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Yannick Barbe : un militant tellement courageux

Pissotières ou jarretière, faut-il choisir ?

Pour un débat démocratique

samedi 8 décembre 2012

Suite à la parution de mon essai Le Contrat universel : au-delà du « mariage gay », j’ai été auditionné le 10 octobre par cinq députés UMP (voir cet article), en compagnie de trois représentants du monde associatif gay unanimement demandeurs du « mariage gay ». J’ai donc eu l’occasion, grâce à ces députés de droite qui nous donnent une leçon de démocratie, de rencontrer enfin ces messieurs-dames, qui parlent en mon nom et boycottent mon ouvrage et les idées que je représente. Les députés de droite, d’ailleurs, ne sont pas innocents. Ils vont jouer leur rôle conservateur dans le débat, bien sûr, mais se réjouissent au fond de voir la communauté homosexuelle communier dans le saint Calice du mariage, qui est l’antichambre de la droite. Or je découvre avec quelques jours de retard que Libé, qui, comme Têtu, comme toutes les télévisions sans exception, bref comme tous les médias sauf Le Monde, France Inter et France Culture, ainsi que le modeste gratuit gay Qweek, n’a pas encore estimé utile de parler de ce livre, a enfin donné la parole à un autre intellectuel gay défavorable au « mariage gay » ! Quel plaisir de n’être plus seul [1]. Alors que depuis des mois et des mois, les médias ne cessent d’organiser des débats caricaturaux sur le sujet, avec d’un côté des lobbyistes univoques qui ne représentent pas la diversité des opinions altersexuelles, et de l’autre, des opposants monolithiquement néolithiques, au chapelet entre les dents, j’ai l’impression qu’on entre enfin dans le débat. Je me disais : mais s’ils sont tellement persuadé-e-s d’avoir raison, ces pauvres-se-s petit-e-s chéri-e-s « souffrant-e-s, dans l’ombre », que ne répondent-ils à mes arguments en les ridiculisant par quelque période bien sonnante ; que ne m’invitent-ils à une de leurs thé-parties entre copains, pour me confondre à 15 contre un ? Que ne m’escarmouchent-ils lors d’un débat télévisé pour que mes arguments si ridicules s’effondrent comme château de cartes ? Auraient-ils peur d’un pilier de pissotière ? Peut-être était-ce par commisération, pour ne pas se battre contre un homme seul ? Chic, nous sommes deux maintenant, alors on l’engage ce com, pardon, ce débat ? [2]
Voici une réponse à Yannick Barbe (dont le site Yagg.com, cela va sans dire, n’a jamais dit un traître mot du modeste travail militant que j’ai mené dans l’Éducation, ni de mes cinq livres publiés, ni du néologisme « altersexualité » que j’ai importé en France, ni de mes positions divergentes sur le « mariage gay » [3]). [4]

Benoît Duteurtre, qui avait déjà publié dans Libération le 2 juin 2004 une tribune intitulée « Noce gay pour petits-bourgeois », a récidivé avec à peu près les mêmes arguments le 5 octobre 2012 (« Pourquoi les hétéros veulent-ils marier les homos ? »]), ce qui nous a valu une volée de bois vert de Yannick Barbe, rédacteur en chef de Yagg.com, qui, dans une tribune du 10 octobre (« M. Duteurtre, gardez votre placard ! »), le renvoie avec élégance à une, je cite, « nostalgie romantique pour les pissotières ». Puis Yannick Barbe nous ressert l’éternelle tarte à la crème de l’« égalité », dont les gays et lesbiennes qui ont voix au chapitre de l’aristocratie militante nous rebattent effectivement les oreilles depuis des lustres [5]. L’un des arguments de Yannick Barbe, qui n’évoque pas le fond du problème mais se contente d’invectives et autres « pissotières », est de demander à Benoît Duteurtre, et au-delà, aux altersexuels qui ne cèdent pas à cette obsession du « mariage gay » : « Étiez-vous à la Marche des fiertés LGBT de Paris en juin dernier, qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes au nom de l’égalité des droits ? ».

La gay pride : no logo !

Ce que ce rédacteur en chef d’un site qui vit de la publicité oublie, c’est que ce n’est pas parce qu’on colle une pub pour du papier toilette (puisqu’il est question de « pissotières », autant s’élever au niveau de notre interlocuteur ! [6]) sur un article, que le lecteur dudit article sera favorable audit papier toilette. La gay pride est une institution no logo, ouverte à tous les citoyens ; elle réunit des marcheurs bien au-delà de la banderole qu’un quarteron de militants impose en tête du défilé, devant le carré VIP protégé par un service d’ordre de plus en plus terrifiant au fil des années. Je me souviens de la honte que j’avais ressentie quand, en 2005 je crois, un groupuscule de militants d’Act Up-Paris avait bloqué et conspué le char de Gay Lib, comme si les homosexuels de droite n’avaient pas le droit de marcher, quelles que fussent leurs idées ! Selon les statistiques, la marche parisienne, qui avait réuni de 700 à 800 000 marcheurs entre 2006 et 2010, n’en a plus attiré que 500 000 les deux dernières années (source : Wikipédia, Marche des fiertés). La différence ne serait-elle pas due à des gens qui en ont assez d’être instrumentalisés ? Je n’y suis pas allé cette année, pour la première fois depuis 1988. Je ne supporte plus d’être assimilé à ce mot d’ordre imposé par des terroristes intellectuels [7]. Et par solidarité avec Louis-Georges Tin, qui au moment de cette marche, était en grève de la faim pour obtenir la dépénalisation mondiale de l’homosexualité, reprochant à François Hollande de ne pas tenir ses engagements à cet égard. Mais sans doute pour M. Barbe, Louis-Georges Tin était-il aussi, comme Benoît Duteurtre, un de ces aristocrates méprisant les parias « souffrant-e-s, dans l’ombre, toléré-e-s pour peu que nous restions dans notre espace confiné qui est celui, au final, de l’illégalité » ? Quand je croise chaque jour dans les rues des centaines de personnes sans domicile quémandant une pièce pour manger, j’ai honte non pas du fait que des homosexuels demandent le mariage, mais qu’ils et elles le fassent en arguant de l’égalité. Et la fraternité, qu’en faites-vous ? Et les homosexuels emprisonnés en Égypte, en Iran ou ailleurs ! N’est-il pas indécent de se faire passer pour des martyrs, dans notre pays ? Le syndrome de la « surenchère » que pointait Duteurtre dans son article de 2004 n’atteint pas seulement la communauté homosexuelle. Un ami professeur d’histoire-géographie arménien m’a dit, après avoir lu mon essai, qu’il était lui-même exaspéré par l’attitude des lobbyistes arméniens, qui en son nom, ont exigé une loi ridicule de pénalisation du négationnisme du génocide arménien. Heureusement, cette loi a fini par faire un flop. Tous les Français arméniens ne sont pas plus favorables aux lois mémorielles que les homosexuels au « mariage gay ». Mais, ajoutait-il, il faut sans cesse que ces lobbyistes s’agitent pour justifier leur existence, d’où la surenchère permanente.

Le fond du problème

Mais revenons au fond du problème, que vous n’abordez pas un seul instant dans votre billet doux à Benoît Duteurtre. Sans doute, à l’instar de votre site, avez-vous des « pop-up » qui s’affichent devant votre esprit à chaque fois que vous réfléchissez au mariage, et vous empêchent d’accéder à l’article. Voici quelques questions de fond passées sous silence par les médias — et par vous — que soulève le projet soutenu par cette majorité de militants dont vous faites partie, hermétiquement close aux opinions divergentes, fussent-elles des opinions d’altersexuels dissidents (et si vous ne nous donnez jamais la parole et nous invectivez, n’est-ce pas que vous avez peur que si nous avions la parole, nous ne convainquions les indécis, ceux qui comme le dit Duteurtre, s’en « contrefichent », mais ne veulent pas avoir l’air rétrogrades). À ce propos, j’aimerais que vous nous donniez la liste des débats contradictoires menés ces années dernières auprès des altersexuels de base, dans les 120 centres LGBT de France ; la liste des consultations et débats menés dans la presse gay, les articles publiés sur votre site évaluant les tenants et les aboutissants des diverses voies (amélioration du pacs ou mariage ?), avant que les militants de l’aristocratie LGBT décident comme un seul homme de prétendre en notre nom à une seule et unique revendication ?

Les questions oubliées du débat


1°. Puisqu’il est question d’« égalité », qu’en est-il de l’égalité des bisexuels avec les monosexuels ? Le lecteur attentif aura remarqué que si dans la première ligne de votre article, vous prétendez parler au nom de, je cite, de « nous, lesbiennes, gays, bi et trans, au plus profond de nous-mêmes », dès le deuxième paragraphe de votre libelle, les bi et trans se sont envolés et, dans la peau de chagrin du mariage où vous voulez à tout prix nous chiffonner, ne restent que, je cite, « les gays et les lesbiennes ». Comment donc, « au plus profond de vous-même », accordez-vous l’égalité de messieurs les gays et de mesdames les lesbiennes avec l’égalité d’un(e) de ces bisexuel(le)s au nom de qui vous prétendez parler, qui souhaiterait épouser en même temps un homme et une femme ? Certes je sais bien que les bisexuels sont fractionnés en de nombreuses sous-catégories, et qu’une de ces sous-catégories est bisexuelle par alternance, et pourrait vaguement se satisfaire du droit au mariage, en oubliant que c’est théoriquement un engagement à vie, contrairement au pacs, et que s’engager dans les liens d’un mariage monogame la priverait donc en théorie, si elle respectait la « fidélité » inscrite dans l’article 212 du Code civil, de l’une des branches de sa bisexualité ; mais que faites-vous d’une autre sous-catégorie, celle des bisexuels simultanés, qui pourraient souhaiter un mariage (ou un pacs) à trois ou à quatre ? Envolée, l’« égalité » ? Et je ne parle pas des trios ou quatuors de gays et de lesbiennes, ou d’hétéros et d’homosexuels, qui souhaitent mener à 3 ou à 4 un projet alterparental. Au nom de quelle prétendue « égalité » leur refuser, refuser à leurs enfants, une reconnaissance égale de leur solution de vie ? Peut-être prétendrez-vous qu’ils sont ultra-minoritaires ? Le pacs ne concerne actuellement que 5 à 6 % de couples de même sexe, et si le mariage était ouvert, sans doute ces 6 % de pacsés se répartiraient-ils en 3 % de mariés et 3 % de pacsés. Est-il sûr que les contrats à plus de deux personnes, si on les rendait possibles, constitueraient moins de 3 % ? Quid de votre « égalité », monsieur Barbe ? Quid de la liberté, le 3e pilier de notre devise nationale ?
2° Le pacs, qui a connu un succès inespéré depuis sa création en 1999 (preuve qu’il n’est pas un « sous-mariage » comme le prétendent nos lobbyistes LGBT), devrait logiquement dépasser le nombre de mariages par an, grâce aux améliorations qui lui ont été régulièrement apportées. N’est-il pas à craindre que le « droit au mariage » une fois établi, le législateur, non seulement mette fin à toute amélioration du pacs, mais supprime même certains des avantages chèrement obtenus, s’il ne supprime pas carrément le pacs ? Comme la déclaration fiscale commune dès la première année ? N’est-il pas à craindre que des employeurs qui ont accordé les mêmes avantages aux pacsés qu’aux mariés au nom de la non-discrimination, considèrent désormais que seuls les mariés auront droit à des avantages coûteux ? Cela s’est passé ainsi dans l’État de New York en juin 2011.

Un « mariage gay », et un enterrement du pacs

3° N’est-il pas à craindre que, le mariage une fois obtenu, la naturalisation soit définitivement impossible pour les couples binationaux pacsés dont un des partenaires est extra-communautaire ? Une revendication de nombreux citoyens altersexuels homos ou hétéros que nous aurions pu arracher, définitivement passée à la trappe. Connaissez-vous le coût d’un divorce ? Alors pourquoi obliger à se marier ceux d’entre nous qui souhaitent s’unir à un étranger ? Mais nous vous devrons une fière chandelle, car au lendemain de la loi que vous aurez obtenue, les homos de sexe masculin vieillissants que nous sommes et qui voient leur cote baisser parmi leurs compatriotes, vont brusquement bénéficier de la sollicitude et de l’amûur de cohortes de Biélorusses, de Vénézuéliens, de Philippins et de Congolais qui se morfondent dans les foyers d’immigrés, et qui pourront désormais tenter de séduire autant des hommes que des femmes pour se faire naturaliser ! (pour moi, ce sera un Vénézuélien, siouplait !)
4. Votre obsession va-t-elle également rendre impossible une autre amélioration du pacs, celle qui aurait consisté à ce que les « ministres d‘un culte » (article 433-21 du code pénal) soient autorisés à procéder au mariage religieux après un pacs, et non pas seulement après un mariage civil ? Et que les dérogations pour un mariage à 17 ans pour « motifs graves » (article 145 du code civil) soient également possibles pour un pacs ? Pourtant, le pacs n’offre-t-il pas, avec sa possible rupture par simple lettre recommandée, une protection supérieure au mariage, notamment pour les jeunes filles plus faibles économiquement (donc incapables de payer un avocat pour divorcer), celles-là mêmes qui sont souvent contraintes à des mariages précoces pour raisons religieuses ? Avec ces améliorations et celle que j’aborde dans le point suivant, le pacs aurait définitivement dépassé et ringardisé le mariage, et en l’espace de dix ans nous aurions abouti à une égalité de fait, tout en en finissant avec l’horrible gale du divorce qui gâche la vie de plus d’une centaine de milliers de familles chaque année (la barre des 50 % de divorces par rapport aux mariages a été récemment franchie).

Le nerf de la guerre : qui va payer ?

5. Abordons maintenant un point névralgique négligé de toutes parts depuis que le débat est lancé, c’est la question financière. Qui va payer le coût du mariage ? Loi ou pas loi, les homosexuels sont dans leur immense majorité des célibataires. Votre loi va entraîner des conséquences fiscales et financières. Au niveau fiscal, qu’est-ce qui justifie que des couples, qu’ils soient de sexe identique ou différent, paient moins d’impôts pour la seule raison qu’ils sont mariés ? [8] Qu’est-ce qui justifie que lors d’une succession, les enfants d’un couple pacsé ou en union libre, soient spoliés au profit des enfants d’un couple marié ? Est-ce cela, votre prétendue « égalité » ? Vous qui êtes avec vos pairs, un chevalier blanc du mariage et de, je cite, l’« égalité », expliquez-nous un peu comment vous entendez cette « égalité » d’une part entre les couples mariés qui bénéficieront non seulement de déductions d’impôts, mais aussi d’une pension de réversion, alors que les pacsés iront se brosser, d’autre part entre les célibataires et les couples ? Le seul fait de vivre à deux ne constitue-t-il pas déjà un avantage conséquent, surtout à notre époque où le prix du logement voit sa part augmenter de façon phénoménale dans le budget des ménages ? Je vous prie de bien vouloir expliquer aux lecteurs gays de votre site que ceux d’entre eux qui sont célibataires vont voir leurs impôts augmenter et leur retraite baisser pour financer le mariage des couples de même sexe. À moins qu’on ne prélève ce manque à gagner en faisant payer un forfait aux bénéficiaires du CMU par exemple ? Ils apprécieraient cette conception novatrice et anti-discriminatoire de l’égalité ! Cette sur-taxation des célibataires s’ajoutera à la prochaine loi de finances, qui s’apprête déjà, par le « gel du barème », à surtaxer les mêmes célibataires !
Si je suis d’accord avec le fait que les personnes qui élèvent des enfants, quel que soit leur statut, célibataires ou en couple, hétéros ou homos, bénéficient de déductions fiscales, qu’est-ce qui justifie que des paires de citoyens sans enfants, hétéros ou homos, soient favorisées par le fisc et que nous autres célibataires subventionnions leurs week-ends à Honfleur ? Ils veulent le beurre, l’argent du beurre, et la jarretière de la chaisière ! Le fait de vivre seul va-t-il devenir une nouvelle honte sociale, comme le fait de rouler en 4x4 ? Là où le catholicisme avait échoué, l’écologie, les associations LGBT et le fisc vont-ils réussir à nous imposer à tous la vie de couple ? Oui, comme le dit Benoît Duteurtre, non seulement « on pourrait fort bien améliorer [le pacs] sans chercher à pasticher le mariage », mais encore à cause de vous, nous allons peut-être tous perdre le bénéfice de cette invention géniale et vraiment « égalitaire » que fut le pacs, ce work in progress qu’on doit à la génération de militants gays qui vous a précédés.
Pour conclure, cher Monsieur Barbe, je suis d’accord avec Benoît Duteurtre, et lorsque vous militez pour cette dragée que je trouve poivrée, mais que vous êtes libre de trouver sucrée, je vous prie de bien vouloir éviter de parler en mon nom, et je demande aux militants qui dirigent la modeste association parisienne intitulée « Inter-LGBT », de cesser à l’avenir de nous imposer un slogan unique en tête de la « marche des fiertés ».
Pissotières ou jarretière, vous n’avez pas le monopole de la rancœur.

Je vous propose d’organiser un débat contradictoire, équitable, démocratique et de surcroît courtois et public, filmé ou enregistré entre deux ou trois partisans et deux ou trois opposants au mariage, par exemple Benoît Duteurtre et moi-même ou Marcela Iacub [9], vous-même et qui vous voulez. C’est plus difficile, mais plus démocratique que les invectives…

 Benoît Duteurtre a lui-même répondu sur Libération.

 Cet appel ayant été lancé le 14 octobre, Yannick Barbe n’a toujours pas daigné donner de réponse, pas davantage qu’aucun média ni aucune de ces associations prétendument représentatives, aucun de ces 120 centres LGBT pourtant en partie financés par l’argent public… J’ai proposé un commentaire à l’article de B. Duteurtre, que Libé accepte de publier… Disons simplement que Yannick Barbe a eu l’immense courage de renoncer à ce débat contradictoire. Lâche, couard et vil n’eût-il pas été de s’attaquer à un homme seul ?
 Voir notre Communiqué de presse du 19 octobre 2012, et la tribune du 12/12/2012 consacrée à la question du Livret de Famille.

Par Lionel Labosse, écrivain, enseignant.

Dernier ouvrage publié : Le Contrat universel : au-delà du « mariage gay », éditions À poil, 2012. À propos mes petits lapins, c’est pas tout ça, mais si vous l’achetiez, ce livre ? Courez donc aux Mots à la Bouche, ou bien commandez-le-moi directement.


Voir en ligne : L’article de Benoît Duteurtre


© altersexualite.com, 2012.
Reproduction autorisée de cet article, totale ou partielle, avec mention de la source et lien vers cet article.


[1Le 14 décembre, un message du militant Jacques Fortin en réaction à ma tribune sur la question du Livret de Famille étend notre paire à un trio ! Dommage que chacun reste dans son coin ! Il est vrai que s’ils ne s’informent que grâce aux médias, mes camarades ont fort peu de chances d’avoir connaissance de mes contributions au débat…

[2Quand je dis que nous sommes deux, je n’oublie pas Marcela Iacub (voir infra), ainsi que de nombreux blogueurs ont aussi donné avec talent leur avis, comme Jean-Yves Alt, mais dans notre démocratie aristocratique, pour avoir le droit de participer au débat, il ne faut pas avoir des idées, mais un carnet d’adresses.

[3Mon premier essai publié en 2005, Altersexualité, Éducation et Censure, contenait déjà un chapitre intitulé « contre le mariage gay ».

[4Voir dans cet article une chronique des faits marquants depuis la parution de mon essai.

[5Dans un ouvrage récent, Pourquoi les gays sont passés à droite, Didier Lestrade — qui ne dit pas mot du « mariage gay », comme si cette lubie n’était pas le signe le plus éclatant de la droitisation des homos — parle de « classe A de gays proches du pouvoir ».

[6Notons en passant l’usage de ce mot vieillot, en lieu et place du « backroom » auquel on aurait pu s’attendre. Il est vrai que contrairement aux backrooms, les pissotières n’ont pas de tenanciers qui pourraient s’offusquer d’un tel mépris et menacer la manne publicitaire de M. Barbe.

[7Déjà en 2005 ça avait quelque peu bardé dans le Landernau gay, lorsque les mêmes apparatchiks avaient tenté de nous expliquer que comme nous étions homosexuels, nous devions voter oui au référendum sur le T.C.E. Nous fûmes quelques-uns à réagir (voir mon article « Qui a peur du gay méchant NON ? »), puis il y eut un débat, et le non l’emporta. Avec le « mariage gay », c’est la même chose : tant qu’il n’y aura pas de véritable débat on en restera aux caricatures médiatiques actuelles. Dès que les médias sont obligés par la loi d’être démocratiques et de donner la parole à des opinions diverses, tout change ! Notons que dans les deux cas, au début, le repoussoir Le Pen (voir l’article de Yannick Barbe) est agité pour effrayer les indécis. Quand je parle de « terrorisme intellectuel », je pense au couteau de l’homophobie que ces militants mettent constamment sous la gorge de la liberté d’expression de tous ceux qui expriment quelque divergence. C’est notamment le gimmick d’Éric Fassin.

[8Dans une société patriarcale, cela se justifiait par le fait qu’à dater du mariage, l’épouse dans un couple marié, ne travaillait plus. Jusqu’en 1965, elle devait demander l’autorisation de son mari, qui souvent la lui refusait. Il peut sembler juste, dans ce cadre, que l’épouse touche une pension de réversion, et que le couple ait une déduction fiscale ; mais ne faut-il pas profiter d’une refondation des unions entre les êtres pour revoir des lois qui ne correspondent plus à notre société, et cela sans spolier les couples âgés qui ont vécu sous ce régime patriarcal. Si l’on devait supprimer la pension de réversion, cela ne devrait pas être rétroactif à mon sens.

[9Elle vient de publier un article qui ne fait qu’une bouchée de la tarte à la crème de l’égalité