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Un pays qui a laissé des traces en chaque Français

Voyage en Algérie (4/4) : Alger, Tibhirine, Tlemcen, Oran, Mostaganem…

Aspects touristiques

samedi 1er juillet 2023, par Lionel Labosse

Voici le 4e et dernier article d’une série de 4 après Voyage en Algérie (3/4) : aspects politiques. Pour synthétiser, c’était un voyage très intéressant, un pays sublime question paysages, patrimoine, cuisine, flore. La faune à poil & plumes j’ai pas vu, mais la faune à deux pattes et sans ailes est pas dégueu. Et puis ces Algériens doivent être très bêtes, car 20 fois par jour nous étions accueillis spontanément par des « Soyez les bienvenus », ou des « bienvenue en Algérie » (on était à la limite du « bienvenue chez vous » !) Lorsque nous nous promenions chacun voulait se faire tirer le portrait, comme vous le constaterez en voyant mes photos (et j’en ai supprimé une tripotée !) C’est d’ailleurs amusant comme la France détruit les âmes : lorsque j’ai le malheur de vaguement croiser le regard d’un « rebeu » de type caillera en France, j’ai souvent droit – et chacun a pu en faire l’expérience – à des réactions agressives, alors qu’en Algérie, c’est le contraire ; comme quoi la plante en pot dégénère par rapport à la plante de pleine terre ! Rien à voir avec le Maroc où le touriste est radiographié comme portefeuille à arnaquer.
Puisque j’en suis aux photos, j’ajoute un détail. C’est notamment dans les salons de coiffure que les jeunes adorent se faire photographier en meute avec leurs coiffures délirantes au gel si reconnaissables. J’ai des étudiants qui sont coiffés comme ça même de ce côté de la Méditerranée. Combien de fois par mois y vont-ils ? Ça doit être un lieu où l’on cause.
Voici quelques informations & remarques sur ce voyage, à compléter par deux articles : Chefs-d’Œuvre des Musées des Beaux-Arts d’Alger & d’Oran (Algérie 2/4), et « Jean-Michel Trogneux ou L’Arlésienne à Alger ». Bon, ce ne sont que de vagues impressions tirées d’un voyage touristique de 10 jours dans la frange côtière urbaine du pays le plus vaste d’Afrique. Merci de me signaler les inévitables & nombrables erreurs. Quant aux impressions, elles sont miennes, désolé si ce ne sont pas les vôtres !

Plan de l’article
 Urbanisme, routes, paysages
 Alger
 Tibhirine, Cherchell, Tipaza
 Oran
 Tlemcen
 Mostaganem
 Quelques mots sur la flore

Depuis qu’on tourne autour du pot, ne serait-il pas temps de visiter l’Algérie ?

Urbanisme, routes, paysages

Oui, l’Algérie est un beau pays. Il ne faut pas s’arrêter à l’aspect décati (des immeubles de logement & monuments), car tout cela peut se ravaler en quelques années, quand le gouvernement arrêtera de recruter des légions de flics et balancera ce budget délirant aux ministères de la culture & du logement. Les immeubles de type haussmannien le disputent aux immeubles de style art-déco, héritage de l’horrible colonisation. Ça tombe en ruine, c’est couvert d’excroissances fongueuses de paraboles qu’on croyait dépassées par la wifi, mais l’État les retape, en priorité tout ce qui donne sur des lieux touristiques. Souvent des rideaux opaques écartés vers l’extérieur protègent l’intimité des habitants. Parfois des cariatides aux seins nus signalent l’opulence des résidences.
J’ai été estomaqué par les infrastructures routières récentes, construites notamment par les Chinois avec leur projet de « nouvelle route de la soie ». Cet article récent nous apprend que l’Algérie est le 1er bénéficiaire de cette manne chinoise avec 24 milliards de dollars. L’Occident est aux fraises. Que voulez-vous, la mafia Ursula-Macron a jeté 72 milliards à la poubelle pour Pfizer. Seul un ramassis de toxicomanes abrutis lobotomisés par BFM continue à se faire injecter des doses périmées ; tout le reste ira à la poubelle. Avec cette somme faramineuse, on aurait pu tailler des croupières à la Chine dans nos anciennes colonies, ce qui aurait été néo-colonialiste, alors que ce que fait la Chine est purement philanthropique, aussi philanthropique que Bill Gates & George Soros qui ont tout fait pour que nous jetions notre argent dans le puits sans fond de Pfizer, un puits qui donne… sur leurs comptes en banque.
Nous avons pris la route du sud sur 140 km pour atteindre Médéa, et c’était étourdissant, une succession tunnels / ponts faramineux qui déboulent tout schuss à travers monts et vaux. Le métro d’Alger est flambant neuf, construit par une filiale de la RATP. Je cite Wikipédia : « Le coût de la première phase de la ligne 1 s’élèverait à 77 milliards de DA, dont 30 milliards pour le génie civil et 47 milliards pour l’équipement, soit près de 900 millions d’euros. » Pour les 72 milliards d’euros gaspillés pour les injections Pfizer en Europe, on aurait pu construire… 80 lignes de métro. Ursula, rends l’argent ! Nous ne l’avons pris qu’une seule fois, à partir de la place des Martyrs jusqu’au Jardin d’Essai. Il était loin d’être bondé, ce qui n’empêche pas qu’y trônent toujours de superbes panneaux de la religion covidiste (cf. cet article), qui rivalisent à quelques mètres avec la statue en bronze (?) d’une femme portant la fameuse voilette, ce qui confirme bien que le covidisme est une religion. Le panneau conseille de ne pas monter dans une rame bondée, ce qui si vous avez lu nos précédents articles, est un beau foutage de gueule à plusieurs niveaux ! Le degré de crétinerie et d’infantilisation atteint par cette affiche (lisez bien tout) est tellement himalayesque que je vais peut-être la retenir pour mes étudiants l’an prochain. Nous avons vu le Tramway de Mostaganem inauguré en 2023, et qui traverse toute la ville, ce qui doit être très utile. En ce qui concerne le train, nous l’avons vu en passant devant les deux gares d’Alger, puis en visitant la magnifique gare d’Oran, construite sur les plans d’Albert Ballu, architecte en chef de l’Algérie & fils de Théodore, qui édifia l’église de la Trinité à Paris, transformée en panneau publicitaire par les cloportes qui dirigent notre pays. J’ai photographié une voie de chemin de fer en plein Alger. Cela tombe en ruine ! Si c’est pareil en province, il doit y avoir des déraillements. Mais non, rassurez-vous. L’article nous apprend que « À la fin de la Seconde Guerre mondiale le réseau ferroviaire algérien s’étend sur 5 015 km. Le service proposé est identique à celui de la Métropole, supérieur parfois » (les horreurs de la colonisation !) Pendant que macron détruit la France, l’Algérie se construit à vitesse grand V selon cet article : « Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’avait-t-il pas ordonné, immédiatement après l’épisode de la Covid-19, de lancer, sans plus tarder, des études techniques afin d’étendre le réseau ferroviaire du Nord au Grand Sud, entre Alger-Tamanrasset et Adrar ? Aussi, de nombreux projets sont en cours en vue de la modernisation du secteur des transports ferroviaires, qui atteint, présentement, 6 300 km linéaires, pour être porté à 12 500 km à l’horizon 2030 ». Vous avez compris ? Au lieu d’enfouir 600 milliards dans le covidisme comme macron (tiens, pourquoi pas 666 !), Tebboune les a mis dans la construction de son pays. Détruire ou construire, il faut choisir. Mais pour se débarrasser de Bouteflika, le peuple algérien a dû se sortir les doigts du cul. On ne se débarrasse pas d’un tyran en tweetant !

Rue Rabelais, Médéa, Algérie, 2023.
© Lionel Labosse

J’ai photographié quelques plaques de rues et autres affichages. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, beaucoup de plaques sont restées telles quelles, comme par exemple celle de la rue Élisée Reclus. C’est le plus grand foutoir, le français et l’arabe sont mélangés. Ainsi sur une plaque à Tlemcen, le mot « ultra-violets » éclate à la fin d’une plaque tout en arabe. Il arrive que les dates de naissance et de mort soient inscrites de droite à gauche sur les plaques en arabe. À Médéa, j’ai passé un long moment grâce à la gentillesse de la guide, à trouver l’ancienne rue Jean Richepin, natif de la ville en 1849, où son père était médecin militaire. Elle est devenue la rue Ferrah Ahmed, et la plaque est en arabe ; rien ne rappelle hélas le nom de l’auteur de la « Chanson des gueux ». Heureusement dans la même ville, notre ami François Rabelais venge son confrère de façon éclatante avec cette plaque de rue qui témoigne sans doute de l’horreur qu’inspire à l’indigène l’ancien colonisateur. Les boîtes à lettres sont identiques à nos bonnes vieilles boîtes jaunes françaises, que les tyrans mondialistes tentent de supprimer pour pouvoir numériser & contrôler nos moindres échanges, dans l’indifférence des mougeons qui détournent les yeux.
Partout le long des rues & routes, des forêts d’immeubles s’élèvent ; j’en ai pris quelques exemples en photo. Je suis un peu sceptique sur ce développement délirant de ces villes hors-sol, avec des exploitations agricoles disproportionnées (photos de culture sous serre). Quelle vie vont avoir ces gens entassés ou plutôt empilés dans ces forêts d’immeubles ? Avec quoi vont-ils se nourrir ? Il est vrai que le citadin est beaucoup plus facile à surveiller que le rural. Dans son entrevue avec Asselineau du 22 mai 2023, Didier Raoult s’est lancé dans une prophétie sur la chute des grandes villes, qui finissent toujours par tomber sous les razzias des nomades.

Alger

Au risque de paraître ridicule, je n’avais aucune idée préconçue d’Alger avant de venir. J’avais vu Pépé le Moko de mon idole Julien Duvivier certes, mais les décors de la Casbah sont reconstitués en studio. Je savais que c’était un port, mais je ne me l’étais jamais imaginée. Quel choc ! J’ai rarement vu une ville comme ça. Une ville côtière qui se met à escalader la montagne dès le port, une ville qui ondule dans tous les sens, et vous jette dans des ravins d’Est en Ouest. La ligne de métro ne peut se trouver que parallèlement à la côte, car dans le sens nord-sud c’est trop pentu, même si le fameux Aérohabitat, dont j’ai pris deux photos, est posé comme un cavalier de Rodéo sur la selle de cette pente. Il ya actuellement 6 lignes de téléphérique ou télécabines, dont la plus ancienne date de 1956, qui permettent de juguler ce taureau furieux qu’est Alger. Voyez l’article Téléphériques d’Alger. J’ai pris en vrai et en photo la Télécabine de Bab El Oued, qui date de 2019. Elle permet de survoler les immeubles (cela doit faire drôle aux résidents des immeubles qui sont rasés), les terrains vagues ou de foot, etc. Ce qui est impressionnant, comme à Oran, c’est l’emprise du port de commerce en plein centre de la ville. Quant on sait la nullité des ports en France dénoncée naguère par Paul-Antoine Martin, sur France-Soir et dans son livre, on ne peut qu’admirer cette industrie et ce commerce dont on n’a pas honte. Quel plaisir que ce pays qui n’est pas peuplé que d’Éloïs décérébrés se nourrissant d’herbes bio et d’insectes comme notre pays infecté par la folie des Sandrine Rousseau & autres Aymeric Caron ! Oui, on bosse en Algérie, on charge et on décharge des biens de consommation. Bon je ne sais pas si les dockers (vous me les servirez en marcel humide de sueur !) chantonnent en travaillant « C’est pour assouvir ton moindre désir / Qu’ils viennent du bout du monde » de l’ami Charles Baudelaire !
À Bab El Oued il y a beaucoup à voir, comme la « Fontaine de l’Espérance » célébrant le lien avec Marseille, le lycée Bugeaud (désormais Emir-Abdelkader), qui abrita de nombreuses célébrités comme Albert Camus ou Victor Margueritte ; mais je vous renvoie à cet article. Ce nom m’a toujours fait rêver, car il conjugue deux mots clés de l’arabe, bab, la porte et l’oued, la rivière. Cette année en étudiant un corpus avec un texte d’Isabelle Eberhardt, un étudiant d’ailleurs kabyle, ignorait le sens du mot employé dans « Elle meurt accidentellement lors de la crue d’un oued » ! C’est ce genre de moments qui me font aimer enseigner la « Culture générale » et non plus le français. Puisque j’ai employé ce mot, voici une brève digression. Je ne suis pas allé en Kabylie, mais comme on me pose souvent la question, je précise quelque chose que je ne savais pas avant ce voyage. Les mots « kabylie » ou « kabyle » peuvent avoir des définitions à géométrie, voir à géographie variable. Avant ce voyage, pour moi un « kabyle », c’était un Algérien qui ne se revendiquait pas comme arabophone, un synonyme de « berbère ». Or la Kabylie c’est au sens strict une région très circonscrite en Algérie, à l’Est d’Alger. Et puis il y a la grande et la petite Kabylie ! Pour vous y retrouver, je vous conseille cet article sur la langue berbère et celui-là sur la Kabylie.]]
Le quartier est réputé populaire, bon, il abrite beaucoup de gens, avec 100 fois moins d’immigrés que mon quartier parisien ! Nous sommes passés par le marché, fort propre. Les stands sont étroits et pyramidaux, les allées étroites (comme sur tous les marchés que nous avons visités). À Oran j’ai photographié un vendeur de petits escargots, soit vivants, soit cuits.
De l’autre côté de la ville (ou plutôt du centre de la ville) nous avons visité le Jardin d’Essai, le musée des Beaux-Arts, et le Mémorial du Martyr. C’est un bel édifice dans ce genre je dois dire. Il date de 1982, 20e anniversaire de l’Indépendance, « en mémoire des chahids, les combattants de la guerre d’indépendance algérienne morts pour la libération du pays » (Wikipédia). Le mot signifie « martyr », ok, mais cela correspond à un statut, comme MPLF en France, voir cet article. Les statues sont rien chouette, elles sont l’œuvre du sculpteur polonais Marian Konieczny. C’était un des rares monuments d’Alger que je connusse avant ce voyage, car tous les Algériens de retour d’Algérie s’y prennent un selfie, c’est le N° 1 ! Cent fois mieux que l’immonde Monument de la Renaissance africaine qui enlaidit Dakar.
Le jardin d’Essai est magnifique, avec ses allées ombragées alignant des arbres de la même variété. On admire aussi les sculptures d’Émile Gaudissard, architecte & sculpteur, qui représentent des femmes en costume du sud algérien ou un Joueur de flûte. J’ai déjà évoqué la statue de femme nue anadyomène de Georges Béguet dans l’article sur les musées.
C’est dans la Casbah que j’ai photographié le challigraphe qui figure en vignette de cet article. Ce qu’a écrit le chat c’est « la nouvelle » (information) ! Nous avons visité la citadelle de la Casbah, avec sa petite mais fort belle mosquée aux colonnes torsadées doubles ou quadruples, son lustre à trois couronnes. La partie populaire est un dédale de rues et d’immeubles à moitié écroulé, mais nous avons déjeuné dans une maison fort chouette de l’intérieur. On a de belles vues sur la ville.
La Grande Mosquée d’Alger est un projet tape à l’œil, cadeau empoisonné à 2 milliards de dollars de Bouteflika à l’Algérie, loin du centre sur la route de l’aéroport. Troisième plus grande mosquée et plus haut minaret du monde, dans le genre c’est moi qui ai la plus grosse. J’adore le détail « la mosquée est équipée de 900 caméras de surveillance et compte 600 travailleurs permanents ». Elle peut soi-disant accueillir 120 000 fidèles. Ah bon, c’est la capacité d’un grand stade alors ? Malheureusement c’est dans les stades que les fidèles de la Liberté ont préféré se réunir pour faire tomber Bouteflika. Enfin, cette grosse bite se voit depuis tout Alger, c’est une sorte de phare. Partout dans la ville mais surtout dans la Casbah, les peintures murales sont à la gloire du football, la religion locale, qui l’emporte pour l’instant sur l’islam et le covidisme. On a aussi visité vite fait le Palais des Raïs aussi appelé bastion 23, avec une fontaine kitsch représentant des chevaux à queue de poisson, que je croyais récente mais que j’ai trouvée renseignée mais sous un avatar différent comme « Fontaine aux chevaux » d’un certain Louis Arnaud, qu’on retrouve associé à Fernand Pouillon, malheureux architecte de la cité Climat de France qui a mal vieilli, à Oued Koriche.

Cathédrale du Sacré-Cœur d’Alger.
© Lionel Labosse

Le Musée national du Bardo, à ne pas confondre avec celui de Tunis, doit son nom à un riche Tunisien exilé qui l’avait fait bâtir au XVIIIe. Nous n’avons pas pu visiter le musée d’ethnographie qu’il abrite car c’était une période intermédiaire entre deux expos, mais nous avons déambulé dans la maison, ou palais si vous préférez, qui contient quand même pas mal d’objets dans les salles. C’est un bel endroit inspirant. On note une porte à deux heurtoirs, un pour les hommes, l’autre pour les femmes. Ils entraient quand même par la même porte, alors que c’est une bâtisse où l’on avait la place d’en faire 2, voire 3 pour les eunuques ou pour Chibritte !
La Cathédrale du Sacré-Cœur d’Alger, consacrée en 1962, a été – ça tombe bien – un véritable coup de cœur. C’est d’ailleurs en profitant d’un imprévu du programme et parce que je l’ai demandé et que nous avons eu de la chance (la messe allait commencer, avec je crois une seule fidèle !), que nous avons pu y pénétrer. J’ai été saisi immédiatement à l’intérieur par la puissance de l’inspiration du dôme central, qui la fait ressembler de l’extérieur à une centrale nucléaire (ou à une tente de nomade). Vous vous sentez aspiré ou inspiré, c’est selon. Vue depuis le bas-côté, la coupole hyperboloïde prolongée par un pendentif forme un cœur. Selon Wikipédia, « Paul Herbé et Jean Le Couteur, en collaboration avec l’ingénieur René Sarger, se sont inspirés de l’Évangile selon Jean : « Dieu a planté sa tente parmi nous » ».
Dans le centre on remarque le tunnel des facultés, assez court, où notre ami Jean-Brichel a dû faire des frasques en 1962. La grande poste est un lieu emblématique de l’époque coloniale, elle doit devenir un musée. Nous avons visité également la Basilique Notre-Dame-d’Afrique, difficilement accessible encore plus au Nord que Bad El Oued. Une plaque atteste de la restauration payée par l’Algérie sous les auspices de Bouteflika. Elle est rien chouette et constitue un symbole du lien entre islam & christianisme.

Tibhirine, Cherchell, Tipaza

Au cours de ce voyage de 10 jours, nous avons vu un peu de pays. Le moment le plus émouvant pour ce qui me concerne était l’Abbaye Notre-Dame de l’Atlas de Tibhirine. Quand on parle des horreurs du colonialisme, je crois qu’on oublie ces pages d’histoire. Je note dans le petit livre sur la communauté que j’ai acheté sur place, qu’à l’époque précédente de l’Abbaye Notre-Dame de Staouëli, « La période d’installation est particulièrement pénible. Les conditions de vie sont austères et la malaria fait des ravages. Entre 1843 et 1853, une trentaine de religieux trouveront la mort à Staouëli, sans compter ceux qui, malades, iront mourir en France ». Le frère Yves qui nous a longuement raconté l’histoire de l’Abbaye, sans nous faire jamais sentir sa lassitude de la raconter pour la 250e fois, nous a fait comprendre l’engagement profond des hommes qui se sont fait assassiner en 1996 et de leurs prédécesseurs (cf. le film Des hommes et des dieux (2010) de Xavier Beauvois). Frère Luc (Luc Dochier) était un médecin devenu moine. Par la force des choses il a soigné des milliers de gens. Les moines étaient extrêmement soudés à la communauté villageoise, jusqu’à Médéa, et d’ailleurs le film le montre bien. Il suffit de voir les photos des deux cartes, du monde et d’Algérie, recouvertes de pastilles selon le lieu d’origine des visiteurs. Il y a 96 % de visiteurs algériens, mais l’ouverture au tourisme de groupe est en train de changer la donne et les 5 frères et sœurs présents ont du mal à gérer visites & jardinage. Ils continuent à cultiver et à vendre leurs produits. Ils ont dû fermer le monastère le vendredi car ils voyaient parfois arriver 400 personnes, ce qui était ingérable ! Non, vraiment, l’ambiance en Algérie n’est pas à l’islamisme haineux.
Le frère, qui ne mâchait guère ses mots, de même qu’il a bien compris le covidisme (voir plus haut), nous a appris que le gouvernement français n’avait pas agi dans cet attentat comme pour les autres attentats du même type ; je ne me rappelle malheureusement pas exactement ses propos. En tout cas vu comme les moines étaient aimés dans la région, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un assassinat sous faux drapeau, dont les responsables sont plutôt à chercher du côté « des services secrets algériens et de leurs relais en France » selon le livre de Jean-Baptiste Rivoire.
À Médéa, dont j’ai déjà parlé, nous avons visité un musée dont j’ai retenu seulement une illustration de « galop volant » de chevaux typique des Garamantes. Eureka, cela fournit une clé d’interprétation inédite (je pense) au fameux Derby d’Epsom (1821), de Théodore Géricault (voir cet article sur la vitesse). C’est aussi le seul endroit où nous ayons vu des cigognes.

Mosaïque des Travaux des champs, Musée public national de Cherchell.
© Lionel Labosse

Le Musée public national de Cherchell est d’une grande richesse, j’y suis notamment tombé en pâmoison devant l’Apollon de Cherchell, magnifiquement restauré. Les mosaïques sont d’une grande finesse, par exemple celle-ci (ci-dessus) que j’aurais volontiers prise pour la couverture de mon roman M&mnoux !
Le site de Tipaza est fort agréable, on y déguste d’excellent poisson grillé sur le port, avant de visiter le site antique de Tipasa de Maurétanie, qui a vu passer les Phéniciens, les Numides (auxquels selon Uderzo « il ne faut jamais parler sèchement »), les Romains, les Chrétiens, qui furent chassés par les Vandales ; enfin les Byzantins. Puis ce fut la colonisation musulmane. Ah non, zut ! quand une colonisation a définitivement gagné, ce n’est pas une colonisation, c’est un État ! Albert Camus, qui était attaché à ce lieu, en parla dans « Noces à Tipaza », d’où une stèle posée dans le site, quasiment illisible (cf. photos) : « Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure ». Non loin, nous avons admiré le Mausolée royal de Maurétanie appelé aussi par erreur « Tombeau de la chrétienne », un mausolée maousse qui a 2000 ans. Le coucher de soleil sur le mont Chenoua noyé de brumes avait de la gueule.

Oran

C’est à Oran seulement que l’on nous a proposé de l’alcool dans les restaurants prévus au programme. Oran est censée être plus libre de mœurs. Attention, il y a de l’alcool à Alger, mais c’est plus difficile à s’en procurer. On trouve des informations plus ou moins floues sur la question, qui déchaîne l’hypocrisie des islamistes et le ras le bol des citoyens dont la religion serait plutôt le football. Voyez cet article de 2015 , et celui-ci de 2021. Le résultat c’est qu’il est difficile de se procurer de l’alcool et qu’il est relativement cher. Cela dit à Oran les restaurants où nous sommes allés ont pignon sur rue, et les bouteilles d’alcool importé sont exposées sans pudeur. J’ai bu de la bière locale, sans goût, et nous avons visité une belle coopérative viticole à l’est de Mostaganem. Les vignes ne sont pas cachées, le commerce est prospère, mais bon ce n’est pas le gaz, quoi !
Nous avons visité le Fort de Santa-Cruz, construit par les Espagnols à la fin du XVIe siècle, après l’avoir admiré depuis le Palais du Bey en ruines, jouxté par un immeuble de 18 étages arrêté en plein chantier depuis des années. Ce devait être un hôtel, mais le permis de construire n’était pas réglo. Rassurons-nous, il ne sera pas détruit et devrait devenir un immeuble administratif. Le fort est un ensemble imposant qui domine la ville. Les Espagnols voyaient loin, et avaient prévu qu’il faudrait des points de vue pour les selfies ! Le sanctuaire Notre-Dame de Santa Cruz a été laissé en l’état, ce qui témoigne d’une ouverture d’esprit. Le fort en lui même, ben c’est un fort quoi, anté-Vauban. Côté Ouest, il est absolument interdit de photographier la base navale, lieu historique de l’Attaque de Mers el-Kébir de juillet 1940 ; voyez donc ma photo !
Au centre de la ville, nous vîmes la mairie, l’opéra, autour d’une place embellie par l’ex Monument de Sidi-Brahim, repositionné à Abd-el-Kader, œuvre à l’origine de Jules Dalou (1838-1902). La statue de la Victoire qui surmonte l’obélisque a été rebaptisée Renommée, mais à l’encontre du corbeau de la fable, n’a pas lâché la couronne d’olivier ni le rameau de chêne qu’elle tient dans les mains. Plus loin dans la ville, un hommage est rendu à Jean Goujon et ses nymphes de la Fontaine des Innocents. Il manque la 4e nymphe, la moins impudique ! Sur la façade de l’opéra, on remarque que les mosaïques n’oublient pas les É majuscules accentués. Je vous renvoie à mon article sur ce point crucial de la colonisation, euh, de la civilisation, euh, de la typographie ! Nous avons jeté un œil à la poste, aux installations surannées qui stimulent notre nostalgie.
La Cathédrale du Sacré-Cœur d’Oran n’a pas eu la chance de sa petite sœur d’Alger, car elle est devenue une bibliothèque abandonnée aux odeurs de pisse et aux fientes de pigeons sur les stalles (photo). C’est pourtant une œuvre intéressante de notre ami l’incontournable Albert Ballu, première église construite avec une structure en béton armé en territoire français (1913), 10 ans avant l’Église Notre-Dame du Raincy (1923), première en France, que j’admirais quand j’étais môme et que je passais devant pour aller nager au Raincy. J’ai photographié un fronton sur je ne sais plus quel édifice, je suppose un palais de justice. On y voit une allégorie de la justice étendre ses mains sur deux messieurs, l’un en costume indigène, l’autre vêtu à l’européenne. La Grande synagogue d’Oran que nous avons vue derrière la ligne de tramway, a été confisquée comme dix-sept lieux de culte juifs par le gouvernement en 1972. Quelques juifs vivraient encore en Algérie, dans la plus grande discrétion. L’article Histoire des Juifs en Algérie nous apprend que les premiers juifs se sont installés fuyant la terre d’Israël occupée par les Romains, et même sans doute encore avant. Puis il y eut des campagnes d’immigration successives, malgré le statut de dhimmi auquel les Français mirent fin. Oran étant occupé par les Espagnols, les juifs en furent momentanément expulsés. On lit dans cet article que « À partir d’avril 1962, la presque totalité des 150 000 Juifs part en métropole. » L’article pieds-noirs n’a pas le même chiffre. Je cite : « En 1962, environ 800 000 pieds-noirs quittent l’Algérie dont 512 000 entre les mois de mai et d’août ;
les Juifs (berbères ou séfarades) rapatriés d’Algérie : souvent associés aux pieds-noirs, estimés à 120 000 en 1962, environ 110 000 s’installent en France en 1962 ;
les Français musulmans rapatriés (FMR), aussi appelés FSNA (Français de souche nord-africaine) avant l’indépendance, puis souvent englobés sous le terme générique de « harkis », ils sont constitués de plusieurs groupes différents : anciens membres des forces supplétives (harkis, moghaznis, GMS…), militaires engagés ou appelés au côté de l’armée française et élites francisées (hauts fonctionnaires, membres du « double collège », députés, sénateurs…). Ils sont au nombre de 138 458 au recensement de 1968. »

Ruines de Mansourah, XIVe, Tlemcen.
© Lionel Labosse

Tlemcen

Tlemcen a été l’extrémité occidentale de notre parcours. Sur le marché j’ai remarqué des cardes toutes neuves et des tas d’instruments anciens encore fabriqués de façon artisanale. Nous avons visité le Palais El Mechouar, havre de calme à l’intérieur de la ville, puis à l’extérieur, les ruines de la Mosquée de Mansourah, qui datent d’un siège éphémère au début du XIVe. Il est très étonnant qu’un minaret à moitié détruit s’élève encore pour prendre des selfies pittoresques ! À l’intérieur de la ville nous n’avons pas pu entrer dans la Mosquée Sidi Boumediene, mais nous avons regardé des Palestiniennes se prendre en photo devant la porte pittoresque. De l’autre côté de la mosquée, le mausolée du même nom avec son puits sacré à la pierre usée par les siècles est en endroit très saint, qu’une peinture de Gabriel-Charles Deneux met en valeur au musée d’Oran. Nous avons visité la Grotte des Beni Add, avec ses grosses stalagmites et ptites tites, et nous avons fait halte pour admirer le viaduc de chemin de fer construit par Gustave Eiffel au-dessus des cascades d’El-Ourit.

Mostaganem

La route qui longe plus ou moins la côte n’est pas vraiment balnéaire. Le paysage industriel entre Mostaganem & Oran est d’une autre beauté, qui me rappelle le tableau de Georges Seurat Une baignade à Asnières auquel mon ami Carlos Franklin consacra un numéro des Petits secrets des grands tableaux.
Nous vîmes le balcon de l’hôtel de ville de Mostaganem (photo) d’où fut prononcé le fameux « Vive l’Algérie française ! » par Charles de Gaulle le 6 juin 1958, (il venait d’être nommé par René Coty le 1er juin le dernier président du Conseil de la IVe République) à l’issue d’une tournée à la Zelensky au cours de laquelle il s’adressera à la foule à plusieurs reprises. Voyez le documentaire de 8 minutes de l’ECPA sur cette tournée. De Gaulle reçoit des députés les pleins pouvoirs et œuvre pendant l’été 1958 à la rédaction d’une nouvelle Constitution, approuvée par référendum le 28 septembre 1958 à 79,2 %. Retrouvez les discours d’Alger et de Mostaganem ici. Bon, même si on peut être ému par ces foules et ce bonhomme de 68 berges qui a quand même une autre stature que l’asticocaïné qu’on se tape actuellement, ces images du service de l’armée sentent à plein nez la propagande, quand on sait ce qui va suivre.

Paysage industriel entre Mostaganem & Oran.
© Lionel Labosse

Voyez ce film de 15 minutes qui explique comment l’armée s’y prenait pour faire croire que les musulmanes voulaient ôter leur voile. C’est la même propagande que celle qu’on subit actuellement sur l’arnaque covidiste. M’est avis que la majorité des Français d’origine algérienne ont cette arnaque gravée dans l’inconscient collectif… Une de nos camarades pied-noire se souvient avoir assisté au discours d’Alger sur les épaules de son père…
J’ai remarqué le palais consulaire, inauguré en 1938, non loin de l’hôtel de ville (que l’on distingue parfaitement à la fin de la vidéo ci-dessus). Sa façade est ornée de deux caducées à deux serpents (semblables à mon tatouage pour les intimes), sous lesquels se trouvent deux dates, le tout en bas relief, ce qui est très étonnant. La façon dont les dates en chiffres romains sont constituées est difficile à comprendre (si des lecteurs & trices pouvaient éclairer ma lanterne…) Je lis « XXIX. DEC. / MD. CDI. » à gauche, et « .VII. DEC. / MD.CD.XIIL. » à droite. L’hypothèse de déchiffrement que je propose est : « 29 décembre 1901 » et « 7 décembre 1938 », ce qui correspond à la date de l’inauguration. Quant à 1901, je ne comprends pas. Sur le côté, nouveau caducée, avec une citation des Géorgiques de Virgile : « SALVE MAGNA PARENS FRUGUM AFRICANA TELLUS », avec « Africana » au lieu de « Saturna ». Proposition (à revoir) de traduction : « Salut, terre d’Afrique, Mère de moissons & grands hommes ». En fait de grands hommes, pendant notre déjeuner face au port d’excellents poissons grillés, nous assistâmes au spectacle d’un immense filet de pêche halé par une vingtaine de bonshommes, et cela dura tout le repas ! D’ailleurs en Algérie ça bosse dur, partout. Nous avons visité aussi un centre équestre avec une petite démonstration. Les chevaux font un peu pitié quand on les compare aux merveilleuses bêtes du cirque Gruss ! En revanche au retour, nous passâmes près de Mazagran, hélas sans s’y arrêter, mais il paraît qu’il n’y a que le nom qui ait laissé une trace. Mes parents utilisent toujours parfois leur service de mazagrans où j’ai bu maints cafés, sans en connaître la légende.

Quelques mots sur la flore. Nous avons admiré le bellombra, notamment à Cherchell, venu de la pampa pour donner de l’ombre à l’Algérie ! J’ai photographié un magnifique arbre de Judée au monastère de Tibhirine, private joke de nos moines car « selon une légende, c’est à cet arbre que Judas se serait pendu après avoir trahi Jésus Christ » (Wikipédia). À Oran, un joli cassier (acacia odorant) avec ses boules jaunes. Le Jardin d’Essai propose des arbres majestueux, évidemment du ficus en veux-tu, en voilà, des dragonniers, un camphrier… Les bougainvillées montent à l’assaut des murs comme il se doit. Plus bas l’Ortie à pilules menace les curieux de ses pilules hérissées de poils urticants. On trouve des poivriers, des lilas de Perse. Sur les marchés nous avons admiré des tombereaux de fraises, jouxtant des fruits orangés semblables à des prunes qui se récoltent au printemps, fruit du néflier du Japon, appelé bibacier. Et bien sûr oranges, bananes, pastèques et tutti quanti.

Je crois que je retournerai en Algérie (l’Est, Constantine, le Sud…) à moins que je n’y passe ma retraite le plus loin possible de la folie escrologiste & mondialiste !

Je mets un point final à cette série de 4 articles qui m’a pris 3 semaines de travail intense, le lundi de Pentecôte 19 mai 2023. Permettez-moi ce rappel : « Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. » (Actes 2:1-4) « Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des complotistes s’augmenta d’environ trois mille âmes » (Actes 2:41). La flamme de l’Esprit sain, ne sont-ce pas ces flammes qui jaillissent des champs d’exploitation gaziers d’Algérie ?
Nous aussi augmentons le nombre des complotistes & autres « platistes » (ceux qui croient que la poitrine de Chibritte est plate) en ce jour mi-férié. Les « platistes » s’opposent aux « bombistes » dans cette querelle qui rappelle celle entre gros-boutistes et petits-boutistes dans Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Espérons que le clan platiste écrasera la vile canaille bombiste !

Saint Esprit ou esprit sain dans un corps sain, même combat ! Croissons et multiplions ! Diffusez ces articles !

 Le 21 août 2023, Idriss Aberkane propose une vidéo très lyrique pour convaincre les Algériens, notamment de la diaspora, de placer leur fierté nationale au bon endroit : « Comprendre la psychologie nationale algérienne ».

Lionel Labosse

 Lire aussi « Jean-Michel Trogneux ou L’Arlésienne à Alger » (Algérie 1/4), Chefs-d’Œuvre des Musées des Beaux-Arts d’Alger & d’Oran (Algérie 2/4), et Voyage en Algérie (3/4) : aspects politiques.
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