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Un drame familial pour les 4e/3e.

Le Cerf-volant brisé, de Paula Fox

École des Loisirs, Médium, 1995, 194 p., 8,8 €.

samedi 28 avril 2007

Un père peut comprendre que son fils lui ait menti, mais un enfant ? Sans doute est-il plus facile de dire la vérité à son frère qu’à son fils, surtout quand l’école ne joue pas son rôle, et que les cours d’éducation sexuelle, qui disent tout sur la transfusion sanguine et le sida, ne disent pas un mot de la bisexualité.

Résumé

Liam Cormac a treize ans quand sa mère lui apprend que son père Philip a le sida. Par transfusion sanguine, lui a-t-on dit. Quelques jours plus tard, Philip part s’installer à Springton, dans un bungalow, sous un prétexte fallacieux. Springton est un endroit où ils avaient passé des vacances en famille deux ans auparavant. Liam lui-même est obligé de mentir à ses amis Luther et Delia sur la maladie de son père. C’est le mot « aigle » employé par Philip au cours d’une conversation au téléphone qui provoquera le déclic de la mémoire. Lors de ces vacances à Springton, alors qu’il jouait avec un cerf-volant en forme d’aigle que son père lui avait offert, il avait surpris celui-ci sur la plage enlaçant un jeune homme. De dépit, il avait enterré le cerf-volant. Or Liam sait très bien, grâce aux cours d’éducation sexuelle, que le sida ne s’attrape plus par transfusion sanguine depuis longtemps. Il sait aussi que son père ne se droguait pas. Alors commence entre Liam et Philip un affrontement verbal. Liam traite son père de « vieux pédé ». « Il avait eu un moment d’exaltation quand il avait crié ce qu’il avait à dire à son père et qu’il s’était délivré du poids de ce qu’il avait vu sur la plage quelques années auparavant » (p. 82). Le dialogue est difficile, et ce secret qu’il a arraché à son père le trouble dans ses relations avec son amie Delia. Ce n’est qu’après la mort de Philip qu’il parviendra à extérioriser cette douleur.

Mon avis

Le cerf-volant brisé est un plaidoyer contre le mensonge. Il est significatif que le thème du cerf-volant, métaphore de la vérité dans La nuit du concert soit repris dix ans plus tard comme symbole du mensonge. Un père peut comprendre que son fils lui ait menti, et se remettre en question, mais un enfant ? Sans doute est-il plus facile de dire la vérité à son frère qu’à son fils, surtout quand l’école ne joue pas son rôle, et que les cours d’éducation sexuelle, qui disent tout sur la transfusion sanguine et le sida, ne disent pas un mot de la bisexualité. Restent les insultes (p. 43), restent les émissions de télévision, mais comment donner sens à ce dont les proches ne parlent pas ? Comment dire la vérité quand tout le monde ment ? Les jeux d’adultes sont aussi innocents que les jeux d’enfants, mais pourquoi se force-t-on à mentir à leur sujet ? Au-delà du thème du sida et de la bisexualité, ce roman touchera tous les adolescents et les parents qui aimeraient transformer les occasions de mentir en occasions de dire la vérité. On notera aussi le personnage de Mrs Mottley (p. 88), vieille dame charitable, et la relation sobre mais précise de la mort de Philip, à l’hôpital, comme si Paula Fox avait voulu appliquer au tabou de la mort la même volonté de vérité que son récit exprime au sujet de la sexualité.

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

Lionel Labosse


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