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Détournement de conte de fées, pour les petits

La Princesse qui n’aimait pas les princes, d’Alice Brière-Haquet & Lionel Larchevêque

Actes Sud Junior, Benjamin, 2010, 40 p, 7,5 €.

mercredi 21 juillet 2010

Deux ans après Princesse aime Princesse, de Lisa Mandel, voici un petit récit illustré qui reprend presque le même titre, mais avec une formule négative et un imparfait plus propre à l’univers des contes. On ne peut que conseiller ce bel objet amusant qui joue avec les stéréotypes, et permettra d’aborder l’homosexualité avec les petites classes.

Le texte d’Alice Brière-Haquet pratique facilement la dérision (« tous les possibles, probables et potentiels fiancés ») et ne recule pas devant l’imparfait du subjonctif (« qu’on ne le remarquât pas »), même si parfois on frôle le nunuche (« elles galopaient sous le grand ciel »). Les illustrations en rajoutent dans le style infantile, peut-être pour mieux critiquer le conte traditionnel.
On pourrait reprocher au récit un sexisme latent. En effet, cette princesse est cantonnée à la cuisine, toute son activité se résume à rater une mayonnaise, tandis que les hommes sont « conseillers et ministres, cuisiniers et garagistes ». Au moins évite-t-on l’écueil de l’album Camélia et Capucine, d’Adela Turin et Nella Bosnia, qui date de 2000. Les princes refusés ne sont ni ridicules ni arrogants, ils sont plutôt mis en valeur, et ce n’est qu’une maladresse, et peut-être un léger ridicule, qui les fait échouer. On évite donc un stéréotype : ce n’est pas parce que les hommes sont nuls que la princesse préfère les femmes ! On peut trouver même notre princesse un tant soit peu capricieuse et hystérique, ce qui nous renvoie au stéréotype sexiste. Mais la fée est arrivée, sans se presser, et séduit immédiatement la princesse, bien que celle-ci « redoutait la baguette », qui sera jetée aux orties en fin de volume, comme la couronne : on n’en a pas besoin quand on s’aime ! La princesse est très racinienne : « Elle la vit, elle rougit, elle pâlit à sa vue ». Comme souvent dans les albums, les illustrations vont plus loin que le texte, et les élèves laisseront parler leur imagination sur cette princesse très fem et cette fée limite butch… On apprécie la désinvolture de la chute : « Elles ne purent pas vraiment se marier, et pour faire des bébés, ce fut un peu plus compliqué ». Merci aux auteurs de n’avoir pas alourdi la démonstration de revendications réductrices.

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

 Lire l’avis de Jean-Yves sur sur « Culture et Débats ».
 L’avis de Martine Laroche sur La Lucarne.
 Dans le genre « revisitons les contes de fées », lire les critiques de Titiritesse, de Xerardo Quintia, illustrations de Maurizio A. C. Quarello et de Prinçusse Klura et le dragon, de Tormod Haugen.
 Voir le site de l’auteure Alice Brière-Haquet.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Le blog de Lionel Larchevêque


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