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Des papas sans maman, et vice-versa, pour les petits.

Drôles de familles, d’Anaïs Valente & Ariane Delrieu

Éditions TLP / association Alhert’, 2013, 28 p., 7 €.

samedi 12 janvier 2019

Cet album à la diffusion confidentielle avait échappé à notre recension de la littérature jeunesse abordant les thématiques altersexuelles jusqu’à 2013. Il s’inscrit dans un genre déjà bien représenté de promotion de la diversité parentale et de l’« homoparentalité » (nous préférons le terme « coparentalité »). Il est très proche de Milly, Molly et toutes sortes de papas. C’est encore un livre qui évite soigneusement de mettre le doigt là où ça fait mal.

À partir d’une question de la maîtresse un premier jour de classe, Martin parle de ses « deux papas ». S’ensuit étonnement et questions des autres enfants. La maîtresse répond : « la famille de Martin n’est pas bizarre, elle est différente ». Et d’évoquer différentes familles. Par exemple : « Téo vit, lui aussi, seul avec sa maman, mais elle ne lui parle jamais de son papa, qu’il ne connaît pas ». Exemple d’aliénation parentale dont on s’étonne qu’il soit proposé sur le même plan que les autres, mais dont il faut reconnaître qu’il correspond à une réalité vécue par un certain nombre d’enfants. Je me rappelle jadis quand j’enseignais en collège, lors d’une réunion parents-profs, avoir mis le doigt sur un secret de famille de ce type, et la mère m’avait répondu qu’il n’y avait pas de papa. Inutile de préciser que le garçon allait très mal… On apprend que Martin « a deux papas et pas de maman », point barre. Une autre enfant, dans la même classe (quel taux !) « a deux maman et pas de papa ». Aucune interrogation chez ces braves petits sur cette absence de maman ou de papa et le secret de polichinelle (dans le tiroir) qu’elle cache… Tout va très bien, madame la marquise ! On reste dubitatif devant la conclusion bisounours de la maîtresse : « la seule chose qui compte, c’est d’être heureux ensemble et de s’aimer ». Eh non, désolé de faire le rabat-joie, mais que ce soit dans une famille dite « homoparentale » ou « hétéroparentale », le fait de laisser croire à un enfant qu’il n’a « pas de papa » ou bien « pas de maman », point barre, est néfaste au développement de l’enfant. Certes, le « feuillet d’accompagnement » disponible en ligne ne nie pas la question : « La famille de Martin est une famille avec deux papas. Il n’est donc pas élevé par sa maman. Cependant il y a bien une femme qui l’a mis au monde et a ainsi permis à ses deux papas de réaliser leur souhait d’avoir un enfant. Il ne s’agit en aucun cas de nier la réalité biologique de la procréation mais de bien la distinguer de la réalité sociale des familles d’aujourd’hui. Comme le montre le livre, la filiation n’est pas uniquement biologique. » Et plus loin : « Il existe toutes sortes de familles. Ce qui est important, c’est que les parents aiment leur enfant et s’en occupent bien ». Certes, mais du point de vue de l’enfant, ce qui est important aussi, c’est qu’on ne lui mente pas. Ce point de vue de l’enfant n’est jamais abordé dans le dossier… Et parmi les activités proposées, on relève « Proposer aux enfants de réaliser leur arbre généalogique ». C’est bien gentil, mais quid de l’enfant à qui l’on cache l’existence d’un parent biologique ? Dans généalogie, il y a « gène », ou bien « gêne », j’aimerais savoir ! Les féministes réclament que les femmes soient traitées comme sujets et non comme objets. À quand les « enfantistes », qui se préoccuperont que les enfants soient des personnes, y compris les « homoenfants » de ces braves « homoparents » ?

 Voir le site de l’Association ALHERT’ de Clermont-Ferrand.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Feuillet d’accompagnement réalisé par l’Association ALHERT’ de Clermont-Ferrand


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