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Souffrances de l’incommunicabilité, pour les 6e / 4e

Avec toi, Claire, j’aurais aimé la vie, de Claire Mazard & Hélène Lune

De la Martinière, Confessions, 2004, 156 p, 8,5 €.

dimanche 29 avril 2007

Une belle leçon de vie et d’écriture pour les jeunes lecteurs. Tous ces secrets qui n’ont pas pu être partagés, ces baisers retenus prennent une éclatante revanche sur l’existence à trente ans de distance, en étant publiés dans ces Confessions.

Résumé

Claire commence son journal le 2 juillet 1975, alors qu’elle passe ses vacances chez ses parents près de Perpignan. « Une question me préoccupe. À la fin de ce journal, y aurai-je répondu ? Dans ce cahier, oserai-je être vraiment sincère ? » (p. 7). Elle suggère à son amie Hélène, qui vient la voir fréquemment, d’en faire autant. Celle-ci préfère écrire des lettres, « mais je doute qu’un jour je te fasse lire ces pages ». Au bac blanc, Hélène s’était révoltée — une vraie Louise Michel — parce qu’on l’obligeait à « disséquer » un poème de Paul Éluard. « Ras-le-bol de l’autorité » (p. 19). « Hélène me fascine par son côté anarchiste » (p. 26). Hélène aussi a un secret : « j’ai bien peur de ne jamais te le confier » (p. 21). Pendant un mois, elles tournent donc autour du pot : « Les abeilles commencent à butiner autour du prunier » (p. 28). Hélène ramasse des abricots, et déclare, en vraie anare : « Argent = Liberté ». Un garçon lui fait une déclaration : « Je l’ai écouté, comme si cela ne me concernait absolument pas » (p. 46). Il est parfois question de féminisme, d’avortement, de contraception, et la grand-mère se mêle discrètement aux discussions. Mais les jeunes filles ne se confient jamais qu’aux feuilles : « Je me surprends à rêver. À rêver… Claire, que tu es amoureuse de moi. Que nous nous embrassons. Que nous faisons l’amour » (p. 110). Combien de temps leur faudra-t-il pour ôter le masque ?

Mon avis

Cette correspondance est parue dans la collection Confessions des éditions De La Martinière. La collection porte bien son nom avec Claire Mazard, qui se construit un personnage dont les vibrations amoureuses sont castrées par l’étouffoir de la culpabilité judéo-christiano-islamique, comme on le verra dans le livre gigogne paru dans cette même collection : On s’était dit : pour la vie. L’identification portera ses fruits auprès des jeunes lecteurs et lectrices. Les personnages ont 15 ans, mais la pudeur, la simplicité et la forme du discours s’adressent aux ados à partir de la 6e. Une belle leçon de vie et d’écriture. En effet, la mise en page est soignée, les lettres retrouvées (et sans doute retravaillées) sont savamment mises en page, avec des phrases qui ressortent en rouge : « j’ai besoin, je crois, d’être bousculée » (p. 87), et des faux airs de versets : « La porte n’a pas claqué. […] / Mais j’ai senti la claque » (p. 98) ; « J’en ai assez. / Assez d’aller, chaque jour, au même bal / masqué » (p. 130) ; « ni ce baiser dans cet hôtel, / que nous ne nous sommes jamais donné » (p. 147). Un baiser bien plus retentissant claque sur ces pages, que des milliers de lecteurs peuvent désormais partager…

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

 Retrouvez le même thème de la difficulté de s’exprimer dans deux fictions de la même auteure : Le Cahier rouge et Macaron citron. Voir l’avis d’Isabelle B. Price sur Univers-L.com.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Site de Claire Mazard


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