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Notes de voyage au Japon (2019)

À la fois futuriste et rétrograde : le Japon (2/5)

Article 2 : Tatouages, jinrikisha, urbanisme & urbanité

samedi 30 novembre 2019, par Lionel Labosse

Après un premier chapitre intitulé « Pipi, caca, popo », nous parlerons dans ce chapitre II des tatouages, des jinrikisha, de l’urbanisme & de l’urbanité.

Tatouages

Historiquement, les tatouages ont longtemps été et sont encore l’apanage des terribles yakuza, les bandits mafieux japonais, avec la pratique traditionnelle de l’irezumi, tatouage intégral. Ils furent interdits sous l’ère Meiji, pour complaire aux étrangers, puis ré-autorisés après la défaite de 1945. Alors que les yakuzas sont en forte baisse, l’interdiction demeure fréquente dans les bains, et concerne bien sûr et surtout les étrangers (c’est si pratique !) même s’ils n’ont qu’un petit tatouage, car les Japonais sont très peu nombreux à être tatoués de façon visible, du fait de cet amalgame. Vous verrez ainsi parmi mes photos, une pancarte apposée à l’entrée des bains de la tour de télévision de Kyoto, déclarant en anglais cette phrase discriminatoire : « People related to a crime syndicate, and people with tattoos or under the influence of alcohol are strictly prohibited from using the facilities », ce qui assimile tout porteur de tatouage à un yakusa ou un alcoolique ! L’article de Wikipédia explique bien pourtant que justement pour passer inaperçus, certains yakuzas ne portent aucun tatouage (Wikipédia : « Plus de 68 % des yakuzas seraient tatoués »), donc 32 % peuvent fréquenter les onsen ; alors que 45 % ont pratiqué le yubitsume (section d’un doigt), ce qui serait plus facile à repérer, et permettrait d’éliminer les endurcis, sans exclure les touristes et les jeunes Japonais qui commencent à céder discrètement à cette mode occidentale que le Japon de jadis influença ! J’ai photographié à Kyoto une jeune femme qui avait sur la main un discret tatouage représentant la swastika (photo de vignette de l’article). Là c’est le contraire : ce modeste tatouage trop visible serait fort mal apprécié en Europe ! La délinquance semble absente au Japon, mais on relate des histoires de touristes drogué(e)s dans certains quartiers de Tokyo, et le Guide du Routard : Tokyo, Kyoto et environs, Japon pas cher ! édition 2018 nous prévient : « Dans les quartiers chauds de Tokyo, des flics déguisés en femmes se baladent à la recherche des voyous et voleurs. Perruques et jupettes font partie de l’uniforme. Arts martiaux pratiqués. Le plus difficile consiste à courir… en talons aiguilles » (p. 66). Étonnant Routard qui en 2018 ne s’interroge toujours pas sur la notion de « flics déguisés en femmes » dans un pays qui s’apprête à accueillir les JO, avec, que je le sache, des épreuves d’arts martiaux masculines ET féminines. Alors quid des agents de police femmes pratiquant les arts martiaux ? Routard, ringard !
Organisateur de la coupe du monde de rugby en 2019, puis des Jeux olympiques en 2020, le Japon a exceptionnellement, si l’on en croit cet article du Figaro, accepté de fermer les yeux sur les rugbymen truands et supporters venus du monde entier, du moment que pendant les entrainements ils acceptent de cacher leurs tatouages. On croit rêver ! Passer une heure par jour à se cacher les tatouages, et s’entraîner avec des bandes sur la peau, quelle idée géniale pour déstabiliser l’adversaire. À mon avis les nippons vont gagner la coupe et se venger des judokates françaises qui ont explosé les Japonaises lors des mondiaux de judo début septembre (dojo climatisé, sans doute). Quand on voit le scandale provoqué en septembre 2019 par l’attribution des championnats du monde d’athlétisme à Doha (écoutez ce qu’en dit le sublimissime Kévin Mayer (Kévin, pourquoi ne réponds-tu pas à mes textos ?) on peut se poser des questions sur les dessous de table qui permettent ces attributions. Les JO 2020 auront lieu au cœur de l’été au Japon, c’est-à-dire dans des conditions climatiques insupportables, comme à Doha. Qui a décidé de cela ? Avec quelle implication des yakuzas ? Et vont-ils recommencer le même cirque avec les tatouages ? Obliger les marathoniens à courir non seulement sous une température caniculaire et une touffeur insupportable, et à s’entraîner avec des bandes sur la peau par ce climat ? Il y a des coups de pied au cul qui se perdent.
À peine avais-je écrit des lignes, que la nouvelle tombait (enfin) : le marathon et la marche seront délocalisés à Sapporo, et peut-être d’autres épreuves. Le rapport sur le climat en été au Japon était resté caché jusque-là sous une pile de billets de banque ! Mais la décision tombe un peu tard : en effet, nous avons croisé à l’aéroport des athlètes venus s’entraîner au Japon un an avant, pour s’imprégner du climat des JO. Avec cette décision tardive, va-t-on indemniser les marathoniens & marcheurs qui, aux frais de leur fédération, sont venue s’entraîner en août à Tokyo pour rien ? Tout cela ne fait que favoriser les athlètes japonais, qui peuvent s’habituer à moindre frais au climat de leur future épreuve.
C’est une des contradictions du Japon d’être rétrograde sur le point du tatouage, et c’est d’autant plus étonnant que ce pays est en pointe sur une partie des arts graphiques, avec les fameuses estampes japonaises ainsi que les mangas. Un autre interdit que l’on constate, même si j’ignore s’il s’agit d’un interdit formel, est celui des peintures murales, totalement absentes du Japon, alors qu’elles fleurissent en Corée du Sud ou en Europe [1]. La propreté c’est bien, mais le passéisme et la censure, c’est trop. Et puis quelle meilleure façon de marginaliser les yakusas que de banaliser les tatouages ? Cela dit, en France, nous avons le même paradoxe, enfin nos politicards, de persister à interdire le cannabis, alors que tous les rapports démontrent preuves irréfutables à l’appui que c’est absurde, coûteux et contreproductif. Mais aucun yakuza en France, c’est bien connu, ne glisse des rouleaux de billets dans la poche d’aucun politique… Gustave Goudareau relate une anecdote significative de cet état d’esprit : lors de son voyage, il ne trouva brusquement plus de belles pommes cultivées au Japon sur des arbres importés d’Europe. C’est que le choléra sévissait, forcément d’origine étrangère, et qu’ordre avait été donné d’abattre tous les arbres de ce fruit importé, en laissant prospérer la variété indigène, rabougrie (Le Voyage au Japon, p. 485).

Jinrikisha

Jinrikisha à Asakusa (Tokyo).
© Lionel Labosse

Parmi les autres traditions ancestrales qui perdurent au Japon, figure étonnamment celle du pousse-pousse, qui sous le nom de jinrikisha est une invention… japonaise, eh oui ! Dans Le Voyage au Japon (p. 259), Patrick Bellevaire nous apprend que « Jusqu’à l’arrivée des étrangers, la voiture à roue était inconnue au Japon. C’est en 1869, dit-on, que fit son apparition le jinrikisha, ou « roue mue par la force humaine », terme devenu en anglais rickshaw et improprement traduit par « pousse-pousse », puisqu’il s’agit au contraire d’un véhicule que l’on tire ». Comme vous peut-être j’étais persuadé que c’était un truc indien, chinois ou philippin, mais que nenni ! Et nos amis nippons se forgent des mollets d’acier à perpétuer cette tradition. Ce sont de charmants garçons la plupart du temps, plus rarement des filles, qui sous une chaleur accablante, trottinent en vous tirant sur ces drôles de petites machines. Évidemment cela entraîne des essaims de discours culpabilisants, mais il ne faut pas exagérer, dans ce pays hyper-développé, si cette tradition perdure, aucun immigré n’est exploité, seulement de jeunes nippons qui trouvent sans doute que leur honneur en est moins écorné que de se faire esclave de Uber ou autres. Ils ont un vêtement spécial, une sorte de culotte moulante très sexy, faite sans doute pour absorber les torrents de sueur qu’engendre cet exercice surhumain.
« […] le mode de transport le plus employé est le djinriksha, petit cabriolet minuscule suspendu et légèrement construit qu’un homme traîne au petit trot. […] ils filent rapidement en murmurant aux passants qu’ils dérangent un go-men-nassai – pardon ! Jadis, ces coureurs étalaient des torses nus et couverts de magnifiques tatouages ; aujourd’hui, la police les force à se vêtir d’une méchante veste de calicot bleu, bien vite baignée d’une sueur qui se refroidit sur leurs épaules ; aussi les fluxions de poitrine font-elles parmi eux des ravages effrayants. Le fundoshi qu’ils s’enroulaient autour de la ceinture était cependant suffisant pour des moralistes ordinaires, mais la pudeur britannique en a jugé autrement » (Le Voyage au Japon, Georges Bousquet, p. 146).
« Quels hommes, par exemple, que ces porteurs de kango ! Les miens étaient trois, l’un d’eux se reposant et relayant les autres tour à tour. Ils ont fait dix lieues par un affreux chemin, risquant de tomber sur le front à la montée, de se briser les reins à la descente, les pieds chaussés de sandales et nus dans la neige, tantôt suant, tantôt grelottant, et pour tant de peine ils me demandent pour eux trois la valeur de dix francs. Je leur en donne quinze, à leur grande stupéfaction ; voilà de quoi vivre pendant un mois. Ayant peu de besoins, pouvant y suffire, contents, joyeux même, d’humeur égale, ils représentent certainement, sous une enveloppe un peu rude, la partie la plus saine de la population. Jusque dans cette classe du peuple, la politesse est exquise. Je n’ai pas entendu une seule discussion sur le moment de relayer ; le remplaçant se trompait-il, allant s’offrir devant quand c’était le tour de l’arrière, un simple « ce n’est pas mon tour » le prévenait, accompagné d’un éclat de rire, car le rire est l’état habituel du Japonais. En route, on ne rencontre pas un individu qui ne vous salue d’un mot aimable et ne soit prêt à vous rendre mille petits services. On entre, bon accueil ; on part, salut amical : jamais une rixe, jamais un geste violent » (Le Voyage au Japon, Georges Bousquet, p. 557).
« Mais que dites-vous de cette manière de voyager en cabriolet, traîné par des hommes au trot ? Serez-vous de ceux qui crient à la barbarie en apprenant qu’il est d’usage de se faire voiturer ainsi pour des excursions de plusieurs semaines, comme celle qui va nous conduire par monts et par vaux d’une extrémité du Japon à l’autre, aller et retour ? Ou bien admirerez-vous avec nous nos infatigables et gais coureurs qui nous ont déjà fait franchir jusqu’à soixante-cinq kilomètres en une journée ? » […] « Tandis qu’on nous présente la tassette habituelle, ils lavent au courant des fontaines leurs membres nus admirablement musclés, avalent quelques coupes de riz et quelques gorgées rafraîchissantes, puis repartent en avant plus dispos que jamais. Vêtus tout au plus d’une légère veste de coutil, les reins entourés du fundoshi, les pieds munis de sandales de paille, le front ceint d’un linge plié en bandeau ou couvert d’un vaste chapeau de bambou en forme de bouclier, ils tirent avec ardeur aux montées, retiennent prudemment aux descentes, toujours enjoués et satisfaits, plaisantant entre eux et riant avec nous sans jamais se départir de leur politesse naturelle, de leurs saluts et remerciements. Arrivés au but, dans l’hôtellerie de quelque bourg, ils s’arrêtent sans être essoufflés, comme si la course achevée était sur le point de commencer, et tout prêts à nous rendre mille services avant de songer à se reposer. Pourquoi ne seraient-ils pas aussi heureux qu’ils le paraissent ?
Pendant qu’Ito, en cuisinier expérimenté, prépare nos repas mi-européens mi-japonais, nous nous prélassons sur la surface des nattes moelleuses, et jetons bas nos vêtements habituels pour endosser des kimono à ramages, et enfiler des tabi bleues ou blanches (chaussettes à deux compartiments, l’un pour le gros orteil, l’autre pour les quatre doigts.) » (Le Voyage au Japon, Hugues Krafft, p. 282-283). Du même Krafft : « Kin est, avec un autre coureur de notre bande, le seul homme tatoué que nous ayons autour de nous. Chacun sait que le tatouage décoratif a joué un grand rôle dans la classe populaire, et en particulier chez les betto (les saïs du Japon) qui, courant en avant des chevaux avec le fundoshi pour unique vêtement, mettaient beaucoup d’orgueil à exhiber sur leur chair une espèce de maillot indélébile. Actuellement l’obligation du costume sur la voie publique, et la prohibition directe du gouvernement à l’égard du tatouage, ont à peu près tué cet art curieux, de sorte que, selon toute probabilité, le talent de dessinateur sur peau humaine sera de moins en moins transmis aux générations futures » (p. 316).
« En passant sur le grand pont du fleuve, j’ai commencé par voir d’aimables Japonais, qui, pour avoir plus frais, la chaleur étant accablante, retroussaient dignement leurs kimonos jusqu’à leurs reins. Et la police, tout aussi dignement, les faisait circuler, non par pudeur, puisque leurs tatouages leur tenaient lieu de culotte, mais par simple précaution, de peur que le pont ne s’écroulât si la foule s’y amassait » (Le Voyage au Japon, Charles Pettit, p. 146).
« Ces bettos, sorte de palefreniers, sont d’une légèreté et d’une vigueur surprenantes […] Tous sont remarquablement tatoués ; une divinité guerrière à l’aspect effrayant, un serpent gigantesque ou quelque monstre fantastique, tels sont les sujets qu’ils se gravent le plus volontiers dans les chairs, et c’est d’ailleurs, avec l’inséparable fundoshi, leur seul vêtement dès qu’ils ont quitté les villes ouvertes où les Anglais ont réussi à leur imposer un costume plus complet. Mais, à une heure aussi matinale, notre betto se jugeait affranchi de toute contrainte » (Le Voyage au Japon, Alfred Houette, p. 262).

Urbanisme, urbanité

Urbanisme, urbanité et propreté sont liés. Quand il y a des règles, là-bas, figurez-vous qu’elles sont respectées ! Il est rare de voir quelqu’un traverser une rue si les feux ne l’y invitent pas, ou alors c’est la nuit dans une rue étroite, et encore ! Et on attend longtemps, car par exemple à un carrefour, il y a trois étapes de priorité : les voitures circulant nord-sud ; celles circulant est-ouest, et enfin les piétons en tous sens, y compris en diagonale comme au fameux carrefour de Shibuya, qui est loin d’être unique dans le pays, mais constitue une attraction : on va boire un verre en hauteur et on paie un droit pour photographier ce carrefour ! Cela a ses inconvénients : il est très difficile de faire un jogging sans passer plus de temps à l’arrêt qu’en mouvement. À Paris, on arrive toujours, pour peu que ce soit un dimanche ou aux heures creuses et pas à l’hypercentre, à courir presque sans arrêt, mais au Japon, il faut connaître un parc qui s’y prête. Un ami s’est fait rappeler à l’ordre parce qu’il avait choisi un parc pour son jogging, qui était en réalité un temple. Je suppose que c’était le sanctuaire Meiji-jingū. Quelle idée de courir en un temple ! Voilà encore un objet d’étonnement que ce parc, et ce n’est pas un cas isolé dans le pays : en pleine ville (c’est au sud-ouest de Tokyo), vous passez un portique de parc, et vous voilà dans une forêt, avec des arbres immenses, à tel point que vous croiriez à une forêt tropicale, mais non, on est en zone tempérée. Dans ce parc, malheureusement, ces espaces magnifiques sont pour la plus grande partie, interdits aux piétons, car c’est un temple. C’est une des absurdités du Japon, revers de sa médaille. À l’entrée dudit temple, de part et d’autre du chemin, on a érigé deux murs de barriques des meilleurs vins de Bourgogne, et des meilleurs sakés du Japon ! Il s’agissait au départ pour l’empereur d’encourager la découverte des meilleurs bienfaits de l’Occident ! Pendant la rédaction du présent article, je lis dans Paysages en mouvement de Marc Desportes : « À la plénitude de l’espace mineur s’opposent les interstices, les délaissés créés par les aménagements majeurs. Le chemin de fer avait donné l’exemple de tels vides. L’autoroute les multiplie : milieux d’un échangeur, biseaux entre deux bretelles, dessous de viaduc, sortes de « creux » de l’espace autoroutier. Le sentiment de panique, voire de déréliction, qu’éprouve à certains instants le sujet s’explique alors. C’est en fait la réaction émotionnelle du sujet face au vide laissé par la pensée technique » (p. 332). Eh bien ces « creux » n’existent pas au Japon, parce que les architectes japonais, les mêmes sans doute, qui savent que l’homme fait caca, savent qu’un dessus a un dessous. Voyez mes photos. Les tabliers de pont sont propres et nets. Allez simplement jeter un œil Porte de la Chapelle à Paris où croupissent les « migrants » sous le viaduc de l’autoroute A1 qui rejoint le périphérique, allez voir les dessous de métro aérien, et vous comprendrez le décalage ! En France, on attend que dealers ou « migrants » aient pris possession des lieux pour improviser une solution bancale & coûteuse afin d’attirer un autre public. Il y a une vingtaine d’années, quand la place Stalingrad était infestée de dealers, on y installa… un manège pour enfants ! De même près de chez moi, place de Torcy, assaillie de clodos avinés : manège ! Au Japon, tous les aménagements sont prévus dans un projet d’urbanisme, et ce sont des parcours de santé, des garages à vélos payants en hauteur, des lieux propres pour le dépôt des ordures, petites armoires ou habitacles, etc. Propres. En visitant l’immense et sublime gare de Kyoto, je me rappelle avoir vu une rambarde où s’accumulaient des crottes de pigeon, mais cela m’a fait réaliser que justement partout ailleurs il n’y en avait pas. Ce détail avait dû échapper à l’architecte, qui s’est sans doute fait hara-kiri pour cette impardonnable négligence ! La non moins sublime gare de Kanazawa, remarquable surtout à son portique alliant le traditionnel et le moderne, symbolisant des tambours traditionnels (Tsuzumi) était également rutilante, et ce portique dépoussiéré au plumeau pendant que nous poirotions devant !

Gare de Kanazawa, portique symbolisant les tambours traditionnels (Tsuzumi).
© Lionel Labosse

La circulation des vélos obéit également à des règles déroutantes pour un Européen, que je n’ai pas réussi à comprendre. À Tokyo, très souvent, ils circulaient – et sans bousculer les piétons – sur les trottoirs pourtant bondés, alors que les rues étaient loin d’être saturées. C’est d’ailleurs une caractéristique du Japon : même dans les grandes villes, il n’y a pas trop de circulation. Je suppose qu’on le doit à la densité du réseau des transports publics et à leur régularité, alliés peut-être à la cherté du carburant et à la rareté des places de stationnement. Mais dans d’autres villes, j’ai vu les vélos circuler sur la chaussée. Allez savoir pourquoi ? En revanche, il est inconcevable de garer un vélo n’importe où. On utilise exclusivement des garages suspendus et payants. Dans le même ordre d’esprit un peu excessif, la trottinette et même le roller semblent totalement absents, du moins je n’en ai pas vu un seul. Sont-ils interdits ? À noter que pour une raison qui m’est inconnue, à Osaka, pourtant très proche de Kyoto, les gens d’une part parlent fort en public, d’autre part, se positionnent sur les escalators du côté opposé au reste du pays. Les Osakiens sont un peu les méridionaux du Japon. Peuvent pas faire comme tout le monde ? Pourtant, dans les villes, malgré une espérance de vie la plus élevée au monde (voir Liste des pays par espérance de vie) et la population la plus vieillissante au monde, j’ai remarqué l’absence de vieillards dans les rues. Ils risquent moins de s’y faire bousculer qu’en France, mais ne s’y risquent pas. Cela nous mène au sujet suivant. Parlons un peu des jeunes en attendant. On est aux antipodes des comportements grégaires de la jeunesse européenne. Le maximum d’excentricité pour un jeune au Japon est de se vêtir de façon traditionnelle, ce qui souvent se limite à un vêtement du genre kimono, des geta (socques traditionnelles) et une teinture de cheveux inhabituelle, et de s’exhiber dans certains quartiers, où ils se font photographier par les passants à grand renfort d’éclats de rire & sourires (notamment dans la très tendance rue Takeshita (Takeshita-dōri)). Cela change du comportement des jeunes mâles crétins d’origines ethniques variées qui constituent la djeunesse française, dont le maître mot n’est que provocation, et qui n’ont que l’insulte aux lèvres dès que vous avez le malheur de faire traîner sur leur crétinerie un regard de plus d’un quart de seconde. Voyez ces jeunes sauvageonnes posant le long de la rivière Sumida.

Jeunes femmes en promenade dominicale au fil de la rivière Sumida.
Une jeunesse rebelle.
© Lionel Labosse

À mon retour, il n’était bec dans les milieux autorisés de l’art, que de la mise en scène de Clément Cogitore pour les Indes galantes de Rameau à l’Opéra de Paris. C’est beau à pleurer, me texta l’amie Marie-Jo. Hélas ! Comment peut-on courir à l’exhibition d’une des facettes les plus éclatantes de la dégradation de notre société ? Imaginez ce qu’un spectateur issu du Japon comme un Usbek des temps modernes pourrait écrire à ses amis restés au pays après avoir assisté à un tel spectacle ! Mais peut-être suis-je devenu un vieux con ?
Voici un commentaire sur la mode occidentale adoptée par les Japonais au XIXe : « Le Japon, c’est le royaume du grotesque. Ne pouvait-on laisser ce grotesque à l’art qui en a tiré le parti que l’on sait ? Il est triste de voir les premiers caricaturistes de la terre devenir eux-mêmes des sujets à caricatures…
En quittant mon amazone, je me rendis à Tokyo, la nouvelle capitale, où je débarquai du train à l’heure de la sortie des bureaucrates ministériels — une armée. Ces malheureux sont forcés, à partir d’un certain chiffre d’appointements, de se costumer comme les nôtres et, lamentables, semblent revenir d’un décrochez-moi-ça qui n’est pas au coin du quai ! Les commis subalternes, pour qui le complet et le gibus seraient trop coûteux, gardent la robe nationale si élégamment commode, les sandales et le classique parasol, mais, tondus ras comme nos conscrits, et affreux de la sorte, se coiffent d’un odieux chapeau melon et portent des gants blancs en filoselle, à l’instar des tourlourous endimanchés ! » (Le Voyage au Japon, Paul Bonnetain, p. 719). À noter que Paul Bonnetain est l’auteur de Charlot s’amuse (1883), un roman qui fit scandale, qualifié, je cite, d’« étude sur la masturbation ».
Le comportement modèle du Japonais n’a pas toujours été de mise, comme le note le juriste Georges Appert qui, ayant appris le japonais, partit seul en excursion dans l’arrière-pays : « Il m’était aisé de prévoir que le bruit et la vermine m’empêcheraient de dormir. Toutes mes prévisions furent dépassées. Les habitants des chambres voisines, réunis par les hasards du voyage, avaient commencé par faire assaut de compliments et de politesses. On avait mangé, et causé, et bu de compagnie. Peu à peu la fête s’était animée ; la gaîté allait croissant, si bien que vers minuit c’était un concert de cris et de rires : au demeurant, un tapage épouvantable. Le voyageur japonais est impitoyable pour ses voisins. On s’explique mal cette indifférence du repos d’autrui chez des gens qui passent, à juste titre, pour être, en toutes circonstances, d’une politesse raffinée. À travers les minces cloisons qui séparent les chambres, le moindre bruit est perçu de l’une dans l’autre. Cependant il semble qu’en vertu d’une convention tacite, ou d’une fiction, chacun se considère chez lui comme parfaitement isolé. Je dois dire que jamais un Japonais, fût-il malade, ne réclame ou ne fait réclamer le silence. Pour ma part j’ai toujours pris exemple de cette tolérance, convaincu qu’il faut s’accommoder aux coutumes bonnes ou fâcheuses des pays qu’on traverse » (Le Voyage au Japon, Georges Appert, p. 322).
« S’il y a peu de vie de famille au Japon, il y a peut-être moins encore de vie de société. Polis et courtois jusqu’au raffinement, les Japonais n’ont guère entre eux que des relations d’affaires. Les hommes se voient parce qu’ils y ont intérêt ; mais, sauf bien entendu les visites d’étiquette, les visites de cérémonie à telle ou telle occasion, dans telle ou telle circonstance de la vie, on ne se voit pas pour le plaisir de se voir. La situation faite aux femmes empêche les relations de société proprement dites en ôtant à la conversation l’un de ses principaux éléments. Il en est au Japon, sur ce point, comme en Turquie et dans les pays musulmans, où l’existence du harem rend impossible le salon. Les seules réunions connues des Japonais sont celles des maisons de thé, — que nous appellerions cafés, — et qui trop souvent ne sont que de mauvais lieux ; cependant on a tort de généraliser, et nombre de ces maisons de thé tant décriées ne valent ni plus ni moins que nos cabarets et nos estaminets » (Le Voyage au Japon, Arthur de Claparède, p. 667).
« Nul ne peut être au-dessus de Mikado, nul ne doit le dominer et les spectateurs doivent être placés toujours en contrebas. Les appareils photographiques sont aussi sévèrement interdits. Ces prescriptions ne vont pas sans quelque mécontentement de la part des touristes qui veulent engager des discussions avec les policiers : mais les gérants des hôtels interviennent fournissant les explications nécessaires, calmant les grincheux, apaisant les autorités, et tout s’arrange » (Le Voyage au Japon, Henri Turot, p. 860).
« La condition humiliée de la femme dans la société japonaise, son état de subordination absolue vis-à-vis du mari, sont, à mon avis, les causes réelles de l’infériorité de ce peuple comparé aux nations latines et saxonnes. Le progrès l’intéresse ; il l’accepte avec empressement et opère d’audacieuses transformations. Il s’est débarrassé, comme d’un manteau trop lourd, de la féodalité militaire ; il a relégué au magasin des antiques la plupart des préjugés qui avaient pour se défendre près de vingt siècles de domination. Il a ouvert ses ports, ses villes, et sillonné son territoire de lignes ferrées. Lui qui vivait isolé dans son archipel connaît maintenant le monde entier où, ambitieux de notoriété, il promène son pavillon. Il s’est modernisé et en montre quelque fierté. Mais il est un point sur lequel le Japonais n’a pas voulu transiger : la femme reste toujours l’être passif dont il dispose arbitrairement, et, avec opiniâtreté, il a repoussé tout projet de constitution régulière de la famille. C’est par là surtout qu’il témoigne du caractère superficiel de sa modernisation. Qu’il le veuille ou non, le Japon, en s’opposant à l’émancipation de la femme, demeure un État arriéré, rétrograde, réfractaire au progrès dans le sens élevé qu’il faut attacher à ce mot. Il porte encore la chaîne infrangible qui retient au rivage le bâtiment sous pression qu’on voudrait lancer à toute vapeur vers la pleine mer. Bien des années s’écouleront encore avant qu’il comprenne la faute que lui fait commettre son attachement aveugle à des mœurs surannées » (Le Voyage au Japon, Jean Dhasp, p. 676).
« En tout cas, un Japonais ne doit jamais, même dans les circonstances les plus exceptionnelles, manifester en public les sentiments amoureux qu’il peut ressentir pour une femme ou pour sa femme. Cela serait considéré comme un ridicule, une niaiserie indigne d’un homme, une inconvenance sans nom, une lâcheté. Il doit rester souriant, impassible, impénétrable, même s’il souffre, et ne rien laisser deviner de ses affections et de ses afflictions » […] « La misérable condition dans laquelle a végété jusqu’à présent la femme japonaise serait donc un des éléments, et peut-être le principal élément, de la grandeur du Japon. Dans une société où les femmes sont restées des femmes, l’autre sexe a conservé toutes les énergies masculines. C’est précisément ce qu’ont répondu les chefs de l’école bouddhique, à Chamberlain, quand il parut protester contre la condition inférieure imposée à la femme dans l’ancien et dans le moderne Japon : « La subordination des femmes envers les hommes est une coutume extrêmement correcte. La préséance de l’homme sur la femme est la grande loi du ciel et de la terre. Ignorer cela et soutenir le contraire, c’est être absurde. »
Ce n’est point avant longtemps que la pauvre petite Japonaise remportera une définitive victoire sur les doctrines de Confucius et sur les enseignements bouddhiques qui s’accordent à dire que la femme n’est qu’une « tentation, un piège, une créature malpropre, un être de perfidie et de perdition, une chose inférieure, un obstacle à la paix et au bonheur » (Le Voyage au Japon, Ludovic Naudeau, p. 693-695).
« Le dédain que certains Japonais affichent pour leurs petites épouses est prodigieux : j’ai vu de riches Japonais s’installer confortablement dans des wagons de première classe en laissant à leurs femmes le soin de trouver une place en troisième ! Ils devaient même regretter qu’il n’y ait pas de wagons à femmes comme il y a en Europe des wagons à chiens. En tous cas, il est de règle absolue, dans la société japonaise, aussi bien dans l’aristocratie que dans le peuple, de ne jamais manifester la moindre émotion vis-à-vis d’une femme. J’ai assisté à plusieurs départs de troupes pour la guerre ; la discipline était tellement parfaite qu’on pouvait laisser la foule se mélanger aux soldats sur les quais de la gare sans qu’aucun désordre ne s’ensuivît. Or, tous, officiers, sous-officiers et soldats, saluaient les hommes, parents ou amis, et leur disaient adieu, peut-être pour toujours, tandis qu’ils affectaient de ne point s’apercevoir de la présence des femmes. Et pourtant, il y avait là leurs mères, leurs femmes, leurs sœurs et leurs filles.

Women only : enfin tranquilles !
© Lionel Labosse

Ces pauvres femmes se contenaient pour ne pas pleurer, c’était pitié à voir ; mais elles gardaient le calme et le silence qu’exigeaient les fières traditions du passé : les femmes ne doivent pas pleurer au départ des guerriers, mais se contenter de les admirer respectueusement » (Le Voyage au Japon, Charles Pettit, p. 697). Plus loin, le même auteur évoque la « makura » « infâme petit oreiller de bois », que les femmes utilisent pour isoler du sol leur chevelure travaillée (p. 702). Il s’amuse à expliquer comment les étrangers sont incapables de plaire à des geishas : « Comme leurs gestes sont brutaux et leurs manières disgracieuses. Sans cesse en train de bouger, ce qui est le comble de l’impolitesse au Japon, ils remuent constamment leur buste et n’ont même pas la pudeur de s’excuser quand, grossièrement, ils étendent brusquement en avant une jambe qui devrait rester repliée sous eux. Hélas ! les malheureux, ils ne savent probablement pas comment se dit « crampe », en japonais ; et, d’ailleurs, ce mot existe-t-il chez un peuple qui, n’ayant pas de meubles, a su habituer ses muscles à rester souples dans toutes les positions ? » (p. 704). Et lorsqu’il visite une prison de femme, le même auteur d’ajouter :
« La femme japonaise est habituée à l’esclavage, qu’elle trouve tout naturel, sinon agréable. Elle sait qu’elle est mise au monde pour obéir passivement. Prisonnière, elle préfère peut-être sa gardienne à un maître d’usine ou à un patron de maison de thé. Il faut remarquer que si l’on met en prison quelques femmes, ce n’est que pour imiter l’Europe. Les seuls crimes qu’elles commettent sont l’infanticide ou l’avortement, crimes que la morale asiatique ne réprouve guère. Il n’y a pas d’exemple qu’une femme japonaise ait commis un crime violent.
Jamais la jalousie n’arme sa main, si ce n’est parfois contre elle-même et encore bien rarement. Quant aux délits qu’elle peut commettre, c’est plutôt par inconscience, car on peut dire de la femme japonaise qu’elle n’est pas immorale ; elle est amorale » (Le Voyage au Japon, Charles Pettit, p. 894).
« Autrefois, comme le nombre des épouses était ordinairement proportionné à la richesse de l’individu, on louait des femmes en habits de cérémonie, pour les faire assister aux funérailles, afin d’accroître ainsi l’apparente opulence du défunt.
Ses véritables épouses se montraient à son enterrement dans leurs plus beaux atours ; car, sachant bien que, le soir même, les héritiers les congédieraient, pour n’avoir pas à les nourrir, elles s’efforçaient, durant le trajet, de faire une nouvelle conquête, afin de ne pas se trouver sans asile.
On voit combien on était loin des temps barbares où les femmes s’immolaient sur la fosse de leur maître. Au surplus, nous ne sommes pas ici dans les forêts de l’antique Germanie » (Le Voyage au Japon, Georges Bruley des Varannes, p. 776).
Revenons à nos moutons de l’urbanisme. On évoque souvent les quartiers célèbres de Shinjuku et Shibuya à Tokyo, qui la nuit sont une forêt d’enseignes lumineuses, ainsi que le quartier branché d’Osaka avec sa célèbre enseigne à l’effigie du confiseur Ezaki Glico. Effectivement, il y a un monde fou, mais dès qu’on marche un peu, on trouve des rues plus calmes, bordées de constructions à deux étages. On trouve aussi des hôtels qui louent des chambres à l’heure ! Mais ce n’est pas forcément pour ce que vous croyez. Vue l’étendue de la mégapole, il est parfois bienvenu de trouver un endroit où se reposer deux heures plutôt que de rentrer chez soi avant de ressortir. Kyoto, qui est très étendue, vous a des airs de bourgade de province car l’architecture y est beaucoup plus uniforme qu’à Tokyo où les gratte-ciels alternent avec les maisons. Vue depuis la gare, la tour de télévision (qui date de 1964) règne en bergère sur le calme troupeau de la ville. Le long des voies de chemin de fer ou au centre des villes, j’ai remarqué beaucoup de grands immeubles d’habitation, et la plupart disposaient de balcons pour chaque appartement, chose rare en Europe où des technocrates nous imposent des meurtrières en guise de fenêtres et l’absence de balcon selon un principe idiot d’économie d’énergie (moins d’ouvertures, moins d’entrée pour le froid). Je me suis écarté des lieux touristiques tokyoïtes pour visiter la Cathédrale Sainte-Marie de Tokyo, œuvre de Kenzō Tange (1961). Bel édifice en voile de béton banché à l’intérieur, qui rappelle l’influence de Le Corbusier. Le quartier environnant, bien que l’on soit encore dans le centre de Tokyo (à l’intérieur de la ceinture du métro de JR), est constitué principalement de maisons de 2 étages ; tout est calme et bien emménagé, avec terrain de sport, parcours de santé sous la voie surélevée, petit cimetière, etc. Il s’agit d’ailleurs d’un des rares quartiers pentus du centre. Cela me rappelle une page du volume de Bouquins : « Vu de la colline de Kanda, Tokyo apparaît comme un immense village, une agglomération confuse et plate, où se distinguent à peine quelques bâtiments de pierre ou de brique de la ville nouvelle, et que dominent seulement l’imposante Cathédrale Russe, reine de la Cité, et en arrière, dans un mirage de fumée, les minces cheminées de tôle des faubourgs industriels » (Le Voyage au Japon, Georges Weurlesse, p. 151). Pour certains (voir « Tokyo : un monstre tranquille », la ville ne serait pas si suffocante que cela, et selon l’article environnement au Japon, Tokyo « bénéficie de l’air le plus propre des grandes villes d’Asie ».
J’ignore pourquoi on trouve souvent dans une gare, un marché, ou au coin d’une rue, un gros bloc de glace qui fond durant la journée, et qui amuse les enfants. Les enfants sont incroyablement calmes au Japon, comme le remarquait jadis un de nos voyageurs : « Gras, ronds, potelés, avec de grands yeux noirs étonnés et souriants, la tête rasée avec ici et là une petite mèche ornementatrice, ils sont charmants, délicieux, les petits bébés japonais. On dirait de ravissantes poupées, des poupées habillées pour un bal costumé. Ce sont les enfants les plus heureux du monde. Nés dans un pays où la colère est pour ainsi dire inconnue, où la douceur, la politesse, les bonnes manières sont, avec le courage, les qualités les plus admirées, ils ne sont jamais grondés, jamais bourrés, jamais battus et jamais, jamais leurs parents ne s’abaisseraient jusqu’à les injurier. Eux-mêmes ont le caractère facile ; ils ne sont ni pleureurs, ni méchants, ni rageurs ; mordre, égratigner ou lancer de furieux coups de pieds ne leur viendrait jamais à l’idée — ils sont la patience, la tranquillité, la sagesse personnifiées » […] « Quand un enfant pleure, on ne le berce pas, on ne le promène pas, on ne lui crie pas de se taire, on ne le secoue pas, on le laisse simplement pleurer et il en perd de lui-même le goût et l’habitude. Rien ne le gênant et personne ne l’ennuyant, il n’a au reste que peu de raisons de pleurer » (Le Voyage au Japon, Amédée Baillot de Guerville, pp. 707-709).

 Et voilà pour le chapitre 2. Rendez-vous maintenant au chapitre 3 : « Transports, vieillissement, musées, histoire ».

Lionel Labosse


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[1En région parisienne, je me permets de signaler plusieurs fresques magnifiques dans un endroit peu touristique (là où je fais mon jogging), le quai sud du canal Saint-Denis, entre le périphérique et le pont de l’A 86 ; il y en a aussi sur le canal de l’Ourcq, comme la magnifique geisha de Finbarr de la passerelle Delizy.