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Que faire en classe le 17 mai ?
Idées pédagogiques pour la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie (17 mai)
La folle journée…
samedi 17 mai 2008
La Circulaire de rentrée 2008, confirmée les années suivantes, semble avoir confirmé qu’inéluctablement la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie du 17 mai (ou la semaine du 17 mai, car vous ne voyez pas forcément vos classes ce jour-là, surtout si ça tombe un dimanche ou un jour férié) [1] serait désormais un moment favorable pour évoquer la diversité sexuelle en classe. Moment favorable parce que les élèves auront entendu parler de l’événement et s’attendront à ce que vous l’évoquiez [2], parce qu’en cette fin d’année vous avez la classe bien en main et sauriez maîtriser d’éventuels dérapages, parce qu’enfin dans les lycées et dans les grandes classes de collège, le soleil donne, les caracos caracolent vers le haut, les ceintures des pantalons cinglent vers le bas, et qu’il faudrait être aveugle pour ne pas sentir que les pensées de nos ados se concentrent sur la sexualité, avec tout son cortège souterrain de questions torturantes auxquelles l’enseignant devrait se sentir tenu de répondre par un contenu pédagogique plutôt que par des plaisanteries ou autres rappels à l’ordre. Bref, voici quelques suggestions pour une séance d’une heure, de deux heures, voire plus si affinités… Attention, chaque année la Journée mondiale se double d’une thématique particulière. En 2008, l’accent est mis sur la lesbophobie ; en 2010 et en 2011 sur les religions. [3]
Au C.D.I.
– Une mise en valeur par une table ou un panneau d’une sélection des ouvrages que nous défendons, notamment les documentaires ou les bandes dessinées, dont nous avons depuis 2007 un fonds suffisant. Si vous êtes documentaliste, suggérez aux collègues enseignants de les inclure dans des listes de lectures conseillées, et de les présenter en cours de façon explicite. Pourquoi ne pas profiter de l’occasion du 17 mai pour créer une dynamique dans votre établissement, en évoquant la Circulaire de rentrée 2008 ?
– Pour l’année prochaine, participez avec vos collègues de français ou autres, au concours des Incorruptibles, qui propose souvent des ouvrages abordant l’altersexualité.
À l’infirmerie, à la Vie scolaire, au bureau de la COP, de l’assistant social, du psychologue scolaire
– Ne pas attendre que les élèves posent une question. Traiter systématiquement l’homosexualité et la question transgenre lors des séances d’éducation à la sexualité. Ne croyez pas que la question transgenre soit un phénomène de mode à réduire aux transsexuelles MtF à gros nibards qu’on exhibe dans les émissions racoleuses : la question du genre, soyez-en sûr, inquiète, intrigue ou passionne tous les élèves. Mettez-vous à la place d’un jeune : on peut mettre plusieurs années avant d’oser poser à un adulte proche la question qui nous taraude.
– Apposez une affiche de la Ligne Azur ou une affiche du MAG, qui permettra d’entamer le dialogue (l’élève sait, si vous avez cette affiche dans votre bureau, dans votre classe, qu’on peut aborder avec vous les questions d’altersexualité). C’est un acte militant, l’air de rien. L’affiche que j’avais apposée dans ma classe cette année, a mystérieusement disparu au bout de deux semaines. Encore un collègue, sans doute, qui ne sait pas qu’il est homophobe… (pourtant l’affiche du MAG est auréolée du logo du Conseil Régional, financeur des locaux du lycée…)
En cours de français
– Étudier un extrait d’ouvrage, soit pour les jeunes, soit un classique, comme Voltaire, le Banquet de Platon, Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau ou Montesquieu.
– Recevoir un auteur de notre Sélection de livres pour les jeunes, pour évoquer la question. Cela ne s’improvise pas, mais n’hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de conseils, et regardez aussi nos Entrevues d’auteurs qui vous donnent des indications sur des auteurs prêts à intervenir sur le sujet.
Dans tous les cours, ou dans le cadre para-scolaire
– Faire intervenir une association sur le thème de l’homophobie. Voir Une intervention du MAG contre l’homophobie et Interventions de l’association Contact sur les discriminations. Et pas question de se dire : « Ah oui, mais ça ce n’est que pour les Parisiens ! » Où que vous soyez, sachez que la meilleure association, c’est forcément la plus proche. Grâce à la circulaire de rentrée 2008 et grâce à l’intercession de la Halde, aucun recteur rétrograde ne s’opposera plus sous le prétexte homophobe de prétendu « prosélytisme » à ce que l’association altersexuelle de votre ville, de votre département, que sais-je, le club des apiculteurs gays de Roumazières-Loubert, vienne échanger avec vos élèves ! La plus grande révélation pour un jeune altersexuel, c’est de savoir que, pas à Paris, pas à la Télé, mais dans son village, dans sa rue, il y a une lesbienne, un(e) transgenre, un gay, et mieux, il y a une association avec un local où parler et rencontrer, aujourd’hui ou plus tard, des jeunes comme lui. Un local (ou un numéro de téléphone) où, peut-être il conduira sa maman, son papa, parce qu’avec ce renfort il aura moins peur d’annoncer la pesante nouvelle. C’est encore cette association qui, en cas de problème d’homophobie caractérisée, interviendra sur place dans votre établissement…
En matière de lutte altersexuelle, soyons altermondialistes, consommons local ! Cependant pour revenir à un ton plus sérieux, et si vous souhaitez vous intéresser à l’homophobie la plus violente, car c’est la spécificité de la Journée mondiale de vouloir faire évoluer mentalités et législations dans le monde, n’hésitez pas à contacter la section locale d’Amnesty International en leur demandant s’ils peuvent intervenir sur la question.
– À propos d’associations locales, l’une des plus actives en France est Couleurs gaies, qui propose sa fameuse « mallette pédagogique ». Quant à Arc-En-Ciel Toulouse, c’est une association loi 1901 qui fédère treize associations de la région Midi-Pyrénées.
– Projeter un film suivi d’un débat. Notamment : « Qu’en dira-t-on ? » ou Des Hommes et des dieux, d’Anne Lescot et Laurence Magloire (pour ce dernier n’hésitez pas à contacter les auteures par l’intermédiaire de leur site signalé dans l’article). Je conseille ces films notamment pour une intervention en milieu rural pour le premier, et en DOM et TOM pour le second, de façon à désamorcer d’avance l’idée reçue selon laquelle « l’homosexualité n’existe pas chez les paysans et les honnêtes travailleurs, travailleuses », ou « l’homosexualité n’existe pas chez les bons noirs, ce sont les mauvais blancs qui l’ont importée » (Voir ici).
– Pour une séance d’une heure sur l’homophobie dans le monde, le clip de Narcys Toi T’en Rêves. est un support idéal ; il a en outre l’immense qualité d’être altersexuel dans l’acception pure du mot, c’est-à-dire ni gay ni lesbien ni transgenre, mais appropriable par 100 % des élèves, avec un imaginaire qui leur parlera de l’oppression en général, ce qui permettra d’évoquer l’homophobie dans un cadre international, et sans pointer a priori aucune culture particulière.
– Les modules « elearning éducation » de la Halde (qui ne pratique pas de discrimination linguistique !) sont téléchargeables sur le site et utilisables en classe.
Pour aller plus loin
– D’autres idées et d’autres pistes dans mon Journal de bord d’une action pédagogique en collège contre l’homophobie, ou dans la rubrique Éducation.
– Télécharger le document scolaire officiel édité par le gouvernement de la communauté française de Belgique, Combattre l’homophobie, pour une école ouverte à la diversité.
– Télécharger le dossier Holebi’s (Homosexuels, lesbiennes et bisexuels) rédigé par l’équipe de « Klasse », projet de communication du Département de l’Enseignement du Ministère de la Communauté flamande, traduction du flamand.
– Au Canada, le site homophobie.org propose de nombreuses ressources, notamment un « Module de formation en ligne pour les enseignants et le personnel non enseignant ».
– Consulter également les sites des associations françaises, comme SOS homophobie.
– Le site du Collectif HomoEdu « canal historique » recèle bien d’autres ressources pédagogiques : consulter les rubriques Petits Conseils éducatifs, Pistes pédagogiques et le Répertoire des associations intervenant en milieu scolaire. Vous y trouverez également un portrait de Louis-Georges Tin, fondateur de la Journée mondiale. Et surtout, si vous avez mis au point une séance originale, ou si vous souhaitez témoigner de manière générale, faites-en profiter les collègues en nous envoyant un article, ou en intégrant le Collectif HomoEdu (pas de carte, pas de cotisation, rien que le partage des idées !)
– Le 18 mai 2010, votre serviteur a participé à une conférence à la médiathèque de Toulouse organisée par l’association Arc en Ciel Toulouse.
– En 2011, on peut choisir de travailler sur article récent, par exemple cette entrevue avec Charles Gueboguo dans Libération : « En Afrique, les homosexuels sont des boucs émissaires », ou bien celui du Monde : « En Afrique du Sud, des lesbiennes sont violées pour être « guéries ».
Voir en ligne : Le programme de la Journée mondiale sur le site officiel
© altersexualite.com, 2008
L’affiche 1 est l’œuvre de la FIDL (campagne 2010).
L’affiche 2 vient d’un programme interassociatif canadien : « L’homophobie a brisé ma vie ». Voir le G.R.I.S. Québec.
[1] Supprimons les jours fériés !
[2] En 2010, saluons la campagne de la FIDL.
[3] Le 17 mai 2009, Rama Yade a annoncé la reconnaissance officielle de la Journée mondiale par la France. Cela valait le coup de faire un « die-in » devant l’Élysée le jeudi 15. Cela nous aura valu une mémorable soirée dans le commissariat du VIIIe arrondissement… (J’y étais, j’y étais !) mais qui dira si ce dernier coup d’éclat aura forcé la main à qui de droit ? En tout cas, pour une fois, ne ratons pas l’occasion de dire du bien de « vous savez qui » !