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Paragraphes sur l’homosexualité / identité de genre dans les livres pour ados.

Le « Que choisir ? » des livres pour ados (années 1990).

Quand l’altersexualité est noyée dans la masse.

dimanche 28 septembre 2008

Les livres chroniqués dans cette rubrique consacrée aux documentaires sont pour la plupart entièrement ou majoritairement consacrés à l’altersexualité homosexualité, lesbianisme, transgenre, bisexualité, etc. Quelques livres généralistes à destination des ados ont fait l’objet d’articles, souvent pour constater que les questions altersexuelles étaient carrément oubliées, ou mal traitées ; plus rarement fort bien traitées. Voir par exemple Antimanuel d’éducation sexuelle, de Marcela Iacub & Patrice Maniglier, Filles et Garçons, la parité à petits pas, de Carina Rouart, illustré par Pénélope Paicheler, Tabous et interdits, de Patrick Banon, Le Livre des garçons, d’Anne Vaisman, Filles et Garçons, la parité à petits pas, de Carina Rouart, illustré par Pénélope Paicheler, Ces intolérances « ordinaires », de Philippe Godard, Les Garçons et les filles, de Brigitte Labbé & Michel Puech, et Pas si facile d’aimer, d’Anne Vaisman. Mais il serait fastidieux (pour votre serviteur critique bénévole et militant) de rendre compte de tout ce qui s’est écrit dans ce domaine depuis des décennies. Voici donc un article pour lequel votre collaboration est requise. Fouinez dans les bibliothèques municipales, empruntez les ouvrages sur l’amour, la sexualité, la parité, la psychologie des ados, enfin tout ce qui risque de traiter les questions altersexuelles en passant ; regardez les mots clés dans les tables de matières et lexiques, et numérisez les paragraphes les plus significatifs, si possible numérisez aussi la couverture ou une illustration significative, et envoyez-moi le tout par courriel. Voici quelques ouvrages des années 1990, sans commentaire. HomoEdu compte sur vous pour la suite… Les ouvrages des années 2000, c’est ici.

Vivre à seize ans

Marie-José Auderset et Jean-Blaise Held, Éditions De La Martinière jeunesse, 1995.
Chapitre « La vie amoureuse », rubrique : L’homosexualité (pp.140/142)

Vivre à seize ans


« Je n’aime pas le lundi. Mes copines de classe parlent de leur week-end, elles expliquent leurs rencontres, leurs coups de foudre. Moi, je me tais. Je ne peux pas raconter mon secret. »
« Lorsque j’avais douze ans, des copains de quartier se sont moqués de deux homosexuels qu’ils avaient surpris en train de s’embrasser. J’ai pris alors conscience que j’étais différent, moi qui avais souvent rêvé d’embrasser un garçon sur la bouche. »
« Ma famille fait parfois de petites allusions pour savoir si j’ai une copine. Moi, je ne peux pas leur dire que j’en aurai jamais. »

À l’adolescence, il arrive fréquemment qu’un garçon ou une fille soit attiré par une personne du même sexe : un ami, une amie, un professeur, un animateur, une animatrice, une connaissance. Ces attirances particulières n’ont pas forcément quelque chose à voir avec l’homosexualité. C’est en effet durant cette période que l’orientation sexuelle se cherche et se précise. Pour ce faire, chacun apprend à gérer la part de féminité et la part de masculinité qu’il a en lui. Chacun définit peu à peu son identité sexuelle. Souvent cette attirance pour une personne du même sexe se gomme avec le temps. Parfois elle se confirme.
L’homosexualité n’est ni un bien ni un mal. Ce n’est ni une maladie, ni un vice, ni un péché ; c’est une manière d’envisager sa vie sexuelle et affective qui n’a pas à être jugée. En étant homosexuel, on est un homme comme les autres, on est une femme comme les autres… à une exception près : on est attiré par des personnes du même sexe que soi.
Pour celui ou celle qui en prend conscience, qui met un nom sur son trouble, c’est, la plupart du temps, le choc et l’envie de fuir cette réalité. Il sait qu’il n’est pas dans la norme, qu’il va être confronté à l’incompréhension, à l’intolérance. Il ne veut pas décevoir ses proches. Il va tout faire pour qu’à l’école, dans sa famille, avec les copains, personne ne remarque rien.
Le jugement des autres
L’homosexualité d’un garçon ou d’une fille ne laisse jamais indifférent. Elle confronte chacun à ses valeurs morales, à son éducation, à sa sexualité, à sa manière d’envisager la vie. C’est d’ailleurs pour ne pas avoir à se remettre en question qu’on regarde souvent les homosexuels — surtout les garçons — de travers, qu’on les présente comme des caricatures maniérées, efféminées et fardées, à l’image des acteurs de La Cage aux folles. C’est probablement pour la même raison qu’autrefois la société voulait remettre les homosexuels « sur le droit chemin ». Des spécialistes cherchaient à gommer leur attirance vers les personnes du même sexe. Aujourd’hui, on sait qu’aucune méthode thérapeutique ou éducative ne peut transformer une orientation sexuelle.
Lorsqu’ils apprennent la réalité, les parents sont souvent désorientés. Ils ne comprennent pas. Ils remettent en question l’éducation et l’amour qu’ils ont donnés à leur enfant, leur manière de vivre en couple et en famille. Ils se mettent à douter de tout. Eux aussi ont peur du jugement des autres. Ils craignent d’être humiliés, rejetés, exclus. Ils passent par toutes sortes de sentiments et d’émotions, souvent contradictoires. Certains refusent de regarder en face cette douleur : ils en viennent à se taire ou se mettent à rejeter leur enfant, en lui demandant de partir. D’autres réussissent à traverser cette souffrance, et finissent par comprendre et par accepter cette réalité. C’est un chemin long et difficile.
À l’école, les jugements sont presque toujours violents. Si les copains remarquent la différence, ils ne manqueront pas de s’en moquer. Le garçon ou la fille risque d’être affublé d’un surnom blessant. Plus tard, lors d’un choix professionnel, il arrive qu’on dissuade un jeune homosexuel de prendre telle ou telle orientation. Pour traverser ces épreuves, une jeune ou un jeune homosexuel peut demander de l’aide.
– Aujourd’hui, beaucoup de psychologues, psychanalystes et autres spécialistes sont sensibilisés à cette question. Lorsqu’un homosexuel leur soumet ce genre de problème, ils lui proposent une démarche pour mieux vivre et assumer cette réalité.
– Il peut demander des adresses de spécialistes auprès des centres de Planning familial.
– On trouve dans les villes d’une certaine importance des associations d’homosexuels qui écoutent, renseignent, conseillent, soutiennent.
– Les garçons doivent impérativement se renseigner sur le sida. Cette maladie a fortement touché cette communauté. Les pratiques sexuelles des homosexuels sont particulièrement à risque. Le préservatif est ici aussi la règle absolue.
Si les difficultés auxquelles sont confrontés les homosexuels sont nombreuses, cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne peuvent avoir une vie harmonieuse et équilibrée. Comme les hétérosexuels, ils peuvent faire des rencontres exaltantes, vivre de belles histoires d’amour.
« Environ une personne sur dix est gauchère. Elle s’oriente dans l’espace à partir de la gauche plutôt que de la droite. Environ une personne sur dix est homosexuelle. Elle a une orientation sexuelle différente de ceux et de celles dont l’attirance est hétérosexuelle. Les gauchers ne sont pas anormaux ; les homosexuels le seraient-ils ?
L’être humain, homme ou femme, est un alliage mystérieux de féminin et de masculin, diversement dosé d’une personne à l’autre. C’est ce qui nuance, enrichit, rend unique chaque personnalité. La nature humaine présente une pluralité d’expressions, d’activités, de manières d’être, d’orientations, de pensées, et c’est ce qui fait son originalité. »
(Jocelyne Robert, Parlez-leur d’amour, Montréal, Ed. de l’homme, 1989).

Les années lycée…

Un livre de Jean-Pierre Bénat (textes), Rémi Pépin (illustrations), Éditions De La Martinière, Collection Oxygène, 1995.

Les années lycées


Chapitre « Le lycée, c’est l’horreur ! » :
« ON ME TROUVE « BIZARRE… » (pp.32-33)
Si vous suivez la mode avec une frénétique fidélité, si Chevignon et Creeks sont pour vous la marque de l’excellence, si vous fuyez comme la peste l’anormalité, mieux vaut sauter ce paragraphe. Si vous avez des goûts étranges et que vous osez les assumer, sautez aussi.
Mais si vous vous sentez sans cesse obligé de faire « comme il faut », ce passage est pour vous. Un lycée est un lieu de regards, de jugements : l’étrangeté y est le plus souvent rejetée. (Lycée-apartheid ? Quand même pas !) Certains d’entre vous peuvent, ponctuellement ou plus longuement, se sentir originaux, marginaux, hors normes : choix parfois considérés comme ringards par les autres, comportements méprisés (est-ce si facile d’être poète ?), amours et fantasmes homosexuels… Il vous arrive d’hésiter face aux archétypes radicalement masculins et féminins ; l’ambiguïté dans le choix des vêtements, du gestuel, des comportements permet des jeux subtils qui ouvrent un large éventail de choix, tout en autorisant des relations complexes. De telles attitudes attirent souvent des réflexions blessantes, crachées comme des insultes (« garçon manqué », « pédé », « gouine »…). Alors vous vous cachez, très vite déçu par les moqueries et les critiques. Vous mimez la normalité comme si, toujours masqués, vous ne pouviez jamais être vrais. Vous voici parfois en proie à un profond désespoir, d’autant plus que vous vous sentez isolés, que vous n’osez pas parler, que vous pensez être seul avec ces désirs.
Solution : faire des lycées un lieu de tolérance où chacun puisse « expérimenter » à son rythme. En attendant (vive l’optimisme !), regardez les autres, cherchez les nécessaires connivences : on peut mourir de solitude, alors que l’autre, à côté, est un semblable.

Ados Blues…

Un livre de Michel Piquemal (textes), Olivier Tossan (illustrations), Éditions De La Martinière, Collection Oxygène, 1996.

Ado blues


 Chapitre : Coup de blues et malaises
 Suis-je normal ? (p.38)
On a peur d’être fou, mais on a aussi terriblement peur d’être différent, pas comme les autres. La normalité vous hante. Telle fille qui a eu ses règles en CM1 se demande si elle ne les a pas eues trop tôt. Toile autre, qui ne les a toujours pas à treize ans, se ronge lus sangs et en fait tout un drame. Un garçon qui a de jolis traits fins (que lui envient bien des copains) s’inquiète, craignant d’être un homosexuel, un transsexuel ou je ne sais trop quelle bête imaginaire. Un autre, à l’allure plus virile, s’affole à l’idée qu’il ressemblera peut-être plus tard à un orang-outang, tant il lui semble être poilu.
Les filles se regardent les seins, se demandent pourquoi leur sein gauche a poussé plus que le droit. Les garçons se mesurent le pénis, angoissés de savoir s’il est dans les normes. Alors qu’il y a de gros et de petits sexes, exactement comme il y a de gros et de petits nez. La taille du guignol en question n’a d’ailleurs rien à voir avec son développement en érection et ne préjuge en rien ni du plaisir donné ni des prouesses amoureuses...

Questions d’amour 8-11 ans

Un livre de Virginie Dumont et Serge Montagnat, Editions Nathan, 1997.

Questions d’amour 8-11 ans
Couverture de la première édition.

Le couple adulte (pp. 4-5)
 La rencontre
Cela peut être un coup de foudre : chacun des deux est alors saisi et se dit « Je l’aime ». Mais c’est parfois moins rapide et l’homme et la femme ont besoin de se voir plusieurs fois avant de comprendre qu’ils vont former un couple. Dans la vie, on croise beaucoup de gens mais la « rencontre » n’est pas toujours là.

 Un couple d’amoureux…
c’est une femme et un homme qui se rencontrent, sont attirés l’un par l’autre au point de ne plus pouvoir vivre séparés. Il y a entre eux un lien très fort, différent de celui qui unit les parents et les enfants, parce qu’il s’agit de deux adultes.

 Une histoire d’amour…
c’est avoir envie de tout partager avec celui ou celle qu’on aime, de tout lui raconter, ses bonheurs, ses malheurs, ses interrogations. C’est l’envie d’être le seul ou la seule qui compte. C’est avoir besoin d’un contact physique embrasser, caresser, faire l’amour. C’est le désir de faire un enfant ensemble. Et c’est une très grande tendresse.

 Homosexuel, c’est quoi ?
Le plus souvent, une histoire d’amour naît entre un homme et une femme. Mais il arrive que cela concerne un homme et un homme ou une femme et une femme. C’est toujours de l’amour ; mais le couple ainsi formé, dit homosexuel, ne pourra pas avoir d’enfants, parce que la nature est faite autrement.

Les sentiments (pp.46-47)

 À partir de quel âge peut-on être amoureux ?
On rencontre souvent son premier amour à l’âge de l’école maternelle et on ne l’oublie jamais. À l’école primaire, on peut aussi avoir un(e) amoureux(se) et on en parle beaucoup à ses ami(e)s. C’est sérieux mais c’est aussi un jeu avec les autres, qui commentent ouvertement les petits bisous... Et cela ne regarde pas les adultes.

 L’amour, cela dure toute la vie ?
On a l’habitude de dire qu’amour rime avec toujours… C’est parfois vrai. Mais il arrive aussi que la tendresse, l’affection remplacent le sentiment amoureux au bout de quelques années. Et il arrive aussi qu’un homme et une femme se séparent parce qu’il n’y a plus d’amour entre eux. Ainsi, on peut être amoureux plusieurs fois dans sa vie et de façon toujours sincère. Il n’y a pas de règle et cela ne se décide pas à l’avance.

Attention : il s’agit de la première édition de ce livre ; une édition remaniée a été publiée en 2004. Voici la nouvelle illustration :

Questions d’amour 8-11 ans, réédition 2004
Couverture de la deuxième édition.

Questions d’amour 11-14 ans

Un livre de Virginie Dumont et Serge Montagnat (textes), Romain Slocombe et Serge Bloch (illustrations), Editions Nathan, 1997.
Le couple et l’amour (pp. 60-61)

 Et les homosexuels ?
Quand un homme aime un autre homme, ou une femme une autre femme, ils forment aussi un couple. Simplement, leur sexualité est différente. L’homosexualité concerne peu de gens. Elle inquiète de nombreux adultes comme de nombreux jeunes. Mais il n’y a pas à juger ni à condamner : l’amour entre deux personnes est toujours respectable.
Lexique (p. 70)
 homosexualité : tendance de certains adultes à établir des relations amoureuses ou sexuelles avec des partenaires du même sexe (homos signifie le même).
 virginité : le fait de ne pas avoir encore eu de rapport sexuel. Autrefois, on disait puceau ou pucelle. Vierge a le même sens.

 Extraits proposés par Jean-Yves. Merci à lui.
 Un très intéressant mémoire de Marion Deroin intitulé Documentaires pour adolescents sur la sexualité : quand le documentaire entre dans la sphère intime (à télécharger en format pdf à partir de ce lien) (Mémoire de littérature jeunesse, université du Maine, septembre 2008) consacre un chapitre à la façon dont l’homosexualité est traitée dans ces ouvrages, p. 58.


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