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Ceci n’est pas un poème

Route de la Soie

Notes de voyage

samedi 25 août 2007

Quelques notes sur une toute petite partie d’un pays fascinant, où j’étais déjà allé en 1988. (Voir Le Yin, le Yang et le Gai). Le lecteur indulgent pardonnera le côté titillant, pas gentil. Ce ne sont pas là que de jolies images et de bons sentiments. Qu’on se le dise, mon âme est un cloaque malodorant, débordant de haine qui ne demande que d’inoffensifs Asiatiques sans défense pour se déchaîner… Je ne publie ici que le début du texte ; la suite n’est pas montrable sur un site public ; seulement dans l’intimité d’un livre ou d’une revue. Avis aux éditeurs…

Quelques notes sur une toute petite partie d’un pays fascinant, où j’étais déjà allé en 1988. (Voir Le Yin, le Yang et le Gai). Le lecteur indulgent pardonnera le côté titillant, pas gentil. Ce ne sont pas là que de jolies images et de bons sentiments. Qu’on se le dise, mon âme est un cloaque malodorant, débordant de haine qui ne demande que d’inoffensifs Asiatiques sans défense pour se déchaîner… Je ne publie ici que le début du texte ; la suite n’est pas montrable sur un site public ; seulement dans l’intimité d’un livre ou d’une revue. Avis aux éditeurs…

Avant d’embobiner le fil de l’Occident
La Chine se commence par son milieu Beijing
Temple du ciel architecture de vide et d’arbres
Cyprès antiques posés sur des prairies de trèfle
Le trône du ciel est une cathédrale d’air et de marbre
Sans flèche sans portail sans vitrail
Les anciens Chinois étaient humbles devant les dieux
Aujourd’hui encore lorsque les buildinosaures
Écrasent de leurs pieds sans pitié les hutongs
Ils poussent en largeur ils n’osent pas gratter le ciel trop haut

Je vous ennuie avec mes commentaires que sais-je de la Chine
J’y ai posé mes pieds aveugles par deux fois
Touristosaure en mal d’Orient quatre-vingt-huit et deux mille quatre
J’ai lu deux ou trois choses je cause je cause je cause
Mais je connais la Chine comme on connaît la vie si peu si mal
Chair douleur et joie causons causons
De Chine de Route de Soie de toi de moi

Le péquin pékinois crachait à qui mieux mieux
Pas du meilleur effet pour les J.O. de 2008
On t’invente le SRAS et le tour est joué
Cracher n’est plus tant péquenot qu’insalubre
Pourtant à la piscine que fait cette boîte à côté du plongeoir
C’est un crachoir et voici la videuse de crachoir
Quel beau métier vous n’allez pas nous les mettre au chômage
Nos millions de Chinois tant de zéros avec un un devant
Un un maousse Mao mausolée qu’on visite machinal
Vive les petits métiers vendeur de figues vendeur d’œufs de parapluies sous la pluie
Vendeur d’œufs teints en rouge aboyeur de bus
Madame pipi monsieur caca surtout ne lavant pas
Leurs latrines ils ne sont pas laveurs juste preneurs de yuans
Voici la balayeuse de poussière de droite à gauche
Et sa collègue balayeuse de gauche à droite
Les étaleurs de saleté sur halls carrelés
Gratteurs et laveurs de moquettes
Surtout ne parlez pas d’aspirateur
Son invention n’est prévue qu’au XXIIIe congrès du Parti
En même temps que les bulldozers en attendant
Nous détruirons les édifices à la masse à la main
Nettoierons la moquette à la brosse à chiendent
Bientôt nous apprendrons même l’anglais à cent millions d’enfants
En attendant débrouillez-vous avec vos doigts
Pour vous faire comprendre de ces traceurs d’idéogrammes
Aïe mes doigts gourds tracent en l’air des idéokilos
Qu’y puis-je avec mon alphabet d’alpha-idiot

Ils ont des solutions radicales nos amis maoïstes
Rayer du vocabulaire le mot sœur le mot frère oncle et tante
Rayer l’idéogramme et rayer l’idée même
La pyramide des âges se serre la ceinture
Elle s’évase à la base et meurt de faim
C’est monstrueux oui mais ils mangent
Nous autres en Occident, on n’est pas des sauvages
La pyramide on te l’étrangle à coups de guerres mondiales
Quel manque à gagner Monsieur Pampers sans compter que les salauds
Les rares bébés qu’on leur laisse pondre
Ont les fesses en fleurs de lotus
Leurs cacas glissent direct des pantalons fendus
L’Europe a bien raison de crier sus aux pédophiles
De cacher les popotins des bébés
Et d’emballer leur précieuse merde dans des couches
Quand des archéologues venus d’autres planètes
Fouilleront la terre dans dix mille ans
L’Europe et l’Amérique seront enfouies sous une couche
Géologique constituée de milliards de couches
Tandis que la Chine éternelle sera toujours toute nue face au ciel
Achetez des actions Lotus
Et dites à ces Chinois ce qui leur manque pour être tout à fait civilisés
En parlant de caca dépêchez-vous d’aller en Chine
Bientôt vous ne verrez je veux dire sentirez plus ces latrines
Où l’on chie de conserve sans porte ni cloison
Et le caca s’accumule
En un gâteau conique camaïeu d’ocres au coulis de pipi
L’odeur de pisse rance est plus que les épices
L’odeur de référence de la Chine
Pas de poubelles non plus les ordures
Participent à la symphonie des miasmes
Pittoresque qui ravit les Longs-nez que nous sommes

C’est parti train et bus nous tirent chaque jour plus vers l’Ouest
Nous c’est-à-dire un groupe de touristes et moi
Je sais ce n’est pas bien de voyager en groupe
Si l’on en croit Monsieur Je-sais-tout Madame Idée-reçue
Je suis mauvais élève je fais tout pas bien
À Paris à Damas à Lima peu m’importe où
Je croise des humains de n’importe où
Des Chinois Japonais Espagnols Togolais
Et ce poème torchez-vous donc avec c’est un poème en groupe
Nous donc cette douzaine d’humanoïdes et moi partons pour le Gansu
Lanzhou, forêt d’immeubles dans la vallée
Autoroutes lancées à l’assaut du Qinghai
Comme des fleuves inflexibles
Charriant des cortèges de camions chargés de ruches
Les abeilles les escortent comme des électrons
Quel Bouddha géant se prenant pour un Zeus
Bouddha couché qui s’est réveillé de son stupa
Vous a damé ces montagnes de lœss
À grands coups d’éventail
Pour leur creuser un lit

Sur la route ancienne à coups de pelle
Ce sont les dames les frêles dames qui dament la chaussée
Et pourquoi donc qu’on leur aurait laissé pousser les pieds
Les petits pieds bandés des courtisanes
Tandis que messieurs les véhicules faisant la queue et la forçant
Klaxonnent à qui mieux mieux
Pour doubler pour ne pas doubler
Pour qu’on les double ou pas qu’on les double
Pour affirmer leur virilité que sais-je pour occuper leur main
À autre chose qu’à caresser ces dames absentes parce qu’elles dament
Il n’y a qu’en Europe qu’on croit
Qu’il y aurait des métiers doux pour dames au point de croix
Les dames dament et les hommes se damnent
Quoi de neuf sous le soleil

Les collines au sud couvertes de soie ocre
Aux versants ravinés et plissés jupons de soie froissée
Sont des offrandes aux idoles de la haute montagne
Dont on ne voit que la cheville
Plus à l’ouest sont rangées les robes repassées des dunes de Dunhuang
Au dur roi qui voulut des robes de marbre
Dites-lui qu’elles soient réduites en poudre
Avec pour les coudre
Un fil qui soit non de soie mais de vent
À Kucha ce ne sont plus des robes mais des piles
De coupons d’étoffes en vrac ocre beige marron
Les voilà les montagnes qui s’alignent en crinolines
À la lisière du parquet de bal du désert
Honteuses de salir de leurs escarpins boueux
Le tapis touffu des oasis
Et nul chameau ne les invite
On est sa montagne à soi-même quand on a deux bosses

Kashgar de l’Est symphonie minérale
Ocre gris vert-de-gris
Pattes et crinières de lions amoncelées
Prêts à bondir sur le premier chameau chauffeur qui s’égare ou s’endort
Tout au bout de la Chine route de Karakol
Glaises ocres vertes et beiges avec l’eau qui dévale
Même une couche de noir la falaise a mis du khôl
Hommage aux dames qui toujours dament

Passerelle de la gare de Xining fascinante comme toutes les gares
Chacun gagne petit vendeur de chaussettes
Deux ou trois paires de lunettes
On tente sa chance au lancer d’anneau sur des lots
Paquets de cigarettes miroirs
Les tronches sentent le Tibet pas la Chine
Femmes à tresses et coiffes noires
Hommes à cheveux mi-longs chapeaux de cow-boy
Motards à têtes de tueurs pommettes saillantes
Éclopés photogéniques pied demi-gangrené
Qu’on étale sur le trottoir
Charité du matin les vacances me font moins égoïste
Mon mendiant du jour était un manchot double
Homme sans avant-bras
Qui ramasse un billet sur le trottoir comment va-t-il s’y prendre
Il a de la chance en voici un sans bras ni pied
Et le gérontogosse de Qianmen à Beijing que son copain
Promène sur ses épaules
Ce père avec son fils brûlés tous deux dans le métro
Mendicité sans parole ni musique

Xining petit matin berges du fleuve
Toutes les gymnastiques possibles à 2 à 3 seul ou en groupe
Records de lenteur et de vitesse escrime en solitaire en escarpins
Marche ou piétinement pour vieillards vieilles dames
Cantatrices partout qui s’entraînent
Musiques cacophonie harmonie
Maomorphes messieurs avec oiseaux en cages
Le matin dans leurs cages les oiseaux volent
Et le soir dans les parcs les amoureux batifolent
Semblables aux pihis d’Apollinaire
Qui volent par couple mais qui n’ont qu’une aile

Monastère de Kumbun lamaserie de bonnets jaunes
Alignements de chtortens stupas de saints bouddhistes
Bougies de beurre de yak génuflexions àplatventrations
Ex-voto mini-dons en piécettes et biftons
Priez implorez et bientôt vous croasserez et multiplierez
Om mani padme hum
On a le Goddam qu’on peut
Devant des centaines de statues de bouddhas
Boddhisatvas en ribambelles
Murs d’alvéoles débordant de parchemins sacrés
Cheval divinisé du panchen lama qui c’est celui-là
C’est le second du dalaï sous-pape spirituel de sûreté
Lamas qui psalmodient au rythme du tambour les sutras
Et crachent ah les chameaux négligemment
En discutant le bouddha de gras
Peu de moinesses pourtant il y en aurait
Comme a dit le Bouddha la première des nonnes
Est moins que le dernier des moines
C’est une philosophie mon cher et pas une religion
Philosophie mon cul l’habit fait le moine
Turlututu lama chapeau pape pointu
Bouddha rabbin bout d’un rabat brahmane imam
C’est bonnets jaunes et rouges bonnets

Entre X et Z zigzags de Xining à Zhangye
Poux blancs des moutons poux noirs des yaks
Posés sur le velours camaïeu vert de la montagne brumes et pluies
Patients passagers entassés dans l’allée du bus rôdés
Au délestage des sacs de vomi
Des dames dont les virages retournent l’estomac

Le bouddha géant de Zhangye couché sur son lit de lotus
Sourit sur son coude hiératique
Et les lokapalas gardiens des points cardinaux
Nous font les gros yeux on se tient à carreaux
Svastikas sur le sternum avec les branches bien à droite
Ceci dit en passant contre une idée reçue
Tétons hémisphériques de vingt centimètres hou la la
J’ai la démangeaison du piercing
Le tout enclos dans le cercueil d’un temple à sa mesure
Aillet Çakiamuni t’en as fini de tes rondes terrestres
Tu peux pioncer dans ton nirvana d’argile polychrome
Tandis qu’autour de toi tes disciples prennent des poses triviales
Ils sont comme nous la vie c’est des masques et grimaces
C’est à Zhangye qu’il m’a semblé percevoir quelque chose
De la peinture orientale les arbres morts
Tordent leurs branches comme des idéogrammes
Et sur les calligraphies les caractères
Sont des buissons biscornus des forêts de symboles
Le monde est écriture et l’écriture est monde
Voici un personnage qui s’ouvre le ventre
Or le boudin de ses viscères est un bouddha
Un autre rabat la peau de son visage ancien sur un visage serein

Des incisions sur os pour touristes
Prônent l’antique vagymnastique
Mais où donc est la pine
De la Chine d’aujourd’hui
Le maoïsme est-il coïto-compatible
They don’t even know the word exists [1]
Says Chris handsome english student who has just spent one year
Travelling in Asia according to him Chinese men are ugly
Unfortunately he did not think that by himself
Female travellers just said it to him
But why did he ask them
Excuse-me for my speaking english like indian cow

Mogao bouddhaland à Dunhuang avec des grottes
Qu’on ferme comme des clapiers des fois que les touristes
Vous useraient les fresques avec leurs mauvais yeux
Mais qui vois-je ici ce bon vieux Lao-tseu
Qu’on a divinisé sur sa fleur de lotus
C’était bien gentil Confucius Lao-tseu
Et leur philo triste à mourir amour des rites et non-agir
Pourtant il faut que le bon peuple craigne et s’incline
Devant des effigies de paille et d’argile
Ça tombe bien ces idiots d’hindouistes lassés du polythéisme
Vous avaient inventé ce truc un peu zen et plus cool le bouddhisme
Ils avaient trop d’idoles et la Chine en manquait
Disons que vos deux vases ont bien communiqué
D’ailleurs cet Avalo kitsch et cætera
Avalokit çvara pour les intimes
Avec ses cent mains serties d’un œil
C’est-y pas Dieu vautré dans le poing du pouvoir

Quelle civilisation la Chine Confucius vous avait tout réglé
Comme papier à musique que nous grognions encore
Dans nos cavernes de loups européens
Vingt-cinq siècles de haute civilisation plus tard
Vous nous faites la gueule nous sales Américains
Mais non voyons Français ah quel sourire alors
Illumine vos faces philosophiques
Et je ne parle pas d’esprit critique de finesse artistique
Vingt-cinq siècles de civilisation
Gommés d’un coup par ce Mao à la gomme
Pour qu’à un automobiliste chinois ne vienne
Jamais pas une fois dans sa vie l’idée je ne dis pas
De s’arrêter l’idée de ralentir pour qu’un piéton
Puisse traverser une rue sans y risquer sa vie foutus Chinois
Je vous comprends le code de la route
Est la seule loi que vous puissiez braver
Toutes les dictatures laissent ce hochet au peuple
Et pour la dictature n’oublions pas qu’en Inde
La démocratie n’est qu’un rideau d’encens
Derrière lequel crèvent les intouchables
Loger nourrir instruire un milliard de bipèdes assoiffés de violence
C’est un casse-tête insoluble je sais je sais

C’est le cœur du voyage et je perds mes repères
Paris me manque heureusement mes amis m’ont suivi
Non pas dans mes valises mais dans mes rêves que fais-tu là Robert
Avec ton Japonais du Krak qui s’en revient d’Irak
Nassim j’ai reconnu ton visage d’ange aéromnémolithe
Que fais-tu dans mes rêves à 20 000 lis de la Seine-Saint-Denis

Et voici le Xinjiang Moyen-Orient de l’Orient
J’ai l’impression de retrouver ma mare méditerranée
Les salamalecs sous les treilles de Turfan
Vous déposent des raisins des beignets dans les mains
Tu n’es pas qu’une curiosité mais un voyageur qu’on accueille
Sacrés musulmans même en Chine ils vous lancent
Des bombes de bienvenue dans le cœur
Sa’dik étudiant en physique à Beijing
Élite de la jeunesse de Turfan
Rêve d’une bourse pour étudier à Harvard
Et de vacances pour visiter non pas le monde mais le Xinjiang
Il ne connaît que Turfan et Urumqi capitale provinciale
Les oasis dans ce désert sont des planètes
Pour s’en sortir il faut un cerveau centripète
Yarchimesis me dit-il c’est bonjour en ouïgour
Merci comment j’ai déjà oublié
Au revoir Sa’dik et à jamais je ne peux pas te rendre
Sauf par ces mots le raisin dont tu m’as rafraîchi
Tu parles ouïgour chinois anglais j’ai honte de mon baragouin
Le français te tentait mais le SRAS a eu raison des cours

Six mois plus tard, un avion pour Cuba
Le hasard place à côté de moi
Dilshat un jeune ouïghour étudiant à Londres
Après être passé par Budapest je sors mon Yarchimesis
Il me rappelle le merci oublié : « larmet » avec un r roulé
En madyar Kosnönöm Babel est un aéroplane

Turfan aux mille karez est une grappe de raisin
Avenues pédoncules venelles pédicelles qui s’entortillent
Vers les champs de vignes grains juteux des maisons
Qui gardent la fraîcheur sous le soleil
Vieille mosquée avec son minaret cheminée d’usine
À la fin de l’été les grains ratatinés des maisons les karez à sec
Appellent les neiges hivernales

Kucha les femmes musulmanes sont opprimées c’est bien connu
Vous voyez on ne les autorise pas à picoler la bière en public
Comme font les hommes bandes d’intégristes
On c’est l’homme ou plutôt l’opinion
À Kashgar une femme sur vingt porte sur la tête
Un chiffon marron très épais
Est-ce pour protéger des hommes ou du soleil
La blancheur de leur peau la candeur de leur âme
Ni l’un ni l’autre parfois elles le relèvent sur un visage cuivré
Des intégristes des intégristes me disent des Français étonnés
Ils ont carrément vu un barbu avec une robe blanche tu te rends compte
Un type qui ne porte pas de jean c’est donc un terroriste
(Comme ces Africaines qui portent leurs bébés dans un foulard
Tandis qu’un bon bébé d’Europe
Fait vendre les landaus dont on l’enveloppe)
Ils ne voient même plus les dix-neuf autres femmes souriantes
Toute chevelure dehors et ces mecs qui picolent tranquillou
(Ici on boit chacun son tour offre sa bouteille)
Ni celles qui dans les tranchées manient la pelle et la pioche
Ici les dames dament aussi et sont bêcheuses
Pour mettre au tout-à-l’égout les échoppes miteuses
Ah mes compatriotes amusons-nous de ce que les Amerloques
Sont détestés mais notre obsession laïcarde
Fait de nous des Martiens toros à capes noires
Trouvez-vous juste qu’on vous juge en Chine en France ou en Syrie
Non sur ce que vous êtes ou faites mais sur les conneries
Que font on ne font pas nos fichus présidents
Nous a-t-il fallu deux mille ans d’histoire
Et de philosophie laïque ou religieuse
Pour qu’un crachat blanc ou noir
Nous serve de pensée
Marco Polo, tu en eus de la chance
D’arriver à pied par la Chine sans être précédé
Par la réputation de ton Berlusconi
Sans quoi tu n’eusses jamais à l’Italie enseigné le macaroni
Kubilaï t’accueillit te confia une ville
Lui qui favorisait bouddhistes et chrétiens
Alors que ces derniers chassaient le Turc en Palestine
Le chic le choc des si viles civilisations

Kashgar on voit bien que ce n’est pas chinois
Ils avaient fait des rues qui ne marchaient pas droit
Des buissons de ruelles pour jouer à cache-cache avec l’été
Mais voilà le pognon qui vous abat tout ça
Et les maisons s’alignent en résidences toutes commodités
Pitoyable une poutre dépasse d’une baraque en bois
Qu’on a ouverte en deux c’est une noix
Ailleurs on aurait dit maison classée à colombages
Le marché légendaire est tout refait en dur trop tard pour la gadoue
L’ambiance tiers-monde hyperphotogénique
Il reste encore pour peu de temps celui des animaux
Veaux vaches yaks baudets chèvres moutons taurillons
Et jeunes touristons pantalons courts papattes poilues
Dont on aimerait tâter la croupe comme un Chirac ouïgour
Que fait cet artisan vétérinaire
Qui tombe la veste pour fister du bras gauche
À la queue leu leu les vavaches à moins que ce soient des mâles
Avec à l’autre main un téléphone mobile
Pour connaître le cours de la génisse gravide

Pas facile d’être seul par ici tandis que je griffonne
Ces élucubrations un gars s’approche et au nez me rigole
Je veux dire qu’il me jappe au nez
En regardant ce que j’écris le rejoignent un à un ses copains de picole
Ils tentent d’élucider le mystère de l’écriture
Et de replacer ma trombine de barbare quelque part
Entre le Canada, la Russie le Portugal
Ils touchent mon tatouage se passent mon cahier de main en main
On échange des chewing-gums tu n’as pas de scrupules
À regarder les gens dans ce pays
Tu es curieux autant que curiosité
L’autre eux ne font pas semblant de le mater

Allo maman quel temps fait-il en France
Il pleut ton ciel est bleu tu en as de la chance
Rien d’autre ah si un potimarron nous pousse dans le jardin
À point pour ton retour
Si tu savais maman le nombre de ces courges rondes ou longues
Oranges vertes ou marron lisses ou granuleuses
Giraumons potirons courgettes melons et pastèques
Que j’ai vues dans ma ronde cosmopotirotouristique
Sais-tu que les potimarrons viennent de Chine
Est-ce pour voir des courges qu’on voyage
La terre est-elle ronde ou potironde
Marco Polo n’usa-t-il pas ses pattes
Pour rapporter à Venise des pâtes
Qu’aurait dit ta maman Marco si Monsieur Marconi
Avait existé du temps de Kubilaï et de Cathay

Et voilà… le reste est impubliable ici. En espérant que ce début ne vous aura pas trop ennuyé !

Lionel LABOSSE, Septembre 2004.


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