécurité d’une voiture et de la route qu’elle parcourt, au-dessus de sa tenue au sol, au-dessus de ses propres réflexes, peut-être. Et disons aussi que ce n’est pas, justement, une sorte de gageure avec soi-même dont il s’agit, ni d’un défi imbécile à son propre talent, ce n’est pas un championnat entre soi et soi, ce n’est pas une victoire sur un handicap personnel, c’est plutôt une sorte de pari allègre entre la chance pure et soi-même. Quand on va vite, il y a un moment où tout se met à flotter dans cette pirogue de fer où l’on atteint le haut de la lame, le haut de la vague, et où l’on espère retomber du bon côté grâce au courant plus que grâce à son adresse. Le goût de la vitesse n’a rien à voir avec le sport. De même qu’elle rejoint le jeu, le hasard, la vitesse rejoint le bonheur de vivre et, par conséquent, le confus espoir de mourir qui traîne toujours dans ledit bonheur de vivre. C’est là tout ce que je crois vrai, finalement : la vitesse n’est ni un signe, ni une preuve, ni une provocation, ni un défi, mais un élan de bonheur. »

 Doc 2. « Sagan et sa Jaguar », photographie de Michou Simon, 22 juin 1956, © Paris Match. Un document qui pourrait parfaitement faire partie d’un corpus simple sur la vitesse. J’y songerai !

« Sagan et sa Jaguar », photographie de Michou Simon, 22 juin 1956
© Paris Match

Doc. 3 : « Françoise Sagan, folle de voitures de sport », article de Sylvain Reisser (février 2017).
« Ces sensations, Françoise Sagan les a éprouvées au volant de ses voitures de sport qui font désormais rêver les collectionneurs. Dans son garage se sont succédé quelques-unes des machines parmi les plus convoitées des amateurs. La romancière avait bon goût. Son premier bolide, acheté avec le cachet de Bonjour tristesse […] n’est autre qu’une Jaguar XK 120, le roadster en vogue à l’époque. Sa passion pour les belles mécaniques, « ces bruits subtilement harmonieux à l’oreille et au corps », la conduit à passer dans la cour des grands. En août 1956, elle touche une Gordini type 24 S immatriculée 71 CB 75. Cette barquette est une véritable voiture de course qui a couru les 24 Heures du Mans. « Dédé la sardine », alias André Guelfi, tour à tour pilote amateur, agent immobilier puis homme d’affaires, racontera qu’il avait initié la jeune romancière à la conduite sportive et qu’il lui avait appris à dompter le fauve bleu France.
En 1957, on la croise aussi souvent à Saint-Germain-des-Prés au volant d’un cabriolet Aston Martin DB2/4. Le 13 avril 1957, une nouvelle fois, Sagan a tenté le diable sur la route. Et cela a failli tourner au drame. Sur les ondes, l’annonce de son accident de la route, du côté de Milly-la-Forêt, tourne en boucle. Sa belle anglaise a été retrouvée gisant retournée dans un champ, compressée façon César. […] Tous les passagers ont été éjectés, sauf elle. Sa convalescence s’éternisera. Non contente d’avoir compris qu’elle était vulnérable, Françoise Sagan absorbera pendant plusieurs mois un dérivé de morphine qui la laissera dépendante de toutes sortes de drogue et de l’alcool jusqu’à la fin de sa vie, le 24 septembre 2004. »
 document vidéo : « Françoise Sagan Avec mon meilleur souvenir » - Archive INA - 3 juillet 1984 (5 min).
 Extrait de Toxique, Françoise Sagan, Le Livre de Poche, 1964 (2009) (p. 67). Ce livre est le journal d’un séjour en clinique vers l’automne 1957, après un grave accident de voiture. On la sauve, mais elle s’intoxique au Palfium 875, dérivé de la morphine, d’où cette cure de désintoxication. Livre illustré par Bernard Buffet, sans pagination.
« J’ai appris des trucs, peut-être, des truquages. Quand donc aurai-je la force de conduire une Aston ? De prendre la porte Maillot un peu vite… Les rues, les places sont autant de regrets.
Ce capot noir qui s’élançait, ce bruit confiant, amical, Jaguar un peu longues, Aston un peu lourdes, je m’ennuie de vous à périr, après avoir failli périr par vous. »

 Doc 4. Loie Fuller, Danse serpentine, 1902, photographie de Frederick Glasier.

Loie Fuller, Danse serpentine, photographie de Frederick Glasier, 1902. .
© Frederick Glasier

Loie Fuller (1869-1928), Danse serpentine, photographie de Frederick Glasier, 1902.
Loïe Fuller, nom de scène de Mary Louise Fuller, est une danseuse américaine et l’une des pionnières de la danse moderne ; elle est célèbre pour les voiles qu’elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies et pour ses talents de metteuse en scène. Elle révolutionna la technique de la danse par diverses innovations (utilisation de l’éclairage électrique, ou de sels phosphorescents par exemple), et libéra les danseuses de certaines pesanteurs liées par exemple au port du corset. Elle eut de nombreux imitateurs notamment pour sa célèbre Danse serpentine, créée en 1892. Aux débuts du cinématographe, elle refusa de laisser filmer une de ses exhibitions ; les documents qui nous sont parvenus sont donc dus à ses imitateurs. Nous allons visionner un des tout premiers films de l’histoire du cinéma, colorié à la main, film américain réalisé par William Kennedy et Laurie Dickson, sorti en 1894, avec Annabelle Moore (1878-1961). Il s’agit d’une des prestations que la danseuse a exécutées sur le premier studio de cinéma, créé par Thomas Edison (inventeur du cinéma avant les frères Lumière !)

 Doc 5. « Déshabillez-moi » (1967), texte Robert Nyel, musique Gaby Verlor, interprétée par Juliette Gréco (née en 1926). Visionnons une version à l’Olympia en 2004 pour Arte. La chanteuse s’autoparodie un peu, ce qui altère le sens de la fin de la chanson, mais c’est intéressant.

Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite
Sachez me convoiter, me désirer, me captiver
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Mais ne soyez pas comme tous les hommes, trop pressés
Et d’abord, le regard
Tout le temps du prélude
Ne doit pas être rude, ni hagard
Dévorez-moi des yeux
Mais avec retenue
Pour que je m’habitue, peu à peu
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite
Sachez m’hypnotiser, m’envelopper, me capturer
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Avec délicatesse, en souplesse, et doigté
Choisissez bien les mots
Dirigez bien vos gestes
Ni trop lents, ni trop lestes, sur ma peau
Voilà, ça y est, je suis
Frémissante et offerte
De votre main experte, allez-y
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Maintenant tout de suite, allez vite
Sachez me posséder, me consommer, me consumer
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Conduisez-vous en homme
Soyez l’homme, agissez !
Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Et vous, déshabillez-vous !

© Warner Chappell Music France

 Doc 6. Les Grands Entretiens de Bernard Pivot : Marguerite Duras. Émission diffusée en direct sur Antenne 2 le 28 septembre 1984 pour le magazine Apostrophes.
Verbatim : (vers 28’30 dans l’émission) « Du style, je ne m’en occupe pas dans le livre. Je dis les choses comme elles arrivent sur moi. Comme elles m’attaquent, comme elles m’aveuglent. Je pose des mots beaucoup de fois, des mots d’abord, vous voyez, c’est comme si l’étendue de la phrase était ponctuée par la place des mots. Et que par la suite, la phrase s’attache aux mots, les prend et s’accorde à eux comme elle le peut. Mais que moi je m’en occupe infiniment moins que des mots. Je disais que l’écriture courante que je cherchais depuis si longtemps, je l’ai atteinte. Maintenant j’en suis sûre. Et que par écriture courante, je dirais écriture presque distraite, qui court, qui est plus pressée d’attraper les choses que de les dire, voyez-vous. Je parle de la crête des mots, c’est une écriture qui courrait sur la crête, pour aller vite, pour ne pas perdre. Parce que quand on écrit, c’est le drame, on oublie tout tout de suite et c’est affreux quelquefois ».
On notera le contraste entre la lenteur de l’élocution de Marguerite Duras (à opposer au débit précipité de Sagan) et la revendication de rapidité de son style. Les étudiants remarqueront également la sobriété de la télévision de cette époque antédiluvienne, l’absence de toutes les incrustations et des incessantes interruptions du speaker qui empêchent dans la télévision actuelle, d’avoir accès à la pensée d’un grand homme ou d’une grande femme (cela se constatait même dans l’extrait du journal télévisé avec Françoise Sagan ci-dessus). À rapprocher de cet extrait d’un commentaire sur Voici sur le fait que le Pr Raoult refuse de nombreuses demandes d’entrevues : « Didier Raoult ne veut pas « être dans l’urgence, dans la petite formule ». Ainsi, Yanis Roussel a assuré que l’infectiologue reçoit des demandes d’interview provenant du monde entier, et que par conséquent, tout le monde ne pourra pas être satisfait. « L’idée, c’est qu’on ne peut pas répondre à tout le monde malheureusement », a-t-il expliqué. Face à une telle affluence, le Professeur Didier Raoult et son entourage sont obligés de choisir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils préfèrent communiquer sur YouTube par exemple que dans les médias traditionnels où il est parfois compliqué de développer un raisonnement, du fait du manque de temps. « Même si c’est à une heure de grande écoute, même si certains JT sont suivis par plusieurs millions de téléspectateurs, si c’est pendant 3 minutes dire quelque chose qui à la fin ne pourra pas être représentatif du fond de ce qu’on a à dire, l’utilité n’est pas énorme », détaille Yanis Roussel.
C’est pour cette raison qu’ils ont accepté de rencontrer Apolline de Malherbe. La journaliste de BFM TV lui avait proposé « un long format où l’objectif était d’aller dans le fond, une heure pour prendre le temps de répondre aux différentes questions sans être dans l’urgence, dans la petite formule ». Et c’est sans doute pour cette même raison qu’il refuse d’aller sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin où les « petites formules » sont souvent mises en avant. « On n’est pas là pour réagir à chaud à toute l’actualité, à tout ce qu’il se passe. On n’est pas dans une posture de commentateurs donc en général, on fait une interview quand on a quelque chose de particulier à dire », a-t-il tenu à rappeler. Voilà qui ne pourrait pas être plus clair. »

 Doc 7. Yin & Yang.
« Les Chinois de l’Antiquité croyaient en deux forces cosmiques jumelles, positive et négative, dirigeant l’univers : le Ciel et la Terre, le Soleil et la Lune, etc. Cette croyance prit sa forme définitive dans le Yi Jing (livre des mutations), traité de divination où ces forces cosmiques prennent le nom de yin et yang, et sont censées perpétuer l’univers dans une chaîne éternelle de permutations.
Le Yi Jing montrait que yin (principe féminin) & yang (principe masculin) s’engendrent l’un l’autre dans un mouvement perpétuel : quand le yang est à son minimum, il devient yin, et grandit jusqu’à redevenir yang, et ainsi de suite. Ce système philosophique fut adopté tant par les taoïstes que par les confucianistes. Au XIe siècle, les néo-confucianistes représentèrent ce concept par le symbole du disque divisé par une période de sinusoïde, noir à gauche pour le yin, blanc à droite pour le yang, avec dans chaque partie une tache de la couleur opposée symbolisant l’embryon de yin au sein du yang, et vice-versa. Le Yi Jing associe les éléments feu et eau à l’homme et à la femme, image de l’orgasme explicitée par les traités médicaux : le feu (homme) prend rapidement et s’éteint tout aussi vite au contact de l’eau (femme), qui au contraire s’échauffe et refroidit lentement. » (« Le Yin, le Yang et le Gai », Lionel Labosse, Gay infos, oct et nov 1989.

 Doc 8. Édith Piaf : une vie fulgurante et exceptionnelle
« L’homme à la moto » raconte l’histoire d’un homme qui aime la vitesse comme le dira Sagan : « De même qu’elle rejoint le jeu, le hasard, la vitesse rejoint le bonheur de vivre et, par conséquent, le confus espoir de mourir qui traîne toujours dans ledit bonheur de vivre. » Mais dans sa chanson, le principe du yin féminin et du yang masculin sont bien respectés : la pauvre Marie-Lou est une caricature de femme au foyer, femme de marin condamnée à l’immobilité. La chanson est une adaptation fidèle par Jean Dréjac d’une chanson étasunienne des débuts du rock, de Mike Stoller & Jerry Leiber. Ce document Youtube permet de suivre les paroles :

« L’homme à la moto » (1956)

Il portait des culottes, des bottes de moto
Un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos
Sa moto qui partait comme un boulet de canon
Semait la terreur dans toute la région
Jamais il ne se coiffait, jamais il ne se lavait
Les ongles plein de cambouis mais sur le biceps il avait
Un tatouage avec un cœur bleu sur la peau blême
Et juste à l’intérieur, on lisait : Maman je t’aime
Il avait une petite amie du nom de Marie-Lou
On la prenait en pitié, une enfant de son âge
Car tout le monde savait bien qu’il aimait entre tout
Sa chienne de moto bien davantage (+ refrain)
Marie-Lou la pauvre fille l’implora, le supplia
Dis, ne pars pas ce soir, je vais pleurer si tu t’en vas…
Mais les mots furent perdus, ses larmes pareillement
Dans le bruit de la machine et du tuyau d’échappement
Il bondit comme un diable avec des flammes dans les yeux
Au passage à niveau, ce fut comme un éclair de feu
Contre une locomotive qui filait vers le midi
Et quand on débarrassa les débris
On trouva sa culotte, ses bottes de moto
Son blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos
Mais plus rien de la moto et plus rien de ce démon
Qui semait la terreur dans toute la région…

Voici maintenant « La Foule », paroles de Michel Rivgauche. Adaptation infidèle de « Que nadie sepa mi sufrir », valse péruvienne d’origine argentine composée en 1936 par Ángel Cabral sur des paroles d’Enrique Dizeo. La chanson d’origine sera d’ailleurs exhumée par le succès de la version française, et les deux versions sont fréquemment reprises. Ce qu’exalte la chanson, c’est la vitesse et la fulgurance de la rencontre amoureuse permise par l’institution des bals du samedi soir.
Cette vidéo pourrie de Piaf la montre complètement ravagée, comme la Billie Holliday évoquée par Sagan, transformée par l’interprétation de sa chanson. À l’instar de Duras, elle évoque la vitesse par une expression paradoxalement statique. Cet extrait de La Môme (2007), le film d’Olivier Dahan, montre Marion Cotillard interpréter la grande dame dévastée (comme dirait Duras d’elle-même dans L’Amant). Même si elle fut beaucoup plus yin que Sagan, Piaf vécut « une vie fulgurante et exceptionnelle » selon les mots du BO. De plus, en cette période où le féminisme vire à la misandrie, quelle belle consolation que cette femme qui aima aimer & les hommes. Un contrepoint à la chanson « Carmen », de Stromae & Orelsan, qui traite aussi de la fulgurance des relations amoureuses, mais sur un mode plus désabusé. Sur un mode plus apaisé, « Le tourbillon (de la vie) » de Serge Rezvani évoque les amours tumultueuses d’un couple qui contrairement à celui de « La foule », se perd, mais se retrouve :
« On s’est connu, on s’est reconnus
On s’est perdus de vue, on s’est r’perdus de vue
On s’est retrouvés, on s’est séparés
Puis on s’est réchauffés
Chacun pour soi est reparti
Dans l’tourbillon de la vie
Je l’ai revue un soir ah ! là là
Elle est retombée dans mes bras »

« La Foule » (1957).

Je revois la ville en fête et en délire
Suffoquant sous le soleil et sous la joie
Et j’entends dans la musique les cris, les rires
Qui éclatent et rebondissent autour de moi
Et perdue parmi ces gens qui me bousculent
Étourdie, désemparée, je reste là
Quand soudain, je me retourne, il se recule,
Et la foule vient me jeter entre ses bras…

Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Écrasés l’un contre l’autre
Nous ne formons qu’un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse, enchaînés l’un et l’autre
Et nous laisse tous deux
Épanouis, enivrés et heureux.

Entraînés par la foule qui s’élance
Et qui danse
Une folle farandole
Nos deux mains restent soudées
Et parfois soulevés
Nos deux corps enlacés s’envolent
Et retombent tous deux
Épanouis, enivrés et heureux…
Et la joie éclaboussée par son sourire
Me transperce et rejaillit au fond de moi
Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
Quand la foule vient l’arracher d’entre mes bras

Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Nous éloigne l’un de l’autre
Je lutte et je me débats
Mais le son de ma voix
S’étouffe dans les rires des autres
Et je crie de douleur, de fureur et de rage
Et je pleure…

Et traînée par la foule qui s’élance
Et qui danse
Une folle farandole
Je suis emportée au loin
Et je crispe mes poings, maudissant la foule qui me vole
L’homme qu’elle m’avait donné
Et que je n’ai jamais retrouvé…

À l’opposé de cette version centrifuge de la rencontre amoureuse, la chanson nostalgique « C’était bien » de Robert Nyel (paroles) et Gaby Verlor (musique) interprétée par Bourvil (peu après Gréco, à qui ils proposeront six ans plus tard « Déshabillez-moi »), chorégraphiée par Philippe Decouflé avec Pascale Houbin, propose une version centripète, où la foule ne fait que concentrer les amoureux. Le rythme lent et l’omniprésence de l’accordéon associés à la douceur de la voix de Bourvil s’opposent au tragique de Piaf.
« Non je ne me souviens plus du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens ce sont ces amoureux
Qui ne regardait rien autour d’eux
Y avait tant d’insouciance
Dans leurs gestes émus
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu ?
Non je ne me souviens plus du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens c’est qu’ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux
Et c’était bien… Et c’était bien… »

 Doc 9. Extrait de Chez soi, Une Odyssée de l’espace domestique, de Mona Chollet, Zones, La Découverte, 2015. Où l’on découvre que la femme au foyer, ou même la femme active de retour au foyer, est déjà une championne de vitesse :
« Assistant à un repas chez une femme de quarante-sept ans, le sociologue la voit « tout entière au service de son mari, sur le qui-vive, rarement assise, se levant à chaque instant pour lui donner du pain ou lui remplir son verre ». Le cas le plus frappant qu’il ait pu observer est cependant celui de Renata, quarante-sept ans elle aussi. Lorsqu’elle rentre chez elle le soir, vers 22 heures, après avoir déjà fait le ménage de son salon de coiffure, elle se lance dans un marathon affolant. Elle prépare un bon dîner pour son mari (« jamais de surgelés »), mais elle le laisse le manger seul devant la télévision, pendant qu’elle-même avale un sandwich debout, tout en ramassant le linge sec. Puis elle fait la vaisselle du dîner du mari, nettoie toutes les pièces de l’appartement, étend une nouvelle lessive, repasse ; elle change tous les jours tout le linge, même les draps. Sa fébrilité témoigne d’un conditionnement qui confine au traumatisme. Elle est incapable ne serait-ce que de s’asseoir un moment avec ses amis quand ils lui rendent visite. Mais elle ne voit pas sa névrose ; ce mode de vie lui procure au contraire une grande fierté : « J’ai un potentiel d’énergie énorme, j’arrive à tout gérer en même temps. Et en plus j’aime ça. En fait, ce ne sont pas des contraintes ». »

 Doc 10. Denise Mueller-Korenek, l’homme la plus rapide du monde
Et pour finir, le record de vitesse à bicyclette sur terrain plat et derrière abri qui était déjà supérieur à 100 km/h avant le début du XXe siècle, en est à 296 km/h, et c’est une femme, Denise Mueller-Korenek qui le détient ! Voir cette video et notre article « Du cheval au cheval de fer et au cheval-vapeur »).
 Après ce corpus, voici une écriture personnelle et un cours magistral. « La vitesse est-elle une activité spécifiquement masculine ? ».

Exercice : « Des vies fulgurantes et exceptionnelles »

Cette expression tirée du BO (« La vitesse et l’intensité ont toujours été associées à des vies fulgurantes et exceptionnelles. Pratique de sports extrêmes, conduites à risque : certains choisissent de vivre vite et pleinement, quitte à mettre leur existence en danger ») nous fournit une séance intéressante, inspirée par la citation de Françoise Sagan (cf. ci-dessus), qui nous a déjà donné l’idée de « L’homme à la moto ». Pour faire une transition avec le corpus précédent, commençons par La Traviata (1853). C’est un opéra en trois actes de Giuseppe Verdi (1813-1901) sur un livret de Francesco Maria Piave d’après le roman d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias (1848) et son adaptation théâtrale (1852), inspirés par son amour pour la courtisane Marie Duplessis (1824-1847). Synopsis : Alfredo Germont, jeune homme issu d’une bonne famille provençale, tombe amoureux d’une courtisane en vue, Violetta Valéry, lors d’une soirée privée à Paris. Sincèrement amoureuse, Violetta abandonne son métier et se donne sans réserve à Alfredo. Cependant, monsieur Germont, le père d’Alfredo, au nom de la respectabilité bourgeoise, obtient d’elle qu’elle rompe avec son fils. Violetta écrit alors une lettre de rupture à Alfredo sans dévoiler le motif réel de sa décision. La maladie mortelle (la tuberculose) dont elle était déjà atteinte, reprend alors de plus belle. Un mois plus tard, Alfredo apprend de son père que Violetta n’a jamais cessé de l’aimer, et qu’elle a sacrifié son amour à la réputation de son amant. Saisi par le remords, il accourt à son chevet, mais trop tard : épuisée par la maladie, Violetta meurt dans ses bras.
<https://www.youtube.com/watch?v=DTH...>
Écoutons et regardons une interprétation de l’air « Libiamo ne’ lieti calici ». Vous trouverez sur ce lien les informations sur cette magnifique performance enregistrée en août 2005 au festival de Salzburg. Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Carlo Rizzi. Mise en scène : Willy Decker, avec : Anna Netrebko, Violetta et Rolando Villazón, Alfredo. La vidéo Youtube est pourrie et risque à nouveau de disparaître car elle est traquée par les propriétaires des droits. Voici la traduction des paroles. Vous pouvez aussi suivre le livret original avec la traduction.
ALFREDO : Buvons joyeusement dans ce verre
resplendissant de beauté
et que l’heure passagère
s’enivre de volupté.
Buvons dans les doux frémissements
que l’amour éveille
car ces beaux yeux (en désignant Violetta)
nous transpercent le cœur.
Buvons, car le vin
réchauffera les baisers de l’amour.
TOUS : Buvons, car le vin
réchauffera les baisers de l’amour.
VIOLETTA (elle se lève) : Je veux partager
ma joie avec vous tous ;
tout dans la vie est folie
sauf le plaisir.
Réjouissons-nous,
l’amour est rapide et fugitif.
C’est une fleur qui naît et meurt,
et dont on ne peut toujours jouir.
Réjouissons-nous puisqu’une voix charmante,
fervente nous y invite.
TOUS : Réjouissons-nous ! le vin et les chants
et les rires embellissent la nuit ;
et que le jour nouveau
nous retrouve dans ce paradis.
VIOLETTA (à Alfredo) : La vie n’est que plaisir.
ALFREDO (à Violetta) : Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’amour.
VIOLETTA : N’en parlez pas à qui l’ignore.
ALFREDO : C’est ma destinée.
TOUS (refrain).

Continuons par un exercice : cherchons le sens des expressions « brûler la chandelle par les deux bouts » ; « Une vie de patachon » ; « mener une vie de bâton de chaise ».

« Les oiseaux de passage », chanson de Georges Brassens sur un poème de Jean Richepin nous fournit un exemple de l’opposition entre le voyou qui vit à toute vitesse et le « bourgeois » qui le regarde passer avec haine ou envie, ressort de maintes chansons ou films, comme récemment le film Les Misérables dont l’auteur, repris de justice pour violences sexistes, suscita l’admiration du Président de la République ou des féministes les plus extrémistes lors des Césars (voir à la fin de cet article).

Ô vie heureuse des bourgeois ! Qu’avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ça lui suffit, il sait que l’amour n’a qu’un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : « C’est là que je suis née,
Je meurs près de ma mère et j’ai fait mon devoir ».

Elle a fait son devoir c’est à dire que oncques
Elle n’eut de souhait impossible, elle n’eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L’emportant sans rameur sur un fleuve inconnu.

Et tous sont ainsi faits, vivre la même vie
Toujours pour ces gens là cela n’est point hideux.
Ce canard n’a qu’un bec et n’eut jamais envie
Ou de n’en plus avoir ou bien d’en avoir deux.

Ils n’ont aucun besoin de baiser sur les lèvres
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Possèdent pour tout cœur un viscère sans fièvre,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Ô les gens bienheureux !… Tout à coup, dans l’espace,
Si haut qu’il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Regardez les passer ! Eux ce sont les sauvages,
Ils vont où leur désir le veut : par dessus monts
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les ! Avant d’atteindre sa chimère,
Plus d’un, l’aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volailles comme vous.
Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
Des assoiffés d’azur, des poètes, des fous.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu’eux.
Et le peu qui viendra d’eux à vous, c’est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

Écoutons ensuite un numéro de l’émission de France Culture « Les Pieds sur terre », par Sonia Kronlund et Clément Baudet : « Les jeux de l’argent et du hasard » (30/01/2020). Écouter l’intro de l’émission, puis l’histoire de Junior et celle d’Alexandre (durée totale 12’35’’). Noter tout ce qui relève du thème « À toute vitesse ! ». À comparer avec le chapitre consacré aux casinos dans Avec mon meilleur souvenir de Françoise Sagan.

 Voici maintenant deux extraits de films.


 La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause), 1955, de Nicholas Ray figure sur la liste du BO. Voici l’extrait célèbre de la « course des dégonflés » (« Chicken run ») en VF (3’34). Les acteurs de ce film mythique de de cet extrait, James Dean, Nathalie Wood, Sal Mineo, auront d’ailleurs des destinées tragiques.
 La Main au collet (To Catch a Thief), 1955, d’Alfred Hitchcock (1899-1980), avec Cary Grant (1904-1986) & Grace Kelly (1929-1982). La [course-poursuite sur la corniche est mythique et prémonitoire de la mort de l’actrice devenue princesse, que l’on peut verser au nombre des « vies fulgurantes ».


 Voici deux citations de deux écrivains qui ont vécu des « vies fulgurantes » :
 Victor Hugo, Hernani, Acte III, scène 4 :
« Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé
D’un souffle impétueux, d’un destin insensé. »
 Jacques Casanova, Histoire de ma vie, Pléiade, vol 2, p. 137 : « Je demeurais à la campagne, et dans un quart d’heure j’étais partout où je voulais dans la ville. Mon cocher allait comme le vent, mes chevaux étant de ceux qu’on appelle enragés faits exprès pour ne pas être épargnés. Des chevaux pareils rebuts de l’écurie du roi étaient un luxe. Quand il m’en crevait un je le remplaçais moyennant deux cents francs. Un des plus grands plaisirs de Paris est celui d’aller vite ».

Exercice & exposé
Des hommes et des femmes qui ont vécu « à toute vitesse » ! De nombreux hommes et femmes, mythiques ou réels, ont brûlé la chandelle par les deux bouts, mené une vie de patachon ou de bâton de chaise. Héros du bien ou démons du mal, morts jeunes ou vieux, ils ont surtout vécu vite. Dossier à réaliser « à toute vitesse » : compléter le tableau en choisissant 6 personnalités dans la liste ci-dessous, puis choisir l’un(e) des 6 et réaliser un document PDF format A4 « Untel, une vie fulgurante » avec explications & illustrations au choix (uniquement sur ce qui justifie cette vie « fulgurante et exceptionnelle »)
Pour vos 6 personnalités, indiquez dans le tableau l’époque où il / elle a vécu, son domaine de compétence ou de notoriété (mythologie, religion, littérature, histoire, sciences, littérature, sport, arts, politique…), et enfin les critères permettant d’estimer qu’il / elle a vécu une vie « fulgurante et exceptionnelle ».
 Antigone, Jésus, Don Juan, Jeanne d’Arc, Pic de la Mirandole, Molière, Napoléon Ier, Évariste Galois, Jacques Casanova, Wolfgang Amadeus Mozart, Victor Hugo, Marie Duplessis, Lautréamont, Arthur Rimbaud, Vincent Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Isabelle Eberhardt, Isadora Duncan, Pablo Picasso, Adolf Hitler, Panama Al Brown, Che Guevara, Édith Piaf, Billie Holliday, Françoise Sagan, James Dean, Marylin Monroe, Grace Kelly, Janis Joplin, Jim Morrison, Jacques Brel, Claude François, Coluche, Ayrton Senna, Oussama Ben Laden, Kurt Cobain, Viyan Antar.
Compléter un tableau de 6 lignes ainsi conçu, en vous inspirant des 2 exemples ci-dessous.

Nom Époque Domaine Critères de vie « fulgurante et exceptionnelle »
Victor Hugo XIXe siècle Littérature, politique Nombreuses œuvres, nombreuses activités, nombreuses maîtresses, vie risquée
Viyan Antar XXIe siècle Militaire Morte jeune, sacrifice de soi

Quelques textes isolés.

« La mouche », de George Langelaan
La « téléportation » faisant partie des « mot clés » du BO pour ce thème, voici un extrait de la nouvelle « La mouche » de George Langelaan, in Nouvelles de l’anti-monde, Robert Laffont, 1962, p. 72 (la nouvelle était parue isolément en 1956 et en anglais). Cette nouvelle a été adaptée au cinéma en 1958 par Kurt Neumann, puis en 1986 par David Cronenberg. En 2020, Christian Hecq et Valérie Lesort en proposent une adaptation théâtrale époustouflante que j’ai eu la chance de voir au théâtre des Bouffes du Nord ; très différente à la fois de la nouvelle et du film. La téléportation y est considérée sous l’angle de la vitesse :

« Alors que l’on n’avait réussi jusqu’à ce jour à transmettre dans l’espace que le son et les images, grâce à la radio et à la télévision, Bob affirmait avoir trouvé le moyen de transmettre la matière même. La matière – c’est-à-dire un corps solide – placée dans un appareil émetteur, se désintégrait subitement et se réintégrait instantanément dans un autre appareil récepteur.
« Bob considérait sa découverte comme peut-être bien la plus importante depuis celle de la roue. Il estimait que la transmission de la matière par désintégration-réintégration instantanée signifiait une révolution sans précédent pour l’évolution de l’homme. Cela équivaudrait à la fin des transports, non seulement des marchandises et des denrées périssables, mais aussi des êtres humains. Lui, l’homme pratique qui ne rêvait jamais, entrevoyait déjà le moment où il n’y aurait plus d’avions, de trains, de voitures, plus de routes ou de voies ferrées. Tout cela serait remplacé par des postes émetteurs-récepteurs dans tous les coins du monde. Voyageurs ou marchandises à expédier seraient simplement placés dans un poste émetteur, désintégrés et réintégrés presque instantanément dans le poste récepteur voulu.
« Mon mari eut quelques accrocs au début. Son poste récepteur n’était séparé de son poste que par un mur. Sa première expérience réussie fut faite avec un simple cendrier, un souvenir que nous avions rapporté d’un voyage en France.
« Il ne m’avait pas alors mise au courant de ses expériences et je ne compris pas tout d’abord ce qu’il voulait dire quand il m’apporta triomphalement le cendrier en disant :
— Anne, regardez ! Ce cendrier a été totalement désintégré pendant un dix millionième de seconde. À un moment, il n’existait plus ! Parti, plus rien, absolument plus rien ! Seulement des atomes voyageant à la vitesse de la lumière entre deux appareils ! Et l’instant d’après, les atomes s’étaient de nouveau rassemblés pour reformer ce cendrier ! »

 Parmi les films possibles sur ce thème, en dehors de ceux mentionnés en tête d’article, j’ai proposé à mes étudiants La Route du tabac (Tobacco Road) (1941), de John Ford ; Tout l’or du monde (1961) de René Clair, avec Bourvil qui interprète trois rôles, et La Nuit des morts-vivants (1968), de George A. Romero. On pourrait ajouter En vitesse (Speedy) (1928), un film muet américain réalisé par Ted Wilde, avec Harold Lloyd dans le rôle-titre. Ce film présente des scènes impressionnantes de course folle à travers New York en tramway à cheval.
 Voyez notre sujet de BTS « À toute vitesse ! » spécial coronavirus et les cours « Du cheval au cheval de fer et au cheval-vapeur » et deux articles sur musique & vitesse : 6 morceaux de la liste du Bulletin officiel sur le thème « À toute vitesse ! » & « De la Musique à toute vitesse ou à toute lenteur ».

Lionel Labosse


Voir en ligne : BTS : « À toute vitesse ! » sur le Bulletin officiel


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