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Les hommes battus, cela n’existe pas
« Violences faites aux femmes » : quand la parité n’est pas politiquement correcte
Une autoroute de pensée fort frayée
vendredi 30 novembre 2007
Tapez sur un moteur de recherche « violences faites aux femmes ». Vous aurez des centaines de liens, tel celui qui mène au Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité, qui sous le titre « Égalité entre les femmes et les hommes », proposait, à la date de rédaction de cet article, une page consacrée uniquement aux « violences faites aux femmes », formule changée subséquemment en « Violences contre les femmes » (constaté en février 2015). Autoroute de pensée fort empruntée. Rares sont les féministes pro-sexe à soulever certains lièvres, à l’instar de Virginie Despentes : « quand on affirme que la prostitution est une « violence faite aux femmes », on veut nous faire oublier que c’est le mariage qui est une violence faite aux femmes, et d’une manière générale, les choses telles que nous les endurons » (King Kong théorie). Et si le mariage était une violence faite aux femmes… et aux hommes ? Et si ce n’était pas le patriarcat seulement, mais aussi le matriarcat qui était gênant, c’est-à-dire moins le « patr » ou le « matr » que le « arcat », celui-là même que l’on peut accoler du préfixe négatif « an » pour s’en débarrasser ? (anarchie). Et si ce qui était gênant dans la « domination masculine » que les féministes béats ânonnent comme un mantra, ce n’était pas tant « masculine » que « domination » ?
Des affiches choc
Dans mon lycée, et dans la ville de Seine-Saint-Denis où il se trouve, de nombreuses affiches de cette campagne proclament des slogans du style : « Un homme violent avec sa femme c’est pas un bon père » ; « Je suis un homme je ne la frapperai jamais » ; « tu es nul si tu la frappes », « Moi je ne frappe pas j’aime ; Akim, 21 ans », etc. On remarque en passant une distinction intéressante : les campagnes anti-pédophiles oubliaient de préciser ce fait gênant que la plupart des abus sexuels pédophiles se produisaient au sein de la famille, et au contraire ces campagnes sur les violences de genre semblent oublier que les femmes sont souvent agressées ou du moins harcelées en dehors du foyer : les slogans ne font référence qu’à la relation conjugale. La palme de la photo sexy de femme battue revient à cette fameuse campagne du Ministère de la Justice présentant une femme battue avec pour slogan « passionnément, à la folie, pas du tout ». On peut la voir en vignette, mais aussi sur ce site, avec un dossier intéressant. Ça donne vraiment envie. Pas de frapper spécifiquement une femme, mais de frapper quelqu’un dans le cadre d’une relation sexuelle. En effet, il suffit de renverser le slogan ci-dessus : « Je n’aime pas, c’est juste pour le cul, donc je frappe ». De nombreux sites « LGBT » reprennent en chœur le thème de la campagne, comme par exemple Les Panthères roses. Sur cette dernière page, on peut lire pourtant : « Les Espagnol-e-s ont promulgué en décembre 2004 une loi-cadre contre la violence de genre ». Sur le site Alternative Libertaire, on peut lire « violence domestique ». Eh oui ! une nuance de vocabulaire fait toute la différence. Entre « violence de genre », « violence domestique » et « violences faites aux femmes », il y a toute la distance entre autoroute de pensée et réflexion autonome. En 2009, on note un début d’évolution sur le sujet. En effet, le site ministériel dont l’adresse url est stop-violences-femmes utilise le terme de « violences conjugales », même si sur le site, tous les mots sont accordés au féminin… Encore un petit effort, messieurs-dames les énarques, pour être révolutionnaires… Le terme « violence de genre » est sans doute plus approprié, il permet d’échapper à l’enfermement dans le couple qui ressort des slogans relevés ci-dessus, et d’englober toutes les agressions dont sont victimes les femmes, et de ne pas ignorer, donc cautionner, les violences dont les hommes sont l’objet, ni les violences commises dans le cadre de relations non hétérosexuelles.
Violence masculine ou violence domestique ?
Soyons clairs : par le vaste monde, les femmes sont de loin les plus nombreuses victimes de violences domestiques et d’autres violences publiques, dont la pire est sans doute d’être privées de moyens d’émancipation par l’éducation, et il faut lutter avant tout pour l’émancipation des femmes [1]. J’ai d’ailleurs abondamment fait mon devoir d’enseignant en traitant la question, par exemple avec la commission femmes d’Amnesty International. En France, si l’on ne parle que de violences domestiques, la proportion de femmes parmi les victimes doit être légèrement moindre que dans le monde entier, mais pencher largement du côté des femmes victimes. Le problème n’est pas la « violence faite aux femmes », mais la « violence domestique », nuance, y compris lorsque les enfants en sont victimes, de la part du père, de la mère, ou des deux. Je relève sur le site de l’observatoire du communautarisme cette réflexion judicieuse sur l’Espagne (car malgré le nom « violence de genre », en réalité, la loi est aussi restrictive que les pratiques franco-françaises : « Le mariage entre personnes de même sexe ayant été légalisé en Espagne, on peut s’interroger sur le fait de savoir comment les magistrats expliqueront demain à leurs justiciables homosexuels masculins les raisons qui les conduiront, en cas de violences conjugales, à les pénaliser plus durement que leurs consœurs lesbiennes. Faudra-t-il une nouvelle loi ? » Eh oui ! Même si, dans les pays développés, les hommes battus ne représentent que 5 ou 10 % des cas, leur négation systématique par les statistiques est un déni de réalité significatif. Et en dehors du couple, il y a les violences dans le monde du travail, et dans l’espace public. Mais de plus en plus, on constate l’existence de groupes de filles violentes. N’est-ce pas partir sur une fausse piste que de désigner à priori un genre comme coupable, un autre comme victime ?
On lira avec profit l’étude de Daniela Gloor et Hanna Meier. Extraits : « Qualifier tout acte agressif sur le plan physique au sein du couple – qu’il soit l’œuvre d’un homme ou d’une femme – de « violence domestique » ou violence du ou de la partenaire est tout aussi inapproprié que de mettre sur pied d’égalité un comportement violent et dominateur systématique, répété ou grave dans une relation de couple – exercé par un homme ou une femme – et l’acte, comparativement beaucoup moins problématique, dû à une explosion ou à une agression physique occasionnels. Nous sommes en présence de deux phénomènes ou de réalités de vie totalement distincts et nous devons apprendre à en tenir compte de façon différenciée – que ce soit dans la recherche, mais aussi dans la pratique et la politique. » ; « Il faut prendre au sérieux et protéger les victimes masculines – comme les victimes féminines. Toutes deux ont droit à la même empathie et les unes ne doivent pas être (de nouveau) utilisées au détriment des autres. Précisément dans le travail pratique, les hommes ont souvent des résistances considérables pour reconnaître les victimes masculines et pour leur apporter une aide adéquate. À ce jour, ce sont en majorité les travailleuses sociales qui décèlent les cas de victimes masculines ». Voir aussi l’article d’Alain Bensimon ainsi que l’article de Wikipédia intitulé : violence conjugale.
Les non-dits des slogans
Quant à ces slogans qu’on affiche sans discernement sur les murs des lycées et des cités de Seine-Saint-Denis, ils sont à mon avis aussi contre-productifs que les imprécations de Ni putes ni soumises. Leur présupposé est clair : premièrement, toute femme doit être hétérosexuelle et se coller avec un partenaire de sexe masculin. Qu’il ne soit pas violent est présenté comme secondaire. Deuxièmement, dans un couple, seule la femme est susceptible d’être battue. Les hommes battus, qui ne représentent donc qu’une minorité des victimes de violences domestiques, n’ont plus qu’à se suicider. Enfin, la violence est forcément physique. La violence psychologique est niée. Même si elle semble mise à l’index, la violence hétérosexuelle masculine est présentée par cette campagne comme allant de soi. Ce qui m’exaspère, c’est que tout adulte, comme moi, connaît forcément autour de lui des cas d’hommes battus, d’hommes humiliés par une épouse ou conjointe abusive (ou parfois par un conjoint, de même chez les lesbiennes ; cf. Les Larmes amères de Petra von Kant, de Rainer Werner Fassbinder). Alors pourquoi une telle normopathie, qui laisse prospérer ce genre de propagande univoque ? Et pourquoi tant se focaliser sur les violences domestiques uniquement, et oublier par exemple qu’aucune loi n’a jamais obligé les conseils d’administration des grandes entreprises à augmenter la proportion de femmes en leur sein ? Que l’Assemblée nationale et le Sénat comprennent une proportion ridicule de femmes ? Dans le cadre d’un voyage en Corée, j’ai relevé quelques pictogrammes affichés dans le métro, qui témoignent également, paradoxalement, d’une conception machiste qui considère que seules les femmes peuvent être victimes d’un certain nombre d’actes sexistes (main aux fesses, photographie par smartphone sous la jupe). Certes ces actes existent, mais afficher leur existence par des pictogrammes, n’est-ce pas, d’une certaine manière, les légitimer ?
– Exemple d’affiche [2] hétérosexiste due à l’association Elu/es contre les violences faites aux femmes (ECVF) : pour les auteurs de cette affiche (datée de 2008), un couple ne peut être qu’hétérosexuel. Une femme lesbienne est-elle, selon eux, incapable de violence à l’égard de sa compagne ? Aucun « il » n’est-il jamais battu par une « elle » ? [3]
Les intégristes laïco-féministes
Cette attitude est à mettre en parallèle avec la position jusqu’au-boutiste de certains intégristes de la laïcité qui s’agitent actuellement pour que la loi sur la laïcité interdisant les signes ostentatoires d’appartenance religieuse à l’école soit d’une part étendue à tous les lieux publics, d’autre part limitée aux seuls signes religieux musulmans féminins, ce qui révèle la véritable nature de ce genre de militants, non pas tant laïcs qu’islamophobes. Voici des extraits d’une pétition datée du 31/10/2007 intitulée Adresse au Président de la République et aux parlementaires pour limiter le port du voile, atteinte à la dignité des femmes : « Ainsi, dans l’espace public, de plus en plus de fillettes et de jeunes filles mineures portent ce marqueur de discrimination sexuelle qu’est le voile, manifestation archaïque de l’oppression des femmes. De plus en plus de femmes sont enveloppées dans une burqa qui les cache entièrement. […] Le foulard islamiste, étendard d’un fanatisme qui tente d’envahir des espaces et des esprits, est clairement une atteinte à la dignité des femmes. » On pratique donc l’amalgame entre un simple foulard comme en portaient de nombreuses femmes françaises chrétiennes en 1950, et « une burqa » [4]. Plus loin, on trouve cette phrase : « Enfin accepter l’endoctrinement des enfants porte atteinte aux droits des enfants. » Il est extraordinaire que les auteurs de cette pétition ne fassent pas la différence entre « enfant » et « adolescentes ». Et tout à fait révélateur que, alors qu’ils ont choisi le mot « enfant » au masculin plutôt qu’un nom féminin, ils excluent totalement de leur pétition les enfants juifs de 3, 4, 6 ans, aussi nombreux en France à porter la kippa que les adolescentes musulmanes à porter un foulard, à la différence qu’ils le font en toute liberté dans des établissements scolaires privés soustraits à la loi susdite, aussi bien que dans la rue. Ce qui est endoctrinement chez les adolescentes musulmanes (il est fort rare de croiser des fillettes musulmanes avec un foulard) est sans doute pour ces signataires, manifestation d’une liberté de choix totale chez les petits garçons juifs. C’est amusant, chez certains féministes, comme la femme — fût-elle une lycéenne en pleine crise d’adolescence — est forcément toujours irresponsable et endoctrinée, alors que l’homme est forcément toujours souverain et soustrait à la domination non pas tant masculine que familiale, fût-il un bambin. Au risque de me répéter, pour libérer ces femmes en « burqa » de l’oppression masculine, la seule solution est l’abolition du mariage, car si on leur interdit de porter la « burqa » dans l’espace public, la conséquence est évidente : elles n’auront plus le droit de sortir de la prison conjugale. [5]
Hommes battus, hommes victimes : sujet tabou
Dans le cadre de son travail de journaliste sur France Culture, Isabelle Rossignol, auteure de F comme garçon a osé aborder ce sujet tabou : Détruire, disent-elles. Extrait de l’article de présentation : « Parler d’hommes battus est encore tabou en France. Pourtant, les cas se multiplient et il semblerait que les femmes soient particulièrement habiles en matière de persécution. » Dans un article de présentation de cette émission Véronique Brocard précisait : « On sait qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint, selon les chiffres de la préfecture de police. Mais sait-on, toujours selon ces sources, qu’un homme subit le même sort tous les quatorze jours, victime de la fureur de sa femme ? » (Télérama 3017, 7 nov 2007). Voir un autre article édifiant sur le sujet publié en 2015 sur le site du Monde : « Hommes battus : des chiffres pour comprendre une réalité méconnue ».
Dans le milieu altersexuel, il faut taire ce genre de réalités. Le premier qui dit la vérité se fait rappeler à l’ordre au nom de l’efficacité du « combat communautaire ». Voir par exemple un article de Marc Endeweld pour feu Têtu intitulé « Non, M. Verdier, vous n’avez pas le monopole des « mâles » ! », où les arguments de Verdier étaient caricaturés et réduits à une pure et simple négation de la « domination masculine ». Il faut croire que « domination masculine » et « patriarcat » sont le « om mani padme hum » qui à lui seul permet l’intronisation de l’impétrant dans le milieu de la militance bien-pensante LGBT. « J’ai péché, mon Père. — Qu’à cela ne tienne, mon fils, vous me réciterez deux « domination masculine » et trois « patriarcat ». Amen. » Et surtout, ne pensez pas par vous-même, ça vous froisserait les idées. Quand Éric Verdier met le doigt sur la sur-suicidalité des jeunes gais et lesbiennes, on le salue parce que ça arrange les affaires de la « communauté », c’est un sage, un prophète. Mais quand il poursuit ses recherches et met le doigt sur la sur-suicidalité des pères victimes d’aliénation parentale, ça fait tache, père égale mâle, et mâle y en a ontologiquement coupable (« domination masculine », « patriarcat », amen), donc Éric Verdier est un charlatan, d’ailleurs si ces mères abusives qu’il dénonce poussent ces pères spoliés au suicide avec la complicité de la justice, c’est qu’ils leur avaient fait subir leur « domination masculine ». Et puis si ce n’est eux, c’est donc leur frère, vieille rengaine… Quelqu’un qui serait un intellectuel, mais serait quand même pourvu d’un esprit critique se demanderait ce que cache ce slogan aux relents donjuanesque : « une femme tous les trois jours ». Cela nous fait 122 femmes par an, de quoi, en effet, mobiliser toutes ces énergies, tout cet argent public, toute cette indignation automatisée d’intellos mondains. Les statistiques du suicide font état d’« un suicide toutes les 40 minutes, environ 160 000 tentatives de suicide, plus de 11000 morts par an », selon le site infosuicide.org, c’est-à-dire à peu près cent fois plus. Avez-vous le moindre souvenir d’une manif d’intellos mondains « contre le suicide » et « pour la prévention du suicide » ? Ils sont faibles, qu’ils crèvent. Et ne parlons pas, ne parlons surtout pas du cancer du sein, dont la prévalence, souvent mortelle, ne cesse d’augmenter : on parle maintenant d’une femme sur 9 qui serait atteinte… [6]
En 2014, Parents criminels : l’omerta française, documentaire d’Amal Mogaïzel, nous rappelle un autre chiffre qui permet de relativiser, au sein des violences domestiques, la part des femmes, celle des hommes, et celle des enfants : « Sept cents enfants meurent chaque année en France, tués par leurs parents ». Pour les amateurs de slogans, cela fait deux enfants tués par jour…
– On trouvera un témoignage sur les violences domestiques dans La Gitane et son destin, de Mossa.
– Voir aussi la polémique (regrettable) entre SOS Papa et Les Papas = Les Mamans.
– En 2010, la Poste publie une série de timbres consacrés aux « Violences faites aux femmes ». Très bien, mais un timbre me laisse pour le moins dubitatif : en haut à droite sur le lot de quatre ci-dessus. Des fillettes en tenue islamique étudient je ne sais quoi ? Le Coran ? On ne peut laisser passer une photo comme celle-ci. Que doit-on comprendre ? Que le fait de forcer une fillette à étudier est une violence, ou que le fait de la forcer à porter un foulard en est une ? Mais dans ce cas-là, pourquoi ne pas intégrer des photos de garçonnets en kippa dans une salle de classe, dans le cadre d’une campagne sur « la violence faite aux hommes », ou mieux, contre l’embrigadement religieux. Pourquoi pas ? Mais cette photo, isolée dans la planche de cette série, me laisse un goût amer, comme si on pointait du doigt spécifiquement une partie de la population française, toujours la même.
– Parmi les organismes qui luttent efficacement contre les « violences sexistes », voir l’intéressant programme canadien « Viraj » : « Prévention de la violence sexiste dans les relations garçons/filles » (1997), adapté en France et téléchargeable sur le site du réseau « Avec ». On y trouvera notamment des lettres fictives auxquelles les élèves pourront répondre, ce qui leur permet de se glisser dans la peau de l’homme ou de la femme victime de comportements abusifs.
– En décembre 2015, suite aux attentats, on commence enfin à se rendre compte que parmi les nazis de l’islam figurent aussi des femmes, et pas qu’un peu. Selon cette enquête de de Laetitia Saavedra pour France Culture, les « faibles » femmes « victimes de violence » représentent 35 % du contingent français de l’État islamique, contre 10 % en 2013. Mais on parle fort peu des femmes Kurdes, elles aussi musulmanes, qui luttent contre ce fascisme, à l’instar de Viyan.
– Les militants des « Violences faites aux femmes » oublient systématiquement un aspect du problème : l’interdiction pour les femmes seules d’utiliser certains transports publics à certaines heures. Cf. cet article.
– Le délire sur le sujet continue en 2017 avec l’opération com de Macron.
Voir en ligne : Le site du Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité
© altersexualite.com, 2007
[1] Il faudrait aussi savoir différencier des pays comme l’Iran où, malgré l’obligation de porter un tchador, les femmes accèdent sans problème à un haut niveau d’éducation, avec des pays où elles sont peut-être moins affublées de voiles, mais privées de tout accès à l’éducation. Il n’y a pas que le costume qui compte.
[2] En réalité ce n’est pas tant l’affiche en tant que telle qui est contestable, que la campagne, qui a le tort de ne comprendre qu’une affiche allant dans ce sens. Je trouve le slogan de la campagne de l’association Care tout à fait correct : « Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté, de la violence et des inégalités ». Je n’ai pas retrouvé sur le Net l’affiche vue dans le métro avec ce slogan.
[3] Pas contente du tout, l’auteure de cette affiche à sens unique, toute en douceur féminine non-violente et anti-macho, m’a traité de « théoricien de mes deux », et a menacé de me faire un procès et de me « crever les pneus » (super pas macho et pas violent) ! Voir à la fin de cet article le détail de cette discussion, et comment des collègues à elle l’ont ramenée à des sentiments plus mesurés… en attendant qu’elle comprenne, en relisant mon texte à tête reposée d’ici quelque temps, d’une part ce que cette affiche a de contestable, d’autre part que, hors pays totalitaires, il est loisible à un citoyen d’exprimer une opinion sur une œuvre — d’autant plus s’agissant d’une affiche apposée dans des espaces publics — même si cette opinion n’est pas une « promo » ! Enfin, mon appréciation ne concerne pas du tout l’œuvre graphique, un véritable chef d’œuvre, mais uniquement le slogan choisi par l’association.
[4] En ce qui me concerne, je crois avoir vu autant de femmes en « burqa » dans la rue en France que j’ai vu Jean-Pierre Coffe en jock-strap au Louvre, mais je suis prêt à signer une pétition interdisant scrupuleusement à Jean-Pierre Coffe de se balader en jock-strap au Louvre, parce qu’il y a quand même des limites… Voir aussi dans le n° 4 du Tigre du 27 mars 2010, page 2, un vibrant appel au législateur pour qu’il empêche le port par les voitures du « voile intégral automobile » !
[5] Voir l’article de Pierre Tévanian : « Une loi antilaïque, antiféministe et antisociale », et celui d’Abir Krefa : « Marianne et les femmes musulmanes ».
[6] J’ai apprécié l’analyse de Philippe d’Iribane dans L’Étrangeté française (Seuil, 2006), qui voit dans cette obsession à défendre des idéaux, une spécificité de notre pays : « De nos jours, le désir de construire une humanité ainsi rénovée anime de nombreux combats prenant pour cible le racisme, l’islamophobie, le sexisme, l’homophobie, s’attaquant à toute forme de discrimination, luttant au côté des sans-papiers, des sans-statut, des précaires. En dépit des résistances des « nouveaux réactionnaires », ce projet radical constitue, au moins tant qu’il ne s’agit que de mots, l’image de référence des élites pensantes » (p. 89). Cela donne régulièrement des manifestations de 500 personnes dont 400 intellectuels parisiens qui se retrouvent ainsi entre eux sur le ressort indignatoire du jour, avec un retentissement médiatique d’autant plus fort qu’ils et elles ont pour voisins de palier les journalistes les plus influents.
Messages
1. « Violences faites aux femmes » : quand la parité n’est pas politiquement correcte, 18 février 2009, 20:53
Je commencais mes recherches à propos de la nuit de valognes que j’étudies en première L et dont je suis très inspiré.
J’avais lu la pièce puis voulait confronter mon point de vue personnelle à une autre critique.
Ainsi je suis arrivé sur ce blog et j’ai commencé à lire. Puis peu à peu je me suis intêrréssé pour d’autres oeuvres que vous aviez commenté (dont une que vous aviez cité : les buchés de sodome qui m’intrigue particulièrement)
J’ai toujours aimé savoir tout sur n’importe quel sujet et je n’approuve pas l’obscurantisme néanmoins je regarde différent point de vue en essayant d’être objectif.
Sur votre discours argumentatif désacralisant les fiches préventifs concernant la femme battue, je ne m’attendais pas à un tel blame.
Cependant j’ai réfléchi et je pense pouvoir vous dire que je suis en partie d’accord.
Certes la surpublicité d’une partie du sujet entrainant ainsi le blame sur l’homme et éclipsant les suicides homosexuels s’avèrent être fondés. Néanmoins ce gouvernement reste ce qu’il est : une république réellement mise en place depuis un siècle. Alors je pense que c’est à notre génération d’étudiants de bannir les tabous et les non dits que la génération précédente a déjà commencé. L’avenir peut éclairer ces tabous et les supprimer. Ceci est une pensée optimiste mais il m’arrive de croire au genre humain quand je vois votre révolte sur ces tabous.
PS : en ce qui concerne la religion, je n’avais jamais réfléchi sur cette visions toutefois je pense que ces textes partant d’un bon fond ont du dérapé (ou bien je suis trop naive et je ne vois pas le monde tel qu’il est en réalité)
PPS : je serais flatté de poursuivre cette conversation si vous le souhaitez.