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Un regard critique de jeunes adultes sur la société contemporaine.

Karim & Julien

Lionel Labosse, Éditions Publibook, 2007, 199p., 19 €.

jeudi 30 août 2007

4e de couverture :
C’est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons Karim & Julien, après plus de trois ans passés sans nouvelles. Trois années pendant lesquelles ils ont eux-mêmes grandi, évolué, expérimenté, blessé et été blessés. Ils se retrouvent, renouent le contact, difficilement, puis les habitudes reviennent. On se confie à nouveau. On débat. On se dispute. On plaisante. On se console. On avoue.

Après L’Année de l’orientation, Lionel Labosse revient à ses premiers amours, à ses premiers émois et nous offre une nouvelle page de l’histoire de Karim & Julien… Les jeunes garçons sont devenus de jeunes hommes et après quelques tensions, quelques déceptions, retrouvent leurs marques, ouvrent leurs cœurs. Ils nous touchent une nouvelle fois, presque par magie.

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https://www.publibook.com/karim-julien.html/

Préface

Lorsque, après avoir terminé la lecture de L’Année de l’orientation, j’ai demandé à Lionel Labosse auquel de ses héros il s’identifiait, il m’a répondu en riant : « Aux deux ! ». C’était l’évidence même — et dans cette évidence résidait sans doute la force du livre ; un livre de polémiste qui, d’argument en contre-arguments, progressait vers sa propre vérité, toute de nuances et de contradictions.

Dans Karim & Julien, ce concept est encore plus vivace. Le temps a passé. Les adolescents, qui avaient quinze ans dans le tome précédent, abordent à présent l’âge adulte et, après quatre années de silence, reprennent leur correspondance. Le récit de leurs premières expériences sexuelles, théorisées autant que vécues, s’accompagne d’opinions, souvent à l’emporte-pièce et généralement opposées. Mais la magie de la discussion est là, qui déboute les préjugés. Confrontées aux convictions de l’un, les certitudes de l’autre vont s’affiner — ou se modifier — au fil des lettres ; chacun évoluera sous l’influence de son correspondant, sans pour autant trahir sa propre personnalité. Ainsi, nourries de leurs aveux mutuels, se construiront, sous nos yeux, deux consciences biens [1] distinctes et néanmoins complémentaires.
Je crois qu’on peut, sincèrement, parler de tour de force. Et peut-être même de chef-d’œuvre.

Car les échanges de Karim et Julien ne sont pas que des idées abstraites. Lettre après lettre naît, sous leurs plumes, tout un petit monde attachant qui est, en quelque sorte, la concrétisation de leurs réflexions. La notion d’altersexualité — si chère à Lionel Labosse, et qu’il développe ici de manière magistrale — y trouve son application pratique et, oserais-je dire, affective. Au travers de personnages comme Natacha, l’« infirmière à domicile », Julie, la « petite grosse » qui a fait du plaisir un dogme, Olivier, le handicapé physique, Sabrina, la « foularde », ou Patrick-Salim, le séduisant zyva dont l’orientation sexuelle est aussi ambiguë que le nom, c’est l’humanité dans toute sa diversité et ses paradoxes qui est revendiquée. La scène de Gay Pride qui conclut (presque !) le livre, donne d’ailleurs à ce concept sa pleine dimension. C’est, avant tout, un puissant réquisitoire pour la liberté, le respect de l’autre et l’amour.

La phrase de Julien : Le sexe est la fenêtre de notre corps ouverte sur le monde, résume parfaitement la démarche de l’auteur.
Notons qu’au passage, Lionel Labosse égratigne quelques institutions (la publicité, la démocratie, la religion… pour ne citer qu’elles), étaye ses raisonnements de vraies-fausses citations soufies, manie en virtuose l’humour caustique et l’autodérision, et pointe d’un doigt sans indulgence les aberrations de notre société. N’y sont même pas épargnées les laborieuses tentatives d’égalitarisme — le mariage homo et l’homoparentalité, par exemple — perçues par ses héros comme récupératrices.

Une dernière chose. Avant de vous laisser « violer » l’intimité de Karim et Julien, je voudrais juste vous citer une phrase qui en est, à mon avis, la clé : L’organe sexuel le plus érectile de l’homo erectus, c’est le cerveau.
Ce roman épistolaire en est la meilleure preuve !

GUDULE

 En ce qui concerne le genre, le mot roman ne figure pas sur la couverture ni sur les premières pages. « Le roman dévore aujourd’hui toutes les formes ; on est à peu près forcé d’en passer par lui. » Marguerite Yourcenar, Carnets de notes de Mémoires d’Hadrien, Folio, p. 340.

Couverture Karim & Julien Lionel Labosse

Les critiques

 Critique de Mehdi Hachemi, le libraire de feue la librairie Bluebook.

« Lionel Labosse est l’excellent chroniqueur du site www.altersexualite.com. Dans ce second volume (Lire L’année de l’orientation chez le même éditeur) de la correspondance entre Karim et Julien, les deux garçons reprennent leurs échanges après plus de 3 ans de silence. Ils approchent de leurs 18 ans, Karim entre en fac et Julien en terminale. Karim, toujours puceau, est attiré par des petites frappes de banlieue. Julien, lui, vit avec son père et son « mari ». Les deux amis se confient et nous font partager leurs réflexions sur l’homoparentalité, l’homosexualité, la sexualité, le port du voile, la banlieue, l’amour, la prostitution, l’intolérance, etc. En bref, ces deux jeunes parlent de tout sans tabou. Bien sûr ils sont jeunes et, donc, nous livrent quelques points de vue un peu hâtifs, mais leurs échanges leur permettent d’être moins tranchants ! Toujours est-il que Lionel Labosse réussit à rendre ces discussions passionnantes… Il s’amuse avec les mots, c’est bien écrit. Ses personnages sont attachants, ce n’est jamais pathos et surtout c’est plein d’espoir ! Je vous le recommande ! »
Kurb n° 3, été 2007, p. 38.

 Critique de Jean-Yves. Extrait : « Rien de frivole chez Karim et Julien, si ce n’est une forte propension à jouer avec la langue ce qui donne un ton humoristique – plaisant – à leurs échanges. À croire qu’ils ont déjà connu toute la gravité de la grande Histoire, tout en étant éveillés au sentiment tragique de la vie… »

 Critique de Thierry Zedda. Extrait : « Révolutionnaire, ce roman ? Bien, oui. Mille fois plus que tout autre ouvrage. Simple, direct, franc. Aucune fioriture. Seulement l’essentiel. »

 Critique de Philippe Escalier, Sensitif n° 13, mai 2007, p. 38. Extrait : « Très ancré dans l’actualité, abordant les problèmes variés liés à l’identité, ce récit vivant et émouvant, aux accents intimistes, se révèle très agréable à lire. »

 Extrait de la critique de Julien Picquart parue dans Pref mag n° 20, avril mai 2007 : « Karim et Julien se renvoient mutuellement à la figure leurs préjugés sexistes, racistes, homophobes, antimusulmans ou antisémites, entre deux anecdotes sur leur vie sexuelle. Les deux discours se complètent pour passer au grill les poncifs du moment et permettre à Lionel Labosse de donner des définitions de la tolérance, du respect de l’autre et de la démocratie, en général peu conformes à ce qu’on en dit dans les conversations de comptoir ou de famille. C’est ce qui fait le sel de son livre. »

 Critique de Psykokwak. Extrait : « Ce dialogue au goût pédagogique, voire socratique, se parcourt agréablement avec d’heureuses respirations sensuelles et humoristiques qui allègent un contenu trop conséquent. Oublions la surprenante maturité intellectuelle des deux copains pour retenir leur généreuse énergie qui nous emporte et fait rêver d’une jeunesse aussi ouverte, respectueuse des différences ».

Karim & Julien, Éric Raspaut.

 Voir le site d’Éric Raspaut, auteur de la magnifique illustration de couverture reproduite en exclusivité ci-dessus. Pour le secret de fabrication, il s’agit à l’origine d’un tableau traditionnel, qu’Éric Raspaut a retouché spécialement pour cette illustration. Voir aussi le blog Queer Artitude d’Éric Raspaut. Attention, vous allez tomber sur un écran de précaution à la mode actuelle vous demandant si vous êtes prêt à tomber dans un enfer de luxure et de perversion, mais rassurez-vous il s’agit juste du site d’un peintre altersexuel ! Si vous ne supportez pas la vue d’un pénis en peinture, évidemment, abstenez-vous !

 En 2011, le sociologue Raphaël Liogier lance l’idée d’une Muslim pride. J’ai l’impression qu’il m’a copié ! Bref, lisez son interview géniale ! Pour la fusion gay pride-muslim pride !


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© altersexualite.com 2007


[1Je m’étonne que deux bons relecteurs comme Gudule & votre serviteur aient pu laisser passer dès les premières pages du livre une coquille aussi énorme !