Accueil > National-covidisme > La Science est un sport de combat, du Professeur Didier Raoult

« La médecine, c’est le soin, c’est donner un traitement à des gens qui sont malades »

La Science est un sport de combat, du Professeur Didier Raoult

humenSciences, 2020, 452 p., 22 €

samedi 7 novembre 2020, par Lionel Labosse

Après Épidémies. Vrais dangers et fausses alertes paru en début d’année, le Pr Didier Raoult (né en 1952) est devenu une personnalité de 1er plan lors du délire mondial provoqué par « la Covid-19 » comme il faut désormais la nommer. Je vous renvoie à mon article sur ce précédent ouvrage pour la présentation de l’auteur, ce dangereux charlatan qui empoisonne les gens à l’hydroxychloroquine et les teste massivement avec résultats en moins de 24 h, et sans file d’attente, s’il vous plaît. Si quelqu’un connaît Véran, le docteur qui prône paracétamol, camomille & Rivotril, merci de l’informer de l’existence du Pr Raoult, rebouteux phocéen qui ne se maquille pas pour passer à la télé. Il livre dans cet essai érudit mais écrit dans une langue facile d’accès, sa conception de la science et de la question délicate de la vérité scientifique. Il s’agit de ce qu’on appelle épistémologie, c’est-à-dire une partie de la philosophie qui étudie l’histoire, les méthodes, les principes des sciences. C’est un livre relevant de la culture générale telle qu’on l’enseigne en BTS, car le professeur brasse large et argumente en citant, au-delà de la littérature médicale, des livres, des films, tout ce qui lui tombe sous la main, pour réfléchir sur la science. Certains chapitres abordent des questions pointues de microbiologie bien sûr, et je ne suis pas compétent pour les apprécier, juste certains amers qui dépassent le long des côtes ! Un livre qui souscrit à la devise du site de l’IHU dirigé par ce dangereux rassuriste de la pensée : « Nous avons le droit d’être intelligents ! » À noter que certains chapitres reprennent d’anciens écrits du professeur, livres ou chroniques pour Le Point. Un livre à offrir à votre médecin, à votre dentiste, kiné ou à votre infirmière préférée.

Dans ce livre, il est peu question de la Covid-19, mais Raoult subsume sa philosophie de médecin dans un beau paragraphe vers la fin du livre, par lequel je souhaite ouvrir cet article : « Nombre de médecins ont sauvé beaucoup de gens sans comprendre comment ils les sauvaient ; c’est une des bases de la médecine, les interprétations a posteriori : les raisons pour lesquelles ils les ont sauvés sont parfois justifiées, parfois elles ne le sont pas, mais l’important pour le médecin, c’est d’essayer, dans les situations désespérées, de trouver une solution. C’est ce que j’ai fait pendant l’épidémie de Covid-19. La médecine, c’est le soin, c’est donner un traitement à des gens qui sont malades. Ce n’est pas leur dire : « Rentrez chez vous et, si vous n’arrivez plus à respirer, venez à l’hôpital. » La médecine, ce n’est pas cela. Il fallait prendre en charge ces gens. Ce que j’ai fait à Marseille. Et, à chaque fois, on ne me parlait que d’essais, de protocoles randomisés. La très bonne recherche, je sais ce que c’est ; j’ai passé ma vie à en faire. Mais il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour la recherche et un temps pour la médecine. Un patient, c’est un malade, pas un objet de recherche. J’ai donc soigné, en tenant compte de l’état des connaissances, et en prenant le moins de risques possibles pour mes patients. Je les ai soignés comme je l’aurais fait pour ma famille » (p. 401).
Tout est dit, et personnellement je persiste et signe, je refuse et refuserai toujours de sortir de cette conception raoultienne (et pas seulement, heureusement !) : les maladies se soignent avec de la médecine, c’est-à-dire des soins et des médicaments administrés par des médecins et des soignants, point barre. Les applis, les drones, les chiens renifleurs, le « tracer », tout cela c’est la dictature, et il est de première urgence de le refuser, et de revenir à Hippocrate.

Pour une science qui ne soit pas aveugle

Revenons au début : dès l’avant-propos, l’auteur explique ce qu’il a voulu faire, et son émerveillement devant les possibilités de découvertes de notre époque, à condition d’être conscient de ce qu’on ignore et de « ne pas être aveugle à la découverte » (p. 13). Il évoque « un des méthodologistes français les plus connus [qu’il a vu] refuser d’analyser ses propres résultats parce que, dans sa méthode, il ne devait analyser que les résultats qu’il avait programmés avant de débuter son travail. Cela montre jusqu’à quel point l’adhésion à une méthode peut rendre aveugle, à la limite de la maladie psychiatrique » (p. 14). « Ce livre veut convaincre que la science peut continuer à jouer un rôle, pour observer et comprendre notre monde, à condition d’empêcher ceux qui ne font pas ou ne font plus de science, de parler à la place de ceux qui la font avancer. La pratique de la science est à la fois un combat contre les conservatismes, un art et du sport de haut niveau ! » (p. 15).
Le livre est divisé en 19 chapitres subdivisés en rubriques. Le premier chapitre rend hommage à Francis Bacon, le philosophe du XVIe siècle, « créateur de l’empirisme ». Selon Bacon, « Le système décimal (probablement lié au fait que nous avons dix doigts) est aussi un élément majeur de notre pensée, de même très vraisemblablement que le Décalogue, dans les lois de Moïse. Je fais ainsi un effort considérable en évitant d’organiser mon texte sous la forme des « dix raisons qui… », ou des « dix lois que… », ou encore des « dix principes qui », car cela n’a pas de sens. Il n’y a pas de raison qu’il y en ait dix plus que neuf, huit, sept ou douze, hors cette idole interne qui vaut pour l’Homme mais pas pour le reste du monde. De même que c’est bien notre nature humaine qui nous donne cette vision duale du monde » (p. 21). Raoult tente d’inventorier toutes les œillères qui nous empêchent de réfléchir librement. Il y a aussi le « politiquement correct » : « Quand une définition cesse d’être descriptive pour contenir une notion affective (qu’elle soit positive ou négative), celle-ci empêche la définition. C’est le cas du mot « nègre » ou « nigga » qui, étymologiquement, n’est pas différent de « noir », mais qui a été utilisé trop longtemps avec un caractère péjoratif pour pouvoir être vu autrement par ceux qui sont justement qualifiés par ce nom » (p. 26). On pourrait évoquer alors malheureusement l’échec du mouvement de la négritude – qui nous paraît si dérisoire maintenant – et tous ceux qui encouragent les minorités à se complaire dans la victimisation. J’aimerais bien l’avis du Pr sur les journalistes qui utilisent des termes très neutres pour le désigner, comme « négationniste du Covid » par exemple !

Le sida et la difficulté de nommer les choses

Le Pr revient sur le terrain médical en montrant sur l’exemple du VIH l’intérêt de nommer les choses correctement. Le fait d’avoir noyé le poisson en parlant d’« hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes » a selon lui « rendu totalement inefficace la prévention chez les humains », alors qu’il aurait fallu parler « d’avoir des rapports sexuels « à très haut risque » – c’est-à-dire par l’anus, que l’on soit un homme ou une femme » (p. 28). J’anticipe sur la fin du livre car l’auteur fait une remarque judicieuse sur « La difficulté de l’interrogatoire » : « J’ai vu au cours de l’épidémie du sida que ma capacité à obtenir des patients la connaissance des risques auxquels ils avaient été soumis augmentait de manière très considérable, en l’espace d’un an. Je voyais, en 1984, 20 à 30 nouvelles personnes infectées par le virus par semaine. La manière de poser les questions, le fait que le nombre de patients que j’avais vus me rendait totalement neutre (sans surprise, ni curiosité) à l’égard de ces facteurs de risques, ont beaucoup changé ma façon d’interroger. Il n’empêche que c’était parfois seulement lors de la troisième ou de la quatrième visite que les éléments étaient clarifiés » (p. 365). Raoult avoue qu’à l’époque on pratiquait des choses interdites, des examens à l’insu des patients, qui révélaient qu’ils mentaient sur leurs pratiques. Cependant je confirme, côté patient, les préjugés ou la pudeur ou la paresse intellectuelle de nombreux médecins que j’ai eu l’occasion de consulter, pour ce qui est de la sexualité. Pour prendre un exemple, étant sujet aux hémorroïdes comme beaucoup de personnes dans ma famille, et les médecins que j’ai pu consulter à ce sujet étant parfaitement au courant de mes préférences sexuelles, j’en ai vu plusieurs, y compris des « proctologues », incapables de m’interroger sur mes pratiques sexuelles, me parlant de selles de vélo, de la forme de mes selles, de mon régime sans sel, et négligeant le sel de ma vie ! Trouver un bon médecin avec qui l’on puisse parler de tout sans pudeur est un bonheur rare, mais mon médecin va bientôt prendre sa retraite ; « os court » ! (je vous expliquerai l’allusion !)
Il n’y a pas que la médecine où la façon d’interroger joue un rôle fondamental. Ainsi dans L’École du soupçon, les dérives de la lutte contre la pédophilie , Marie-Monique Robin expliquait les ravages des interrogatoires dirigés d’enfants par des magistrats qui parvenaient à leur faire dire ce qu’ils voulaient en suggérant des réponses. Dans le domaine scolaire, j’ai maintes fois insisté à l’époque où je militais pour la diversité sexuelle, pour que les enseignants qui accueillent des interventions sur ces thèmes soient volontaires, et aptes à aborder ces sujets librement en classe, car parler de sexualité ne va jamais de soi pour un adulte, qu’il soit médecin, prêtre ou enseignant ! Et j’ai souvent exprimé l’idée que le barnum de la prétendue « prévention des risques » en milieu scolaire, dans le domaine de la sexualité, c’était souvent faire revenir par la fenêtre le missel qu’on avait jeté par la porte. Il en va de même de la consommation d’alcool, du soleil, bref, de tout ce qui peut donner du sel à la vie : de nombreux médecins sont eux-mêmes hypocondriaques et coincés du cul, et il faut toujours en prendre et en laisser dans leurs préconisations. Mais professionnellement, quelles que soient leurs convictions, ils devraient au moins savoir, comme l’explique Raoult, que leur façon de poser les questions peut les empêcher d’obtenir les réponses nécessaires au soin.

Chaos, mécanique quantique, ribosome & rhizome

La vision du corps humain et de la médecine comme un champ de catastrophe perpétuel me rappelle les propos de Jean-Claude Ameisen sur la mort cellulaire, sans parler de ceux de Buffon : « En tout cas, c’est bien l’environnement de la cellule qui détermine sa forme, la forme même des êtres visibles et, à l’image d’une statue qui prend sa forme sous les coups de burin du sculpteur, l’embryon est sculpté par la destruction des cellules par un phénomène qui s’appelle l’apoptose, ou mort programmée des cellules » (p. 49). Didier Raoult ne cesse de montrer par des exemples à quel point toutes les hypothèses scientifiques en cours sont des erreurs que chaque découverte vient remettre en cause pour peu qu’on ait l’esprit scientifique. Le poids des religions a fortement contribué à accréditer l’hypothèse d’une « création » en un bloc : « L’idée que le ribosome s’est constitué en une fois relève aussi d’une vision entièrement créationniste. Il ne s’est pas créé 32 gènes, 32 protéines s’entremêlant de façon complexe en un seul coup » (p. 57). Son champ d’expertise semble passionnant : « Le nombre de bactéries dans le monde est absolument considérable. Ainsi une simple cuillère à soupe de terre contient plus de bactéries que d’humains à la surface de la planète. Par ailleurs, il y a plus de bactéries dans la mer que d’étoiles connues dans le ciel. Cela donne une idée de l’importance de ces micro-organismes. Et le nombre de virus est encore plus effarant : on considère qu’il existe 1031 virus sur Terre, c’est-à-dire cent fois plus encore que de bactéries. De manière intéressante, ces virus qui se nourrissent essentiellement de bactéries tuent chaque jour 20 à 40 % de l’énorme population bactérienne présente sur Terre. Autant dire que se joue là une véritable guerre, que nous peinons à nous représenter » (p. 64).

Culture générale, science dure & dépendance au sentier

Didier Raoult cite beaucoup d’écrivains y compris de fiction, et estime que « la liberté que se sont accordée, au XXe siècle, les auteurs de science-fiction leur a permis d’aller à la recherche de mondes plus réels que nous ne le croyions du fait de notre culture scientifique restrictive » (p. 66). Dans le chapitre 4, il évoque ses goûts en littérature, et pourquoi il se désintéresse de la critique : « Les critiques des œuvres contemporaines présentent les mêmes conflits d’intérêts que dans le monde de la science. Il s’agit souvent d’échanges de bons procédés entre le critique littéraire, l’auteur et l’éditeur ; tous les critiques littéraires étant, à un moment ou à un autre, susceptibles d’être des auteurs se ménageant en fonction de leur notoriété et se décidant en fonction de leurs autres convictions (d’ailleurs, tous les êtres profitent de leur notoriété pour écrire des livres – moi y compris) » (p. 68). Certes cela est valable pour les médias mainstream (ceux qui crachent sur Raoult), mais pas vraiment pour les soutiers de l’Internet comme votre serviteur, qui ne faisant pas dans la complaisance, continue à éditer à compte d’auteur ses propres livres et à n’obtenir 9 fois sur 10, aucune critique, ni négative, ni positive.
Dans ce chapitre fourre-tout, le scientifique critique une application excessive de la loi sur les 35 heures qui empêche ceux qui aiment ça de travailler plus : « On considère maintenant qu’une partie des grands travailleurs, dont je suis, sont des addicts au travail. J’ai d’ailleurs été qualifié plusieurs fois de « workaholic » par des collègues américains » (p. 73). C’est une question que j’ai souvent traitée. Il est un fait que les personnalités d’exception, irremplaçables et dont le départ en retraite priverait l’humanité d’un apport essentiel, doivent échapper à la loi commune ; par contre un simple professeur comme bibi, plus tôt il part en retraite, plus il contribue à la baisse du chômage. Et quant aux pseudo-vedettes de la télé comme les présentateurs d’émissions, qui se cramponnent à des sièges alors qu’ils ont atteint un âge plus que canonique, c’est encore pire, car ils contribuent à la mémérisation de la société en empêchant les idées nouvelles de se faire une place, et leur départ serait une bénédiction. Cela ne nous empêche pas de continuer à travailler bénévolement, comme un médecin qui s’investit dans le secteur humanitaire, sans léser ses collègues bien sûr.

Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, Jacques-Louis David, Belvédère supérieur, Vienne
© Lionel Labosse

Je cite intégralement une page magnifique sur la « dépendance au sentier » (le fait de ne pas sortir des sentiers battus) : « La dépendance au sentier, ou « path dependence », en particulier dans les domaines juridiques et des sciences sociales, décrit l’influence in consenti des éléments du passé dans nos comportements, qui se reproduisent par eux-mêmes. L’exemple le plus clair est celui des chevaux français. Lorsqu’on fait de l’équitation, en groupe, à la campagne, j’ai remarqué que nos chevaux avaient une volonté extrêmement ferme d’avancer au même rythme et en se suivant très précisément les uns les autres sur le même sentier. C’est quelque chose dont j’ai horreur car je veux rester maître de ma destination et j’ai beaucoup gêné ma famille en forçant mon cheval à sortir du chemin que lui traçait son prédécesseur, ou à l’obliger à faire du galop quand les autres faisaient du trot, puis à faire du pas quand les autres étaient au trot ou au galop. C’est très difficile en France, car les chevaux utilisés pour les balades sont moutonniers et ont une mentalité grégaire. Quand l’un part au galop, les autres suivent, même si leur cavalier ne le leur demande pas. Je ne suis pas un très bon cavalier, mais cela m’irrite particulièrement. Aux États-Unis, les chevaux se comportent différemment. Chacun peut faire à son aise du trot, du galop ou du pas, sans que les autres chevaux s’en émeuvent, et chacun, individuellement, continue à avancer à son propre rythme et sur un itinéraire qu’il a choisi. J’ignore si c’est là le reflet d’une mode d’élevage (et donc de civilisation) différent ou de l’évolution spécifique des races de chevaux. Il est en tout cas clair, de mon point de vue, que la capacité que nous avons, par analogie, à nous insérer simplement dans la file formée par nos prédécesseurs et à adopter le même rythme que nos pairs ou, au contraire, d’essayer de déterminer les choses par nous-mêmes, influe sur l’inventivité » (p. 74). Retrouvez cette page dans mon cours de BTS « Du cheval au cheval de fer et au cheval-vapeur ». Si l’on me confiait la rédaction du scénario d’un biopic sur Raoult, nul doute que ce serait là ma scène de générique, calquée sur l’inoubliable scène de Quarante tueurs de Samuel Fuller, avec Luchini galopant cheveux au vent vers une crête qui se rapprocherait et s’éloignerait à la fois… Pour rester dans le cinéma, Didier Raoult me rappelle aussi Doctor Bull (1933), film de John Ford avec Will Rogers. Mais revenons à nos moutons, non sans admirer cette sculpture de David Černý représentant un grand stratège français « nous sommes en guerre », à cheval bride abattue contre la Covid-19. Un peu plus haut, cette peinture représente Didier Raoult menant le navire pendant la tempête, avec les soutiers de son IHU, tandis que les couards sont confinés dans la cale. À noter que l’avocat Fabrice di Vizio qui prend en ce début novembre en charge le dossier de l’hydroxychloroquine, a déclaré dans une entrevue, son goût pour les chevaux (il est cavalier professionnel et il en possède 5). Cela je pense nous vaudra sur Radio-Paris des suspicions de conflit d’intérêt entre les deux hommes !

Kůň, David Černý, 1999, passage Lucerna
© Lionel Labosse

Les confidences biographiques sont d’autant plus appréciables qu’elles sont parcimonieuses, comme celle sur sa vocation tardive d’élève peu docile : « Après deux ans d’errements sur les bateaux, mais aussi comme garçon de café et démarcheur en livres de cuisine, je suis revenu la tête basse pour commencer des études de médecine » (p. 81). Il fait l’éloge de son père et de ses maîtres en médecine. C’est à une fable sur « Mimi l’amibe » inventée par son père pour lui expliquer les phases de l’évolution, qu’il a emprunté le nom de sa découverte du « mimivirus » ! (cf. p. 82). Raoult évoque son arrière-grand-père Paul Le Gendre dont il semble suivre la voie en tant qu’infectiologue (p. 86) Dans son chapitre consacré à Charles Darwin (sur lequel il revient tout au long du livre, Raoult évoque la différence de traitement avec Jean-Baptiste de Lamarck, du fait du conformisme académique français : « C’est le sort de certains génies français qui arrivent souvent à être dépecés par le conformisme de leurs contemporains » (p. 102). Contre Darwin, Raoult est un partisan de la théorie des catastrophes et des aléas : « On pense par exemple que la bataille de Bouvines a été un élément fondateur de l’histoire de France ; en réalité, l’histoire de France est le fruit du hasard, de quelques événements imprévus. Ici, la pluie ; ici, une épidémie ; ici, un terrain boueux… Tous ces éléments ont joué un rôle dans le destin et l’histoire du monde. Croire que les choses devaient s’organiser ainsi parce qu’elles allaient dans le sens du progrès ou de l’Histoire, ou dans un meilleur état, est une illusion progressiste qui prête à sourire. En pratique, encore une fois, ce que l’on observe n’a rien à voir avec la déduction qui a été faite dans la théorie de l’évolution de Charles Darwin. De ce point de vue, les mathématiques actuelles appliquées à la prévision ont une arrogance contredite par tous les principes de la mécanique quantique, qui montrent que les événements chaotiques sont imprévisibles » (p. 108). Il utilise fréquemment le mot « chimère » à propos des êtres vivants : « L’hypothèse qui me paraît actuellement la plus vraisemblable est qu’il a existé plusieurs formes de vie dont beaucoup ont disparu, et que nous vivons le cycle d’une forme de vie cellulaire qui aura son temps et qui disparaîtra peut-être demain, si les conditions environnementales changent. Il n’y a pas de raison que ce que nous avons vu avec les dinosaures ou avec les autres espèces disparues ne se passe pas à une échelle encore plus large, c’est-à-dire sur toutes les formes utilisant l’usine à protéines actuelle (le ribosome). L’idée que cette forme est définitive et qu’elle a toujours existé est naïve, et je pense qu’elle est aussi très influencée par notre culture judéo-chrétienne » (p. 110).

La technique JNSP

Sur ses méthodes de recherche, il évoque sa « « technique JNSP » – qui signifie « je ne sais pas » » (p. 114). Il insiste sur le fait que contrairement aux idées reçues, le cancer est souvent une maladie infectieuse : « Au total, j’avais calculé que, sur les cancers déclarés en Afrique, plus de 50 % étaient d’origine infectieuse. Il est donc faux de considérer toujours le cancer comme une maladie non infectieuse » (p. 125). Il exprime une évidence oubliée : « Mais l’accroissement du nombre de cancers est essentiellement lié à l’allongement de la vie. Les cancers apparaissent pour la plupart à un âge tardif et donc leur multiplication, ainsi que celle des maladies liées aux problèmes cardiaques et vasculaires, augmentent avec l’âge. De toute manière, on meurt effectivement toujours de quelque chose au XXIe siècle et, quand on meurt vieux, on meurt plus fréquemment d’un cancer ou d’une maladie artérielle ou cardiaque » (p. 126). Grâce à son expérience, il remet en cause les rituels du bloc opératoire : « En pratique, on sait que les gants ne sont pas nécessaires si on opère sans toucher le malade. D’ailleurs, j’aurais dû le savoir car, lorsque j’étais jeune, les ophtalmologistes n’opéraient jamais avec des gants – qu’ils trouvaient gênants. Or, il y a plutôt moins d’infections que dans d’autres spécialités médicales parce que seuls les instruments stériles touchent l’œil. Bien entendu les pantalons n’ont pas d’utilité, pas plus que les bottes – à moins que les médecins qui les portent aient l’habitude de faire des acrobaties quand ils opèrent. Pour la blouse, la question est de savoir si elle est en contact avec le patient ou non. Il n’y a jamais eu démonstration de l’efficacité du calot : il faut tenir les cheveux en arrière et pour cela un bandeau suffit. Quant au masque pendant l’intervention, il n’a malheureusement jamais été démontré qu’il servait à quelque chose. Les seuls éléments tangibles sont que : 1. le nombre d’infections postopératoires est lié au nombre de personnes présentes dans le bloc pendant l’intervention – c’est donc la première mesure technique à prendre ; 2. elles sont directement liées à la qualité du chirurgien (c’est bien évident) ; 3. le nettoyage de la peau du patient doit être fait juste avant l’intervention et il ne faut pas le raser à l’avance, car cela favorise l’infection. Voilà les quelques éléments positifs » (p. 129).

Le médecin qui ne voulait pas nous empêcher de picoler

Je veux insister sur l’apologie du vin du Pr Raoult, car là, c’est un grand homme (même s’il ignore le whisky et le gin parce que je le soupçonne d’avoir des conflits d’intérêt avec le Bordeaux !) : « Le vin protège des affections cardiovasculaires, en particulier de la mortalité cardiaque, de l’infarctus du myocarde, et cette protection est avérée jusqu’à une consommation d’une bouteille de vin par jour par personne. Ainsi, c’est seulement à partir d’une bouteille de vin par jour que le risque cardiovasculaire rejoint celui de ceux qui ne boivent pas du tout d’alcool. Le risque d’accidents vasculaires cérébraux est aussi diminué d’une manière significative ; les données sont comparables. La consommation d’une bouteille de vin par jour diminue le risque d’accidents vasculaires cérébraux. La mortalité totale mérite bien sûr d’être étudiée, de manière à intégrer à la fois les bénéfices du vin (sur les accidents vasculaires cérébraux et sur les accidents cardiaques) et ses méfaits en termes d’infections chroniques (cirrhose) et de cancers, mais aussi d’accidents et de suicides. Dans ces conditions, le vin a encore un effet protecteur contre la surmortalité jusqu’à une concentration de 40 grammes par jour, soit un demi-litre. L’effet maximal se trouvant entre 14 et 34 grammes par jour. Cela signifie que deux à trois verres de vin par jour entraînent une réduction de la mortalité, des accidents vasculaires cérébraux et des accidents cardiaques. Concernant la bière, beaucoup moins d’études ont été réalisées, mais les données sont à peu près comparables. Pour résumer, l’excès d’alcool a des inconvénients : un certain nombre d’accidents de la route, de même que certains cancers et maladies chroniques. En contrepartie, l’alcool exerce un effet protecteur tout à fait spectaculaire sur les problèmes cardiovasculaires. Le résultat général est qu’une consommation modérée de vin allonge l’espérance de vie d’une manière très significative. Cela est rassurant, car c’est ce que disait celui que je considère comme mon maître, le microbiologiste Louis Pasteur, dont les premiers travaux ont porté sur la fermentation des boissons alcoolisées et qui prétendait que le vin était la plus saine des boissons. Dans le pays qui est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de vin, peut-être est-il temps d’avoir un jugement plus nuancé sur sa consommation, au regard des données scientifiques de ces dernières années » (p. 142).
À la fin de l’ouvrage, Raoult nous en sert un petit dernier pour la route : « Et il faut rappeler que les affections chroniques du foie (cirrhose et cancer) sont très liées à la coinfection par les virus des hépatites B et C : 75 % des cirrhoses et 100 % des cancers du foie ont un virus comme cofacteur. L’obésité joue aussi un rôle de cofacteur important. Dans la plupart des cas, l’alcool ne suffit pas à causer la lésion. Cela explique aussi, comme pour tous ces facteurs d’exposition, que l’on n’arrive jamais à définir un seuil. En règle générale, la notion de seuil est une notion fausse quand nous étudions un groupe hétérogène. C’est là encore une vision arithmétique stupide de penser qu’à partir d’un certain niveau, le risque existe et qu’en dessous il n’existe pas. Cela amène, à chaque fois que l’on étudie un facteur de risque, à dire qu’il n’y a pas de seuil ! Dans notre société si anxieuse, cela se traduit par le principe de précaution où l’on doit éradiquer complètement tout risque d’exposition ! On arrive à un paradoxe au niveau de l’alcool : il n’y a pas de seuil, donc on considère que l’alcool est cancérigène depuis sa première goutte ! » (p. 367). Dommage que le professeur n’aille pas jusqu’à évoquer le tabou absolu de la consommation d’alcool pendant la grossesse… Cela me rassure, car la prohibition de l’alcool dans tous les domaines de la vie sociale à l’heure actuelle fleure un peu trop l’islamisation rampante. J’ajouterais (mais je suis un ignare) qu’à mon humble avis, ceux qui remplacent le vin non par de l’eau mais par des sodas, n’ont pas une meilleure santé, et c’est le cas d’une flopée de nos élèves « musulmans », obèses à 15 ans alors que toutes nos obédiences médicales (sauf Raoult) appuient l’air de rien le message anti-alcoolique de l’islam en dépit de la science. C’est ce qu’il y a de bien chez Raoult : quel que soit le sujet, il se fout des préjugés et de la morale : il étudie les études scientifiques les plus récentes, point barre. Mais je le préviens : il a pas intérêt à me raconter que d’après une étude, la sodomie serait contre-indiquée pour ce que j’ai ! Sinon, gare !

Autres réflexions iconoclastes. La médecine est un art

Sur la phobie du soleil par les dermatologues, le Pr Raoult a son avis : « Le Soleil a bien d’autres effets que de causer ou favoriser les cancers basocellulaires, en particulier un rôle antidépresseur majeur et comme, incontestablement, on meurt plus de suicides que de cancers basocellulaires, peut-être faudra-t-il avoir une réflexion positive sur l’exposition solaire ? » (p. 143). Sur l’asthme, Raoult ne peut que répéter qu’on ne sait pas et que faute de savoir, on pointe « les terreurs sociétales de l’instant » (p. 147). Sur la sclérose en plaques, idem, « Beaucoup de personnes qui se sont activées, y compris au plus haut niveau, considéraient en effet que les scléroses en plaques étaient la conséquence des accords d’un lobby politico-industriel pro-vaccin » (p. 151). « On voit qu’il existe une discordance considérable entre les maladies contractées à l’hôpital et qui, étant contagieuses, font courir un risque au patient, et les vaccins rendus obligatoires par la réglementation. Comme souvent, la réglementation semble aveugle, déconnectée de la réalité et personne n’ose y toucher parce que la vaccination est devenue un sujet de lutte passionnelle entre pro- et antivaccins » (p. 157). Parmi les nombreux exemples d’erreurs médicales historiques, Raoult rapporte l’histoire croustillante des « trayeurs de verge », une expression employée à ses débuts pour se moquer des hommes qui se plaignaient de symptômes d’une goutte qui perlait à la verge : « En pratique, ces malheureux n’étaient pas des « fadas » et souffraient véritablement d’une infection à Chlamydia, une bactérie intracellulaire dont le rôle a été découvert plus tard et qui disparaît au bout de sept jours de traitement. Avec cette avancée, les séquelles psychologiques de ces patients en butte à l’incompréhension du monde médical ont évidemment disparu. Et plus personne ne parle des trayeurs de verge… » (p. 159). Une recommandation au passage : « se mettre plutôt du côté de l’aile que du côté de l’allée, car aussi bien pour la grippe que pour les gastro-entérites, il a été démontré qu’être du côté de l’allée était un facteur de risque significativement plus élevé ! » (à cause des « malades touchant les accoudoirs [1] au passage » (p. 162).
Un chapitre consacré aux « mythes, modes et ignorance en médecine » fait état de maladies plus ou moins inventées, par exemple la spasmophilie : « La spasmophilie est une des maladies dont j’aurais (sic) pu voir la naissance, les explications multiples… puis la disparition. Car, chose folle, elle a entièrement disparu. Ainsi des maladies dont la perception est entièrement culturelle peuvent se développer comme une mode, puis disparaître » (p. 170). Le concept de « compliance » que j’ignorais, me semble plein de bon sens : « Depuis l’utilisation de ces critères, il s’est avéré que l’efficacité dans les études scientifiques – bénéficiant d’une grande rigueur dans leur mise en place – n’est pas la même que celle observée par les médecins, au quotidien, chez leurs patients. Ce que nous appelons la « compliance », c’est-à-dire l’adhésion stricte du patient au traitement présent, n’est pas la même et les résultats ne sont donc pas de même nature ! Cela amène de temps en temps, lorsque de grandes séries sont réalisées, à montrer que certains médicaments dont on pensait qu’ils étaient très efficaces, et dont on avait démontré dans des études comparatives qu’ils étaient utiles, n’amélioraient en réalité pas la survie ou l’état des patients. Ce fut le cas de médicaments contre la dépression, le diabète et bien d’autres maladies ; ce qui met le doigt sur un élément pour l’instant non quantifié : la qualité de la prescription et le rapport entre le malade, le médicament et le médecin. […] On touche ici à la limite de l’empirisme et de la chimie ; ce qui témoigne que la médecine reste, en partie, et malgré la puissance de l’évolution scientifique, un art » (p. 171). Bien que Raoult ne le fasse pas, on peut appliquer cette remarque à son protocole contre la Covid-19 : il faut être convaincu de son efficacité, et que le patient le soit aussi, pour l’utiliser dans les conditions optimales (test et traitement précoce et rapide, au lieu de la procrastination plus ou moins consciente d’un certain nombre de médecins qui ont testé ce traitement dans l’optique de prouver son inefficacité, dont certains étaient des ennemis proclamés de Raoult, ce qui constitue un biais rédhibitoire).
Le chapitre 8 « Les trois cavaliers de l’apocalypse » est consacré à la peste, au typhus et au choléra, et reprend plus ou moins un chapitre du livre précédent, sans le côté Indiana Jones de son arrivée au Burundi pour soigner le typhus, mais en ajoutant quelques détails, comme à propos du choléra à Haïti en 2010, lorsque le Lancet (déjà) avait refusé de publier l’étude de Renaud Piarroux démontrant que ce choléra avait été apporté par les mercenaires népalais de l’Onu, mais avait publié une étude de prédiction mathématique : « Les éditeurs du Lancet avaient préféré la virtualité à la réalité ! » (p. 191). Le chapitre 9 est consacré aux « big three » (allusion aux « big five » des safaris en Afrique australe), tuberculose, sida et paludisme. Pour la tuberculose, « deux vieilles molécules sont très efficaces ; l’une est l’imipénem (un travail important a été fait par notre collègue parisien, Jean-Luc Mainardi), et nous avons pu mettre en évidence que le Bactrim présentait, lui aussi, un intérêt tout à fait remarquable et qu’il pouvait être une alternative raisonnable dans le traitement de la tuberculose multirésistante » (p. 201). Il regrette que ces solutions simples soient ignorées par des chercheurs aveuglés par leur « surspécialisation ». Sur le paludisme, j’avais entendu récemment les propos de l’économiste Esther Duflo sur l’intérêt des moustiquaires gratuites (je dois reconnaître que je n’aurais pas été spontanément de cet avis), mais il est intéressant de retenir les observations récentes rapportées par Raoult : « Enfin, les moustiquaires constituent en soi un outil mécaniquement remarquable pour combattre le paludisme. Si l’on met une moustiquaire sur son lit, comme les anophèles piquent la nuit, nous devrions être protégés. Cette technique a parfaitement fonctionné pendant quelques années. Toutefois, une étude réalisée dans l’équipe de paludisme de mon unité a observé un rebond dans la maladie, lié en partie au changement de mœurs des anophèles, qui dînent plus tôt ! Ces moustiques qui piquaient majoritairement pendant la nuit ont commencé à être actifs dès 19 heures puisque « le restaurant humain » leur était fermé à partir de 22 heures » (p. 212).

Organisation de la recherche et des études

Le chapitre suivant est consacré à l’organisation de la recherche et de l’université et des facultés, autre domaine de compétence de Didier Raoult. Il plaide pour des études longues, et fustige Polytechnique et l’Ena qui ont des cycles courts : « De là sortent des individus qui développent à la fois l’arrogance de ceux qui ont passé les concours et l’ignorance de ceux qui n’ont jamais rien approfondi » (p. 222). Il fait au contraire l’éloge des Staps : « Les étudiants ont perçu l’enjeu du sport dans notre société, bien avant que les ministres et leur administration d’énarques le comprennent. Si les magiciens de la finance pouvaient prévoir, ils auraient investi massivement dans le sport il y a vingt ans (comme les jeunes) ! Les formations universitaires en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) sont bondées du fait à la fois de l’intelligence de leurs études, très peu spécialisées comparées à toutes les autres, permettant la création d’esprits plus ouverts. Par ailleurs, la pratique du sport dans ces facultés permet aux étudiants de continuer à avoir une activité physique. Je considère que c’est actuellement la formation la plus intelligente que nous ayons dans le pays à ce niveau (bac + 3), incomparable avec celle des classes préparatoires » (p. 225). Mon expérience d’enseignant en BTS me fait prendre avec réticence les propos du professeur sur l’enseignement supérieur : « Cela [le programme de Bologne des études en 3/5/8 ans] nous conduira aussi à abandonner les formations aux lycées à bac + 2 (BTS et préparations aux grandes écoles). J’attends avec impatience la réintégration dans les universités de ces formations courtes et coûteuses » (p. 225). Je crois qu’en ce qui concerne les BTS, le professeur se méprend. Dans le secteur technique où j’ai l’honneur d’enseigner, nous avons conformément aux orientations récentes, une forte proportion d’étudiants titulaires de bac pro. Certains s’en sortent très bien, mieux que ceux de filière générale ou technologique, mais pour certains, qui s’inscrivent là par défaut, pour faire la paix avec leurs parents, toucher une bourse, ou retarder le moment d’entrer dans la vie active, c’est l’hécatombe, sans compter leur comportement nuisible. Pour les IUT, je sais par une amie, que là ce n’est même pas la peine et que c’est l’abandon systématique au bout de deux mois pour ceux qu’on oblige à s’inscrire par quota, ce qui empêche de bons bacheliers d’accéder à des IUT, et d’échouer en BTS par défaut… Par contre, les meilleurs prolongeront d’une prépa ATS en un an, ou d’une licence en alternance, parfois en travaillant comme des bêtes. Je pense donc que peut-être pour les IUT, on peut passer au 3/5/8, mais qu’il faut conserver une filière courte pour ceux qui ont du mal, et pour qui le bac a déjà été une épreuve terrible ; très majoritairement des enfants d’immigrés ou des immigrés eux-mêmes, qui échoueraient en université. De même je ne comprends pas du tout sur quoi se fonde le Pr Raoult quand il écrit : « les meilleurs étudiants sont drainés très activement pour intégrer des classes préparatoires par les professeurs de lycée (qui ont un conflit d’intérêts, puisque leurs heures supplémentaires sont payées sur le nombre d’étudiants envoyés en « prépa »), puis ils partent dans des écoles à cycle court et arrivent dans le monde du travail. » J’ai enseigné 8 ans dans un lycée de Seine-Saint-Denis où il y avait une CPGE littéraire, et j’ai enseigné en TL, mais je ne vois absolument pas à quoi il fait allusion ici. J’ai refusé les heures sup tout au long de ma carrière pour ne pas créer de chômage, mais je n’ai jamais entendu parler d’heures sup basées sur ça ! Et le prof de lycée qui souhaite faire des heures sup, en général, il en fait autant qu’il en veut, vue la pénurie de profs ! Bref, je suis plus intéressé par la remarque stupéfiante suivante : « Actuellement, 50 % des étudiants en thèse en France sont étrangers. Il faut que nous réfléchissions à ce recrutement, en nous penchant sur ce réservoir de jeunes qui ont encore le goût de la science » (p. 228). Cela me semble plutôt une catastrophe : nos jeunes ne peuvent pas étudier en France, et nous ponctionnons toute la matière grise des pays émergents. Nous leur prenons tous leurs médecins pour pallier notre numérus clausus, et après, nous leur envoyons de l’aide humanitaire ! Enfin ça c’est ce que je croyais, mais les multiples interventions de Raoult ont fini par me convaincre que contrairement à cette idée reçue, les pays dits pauvres s’en sortent mieux que nous parce qu’ils sont pragmatiques et que les médecins qui acceptent de rester ou de rentrer dans leur pays de naissance, sont moins corrompus que les nôtres. Le professeur conspue la pratique du financement des IHU par projets, et prône le financement institutionnel basé sur la « production scientifique brute (publications et brevets) », voire la rétribution au résultat, « au même titre que les sportifs de haut niveau », avec un « bénéfice direct » (p. 230).

L’aveuglement des mots

Dans le chapitre 12, le professeur revient sur une source d’erreurs fréquente, l’« aveuglément des mots ». Il avoue une erreur qu’un collègue a rectifiée par une observation naïve : « Pour moi, cette bactérie n’avait donc pas de noyau, la question ne se posait même pas. C’était sans compter la remarque d’un collègue qui a relevé dans mes propres photos quelque chose que je n’avais pas vu : un noyau ! » (p. 266). Je relève un paragraphe sur le baptême des virus : « La capacité à qualifier est une des marques du pouvoir dans mon domaine, celui de la dénomination des microbes et des effets biologiques. C’est une activité extraordinairement ludique et fascinante ». Il a donc nommé certains microbes « Massiliensis » par exemple, ou leur a donné des noms de collaborateurs, et « Moi-même j’ai été récompensé du nom d’un genre bactérien Raoultella et d’une espèce bactérienne, Rickettsia raoultii ». D’autres chercheurs se sont amusés à nommer « des bactéries trouvées dans des excréments humains Bacteroides cacae ou encore Bacteroides merdae » (p. 269). Raoult souligne la difficulté de définir la vie : « j’en suis venu à une définition qui m’est propre : la vie, c’est tout ce qui est susceptible de coder et de transporter de l’information » ou bien : « Ainsi ai-je proposé de reprendre la définition de Shakespeare dans Macbeth : « La vie est une histoire pleine de bruit et de fureur racontée par un idiot, et qui n’a aucun sens » […] « Les idiots qui racontent, c’est nous ! » (p. 274). Il manifeste une ouverture rare : « L’absence de prise en compte du placebo est un problème qui me paraît pour l’instant insoluble. Une des solutions est le recours aux médecines alternatives qui n’ont pas ces embarras. Inutile de faire de longs papiers expliquant les effets secondaires ou la composition des médicaments. Le bond des médecines alternatives trouve sans doute là son explication. Peut-être sont-elles les seules à être encore efficaces, fondées sur des produits qui n’ont pas de principes chimiques actifs connus. Il ne faut pas oublier qu’il existait de très bons médecins avant que nous ayons des médicaments chimiquement définis. Pendant plusieurs siècles, certains praticiens avaient des réputations exceptionnelles, bien que la pharmacopée fût ridicule. Nous négligeons cette partie de notre métier et je pense que c’est une erreur. En tout cas, celle-ci renaît dans des formes alternatives, qui montrent bien la nécessité de ces soins non basés sur une rationalité claire » (p. 290).

Réflexions politiquement incorrectes

Il estime également que notre société est devenue « eugéniste ». C’est un extrait que je vais intégrer à ma séquence de BTS 1re année qui intègre le film La Monstrueuse Parade (Freaks) de Tod Browning. Eh oui, tous les acteurs de ce film, à l’heure actuelle, on les supprimerait carrément avant la naissance. Cela donne à réfléchir. Et ce professeur est vraiment un humaniste qui ne se paie pas de mots : « En science, une des manifestations de la tentative d’homogénéisation est, bien entendu, l’eugénisme. Il est intéressant d’ailleurs de voir que le débat sur l’eugénisme est devenu totalement vide de sens. Nous sommes une civilisation eugénique, mais nous ne voulons pas nous l’avouer, le terme ayant une connotation insupportable puisqu’il a été récupéré par le nazisme. Toutefois, en pratique, le diagnostic anténatal n’est jamais que de l’eugénisme. Supprimer un fœtus parce qu’il sera malformé, parce qu’il a une anomalie dont on ne sait si elle sera réparable dans les vingt ou trente ans qui viennent, est purement et simplement de l’eugénisme. Nous vivons dans une société qui est pleinement, mais honteusement, eugéniste. Peu importe la raison. Certains voulaient développer l’eugénisme dans l’espoir dérisoire des darwiniens, qui espèrent une race supérieure (comparable à Et on tuera tous les affreux de Boris Vian). D’autres font ce choix au nom de la douleur potentielle qu’aurait un enfant de vivre avec une malformation, ou qu’auraient les parents à supporter cette anomalie ou cette malformation. Mais, à la fin, on arrive bien à la même chose, on tue tous les « affreux » ! » (p. 304).
Parmi les réflexions à rebrousse-poil, j’en apprécie une sur le fait que la disparition des punitions corporelles n’est pas forcément un progrès, car il note que plus les agressions baissent, plus on emprisonne de gens pour « un certain nombre de faits répréhensibles, qui nous apparaissent maintenant évidents et qui, avant, étaient dérisoires » (p. 308). Il remarque de façon iconoclaste que dans les pays où la charia coexiste avec un code civil, les criminels choisissent souvent la charia : « Je dois reconnaître que, dans la même situation, si pour un délit ou un crime, on me proposait le choix entre dix coups de bâton ou six mois de prison, je choisirais très certainement des coups de bâton » (p. 307). Eh bien soit : Cent coups de bâtons administrés par Véran pour avoir osé soigner les gens plutôt que les « tracer » !
Dans le chapitre « aveuglement de la société », Raoult met en garde contre des dangers négligés, comme la consommation de porc mal cuit, les figatelli corses par exemple, qui transmettent des tas de maladies (trichinose, staphylocoques dorés, hépatite E…) (p. 312). Il fustige aussi le rôle parfois négatif des associations de malades, qui « peuvent s’ériger en censeurs ou en épidémiologistes, et amener à des choix qui ne sont plus fonctionnels ». Il rappelle que « dans le domaine des maladies infectieuses, les découvertes récompensées par des prix Nobel étaient le plus souvent fortuites. Il faut donc laisser les chercheurs chercher et leur donner la capacité de faire des découvertes majeures, qui se font en dépit de la tendance générale et des influences sociétales » (p. 318). Il est favorable à la « mécanique quantique [qui] montre que c’est bien le hasard qui règne et qu’il n’y a pas de déterminisme ». La contestation du darwinisme va en ce sens : « Les histoires anthropologiques qui content l’émergence d’un humain supérieur (Homo sapiens) éliminant les humains primitifs étaient des fables, fondées sur le roman darwinien. Il faudra beaucoup de temps avant que les définitions des paléontologues se conforment à la réalité » (p. 326).

Un État de plus en plus dictatorial pour notre santé

Dans le chapitre « La volonté de prévoir », Raoult explique sa position sur les prévisions épidémiologiques (et ceux qui n’ont pas lu ses livres et ne le connaissaient pas avant la crise actuelle se sont mépris sur son attitude) : « ce qui est sûr, c’est l’existence d’une discordance permanente entre les prévisions sur les épidémies et la réalité » (p. 332). Il évoque avec humour l’épisode de la « vache folle » : « Il était prévu quelques centaines de milliers de morts en France et nous en avons eu trois ! L’amplification médiatique qui a montré en boucle les trois malades a fini par affoler la population, qui s’est arrêtée brutalement de manger de la viande ! On m’a empêché (ce qui est beaucoup plus grave) de manger des ris de veau pendant trois ans, en raison du principe de précaution imposé par l’État français, pour un choix qui ne regardait que moi ! […] L’État, qui est de plus en plus dictatorial pour notre santé (comme jamais aucun État ne l’a été dans l’histoire de l’humanité), m’a interdit de me faire plaisir avec mon plat préféré, au nom de folies mathématiques » (p. 333). L’impossibilité des prévisions atteint un niveau rare en 2009 : « H1N1 nous a beaucoup appris sur notre ignorance concernant les interférences virales en France. Ainsi une équipe lyonnaise a noté que quand le rhume circulait, il empêchait H1N1 de circuler (une information qui a été présentée au grand public comme une découverte, lors de l’épidémie de Covid-19). H1N1 est d’ailleurs reparti avec la diminution du rhume, à l’automne. La seule chose dont j’étais sûr, à tort, c’est que toutes les grippes se renforçaient en Europe (et particulièrement en France) durant la saison hivernale. En fait, dès que le froid est apparu, pour H1N1 en 2009, la grippe s’est arrêtée et, bizarrement, non seulement elle a pris fin, mais les autres mutants grippaux qui circulent tous les ans aussi ! » (p. 342). Et puis, Raoult n’est pas un terrorisateur, ce qui le fait haïr des médias : « Et ce, malgré les peurs sur nos expositions aux rayonnements, aux produits chimiques et aux pesticides. Le problème de l’avenir apparaît (pour l’instant) être plus celui d’une adaptation de nos sociétés à notre longévité croissante (durée d’études, durée du travail, âge des retraites) et à une nourriture très abondante, que celui d’une mort prématurée liée à la modernité » (p. 347). Il amplifie cette réflexion plus loin : « Le surenchérissement (j’appelle cela la « dictature des pompiers ») pour prévenir des événements qui n’existent pas mais pourraient arriver est simplement une manifestation de l’angoisse de la société. Ici encore, nous sommes face à l’ignorance. Les législateurs réagissent avec une spontanéité manquant de réalisme. Une évaluation très précise du coût et de la mortalité liés aux différents accidents pourrait permettre de trier parmi les lois, celles qui représentent un bénéfice susceptible d’être significatif pour la société. Personnellement, je suis convaincu qu’il faudrait obliger les législateurs à plus d’oisiveté, afin de les empêcher d’avoir une créativité permanente – qui se termine toujours par de nouvelles contraintes légales, que plus personne ne peut connaître, tellement leur nombre est devenu important » (p. 415). C’est ça : que Véran, Macron et Cie prennent de très grandes vacances ! Il évoque aussi comme dans son précédent livre, le « fantasme du bioterrorisme » qui absorbe le financement de la recherche (p. 425).
Je note un paragraphe modèle pour l’argumentation en BTS, où un roman (et film) est cité à l’appui : « Dans l’une de ses nouvelles, Rapport minoritaire, Philip K. Dick (l’écrivain qui a la vision la plus compatible avec la révolution génétique et microbiologique actuelle et la physique quantique !) décrit une société où trois devins essaient de prévoir l’avenir et formulent des prédictions qui déclenchent les actions préventives de la police. Tout fonctionne bien jusqu’à ce qu’une des prédictions concerne le chef de la police lui-même, lequel finira par s’en sortir. En fait, l’un des devins avait émis des réserves mais son avis minoritaire n’avait pas été pris en compte puisque seul primait l’avis de la majorité » (p. 354).

Éloge du hasard en sciences

Raoult signale un biais inattendu dans la littérature scientifique : « Un autre artifice de la popularité de ces articles mérite une explication : les journaux scientifiques sont classés en fonction du nombre de fois où ils sont cités dans la littérature, ce qui dépend du nombre d’auteurs d’articles qui se citent eux-mêmes souvent (moi aussi, d’ailleurs) car ils connaissent (et estiment !) leur travail. Ainsi l’audimat scientifique d’un article à 50 auteurs (relevant souvent donc de la Big Science) est toujours (mécaniquement) plus élevé » (p. 363). Raoult signale une aberration de l’évolution de la recherche : « En fait, la stratégie se bâtit au fur et à mesure des résultats. Ainsi l’objectif se modifie-t-il souvent au fur et à mesure des expérimentations ! Le mode de présentation actuelle, avec une introduction qui semble donner un sens initial aux choses, puis la mise en place des différentes méthodes, séparées des résultats, ne reflètent jamais la réalité. Les méthodes évoluent en fonction des résultats, la discussion est souvent bâtie a posteriori, sur les résultats qui étaient inattendus. La version initiale donne à l’ensemble un aspect intelligent et intelligible, qui perpétue la légende d’une recherche préprogrammée. Il est à noter que cela entre en résonance avec la distribution des financements, faite sur des projets de recherches fondés sur des hypothèses. En réalité, dans la plupart des cas, les projets ne sont jamais réalisés. Cela devient un problème maintenant, car l’administration tentaculaire de l’Europe et de la France tend à vérifier que nous utilisons bien l’argent aux fins pour lesquelles nous l’avions prévu et cela ne se passe jamais ainsi ! C’est une vision délirante de l’administration. En réalité, le temps que nous déposions le projet, la science a continué à évoluer et certaines questions ont radicalement changé ! » (p. 391). Il évoque son goût pour les publications : « J’ai personnellement toujours trouvé qu’écrire une publication m’apportait beaucoup, en m’obligeant à rendre compréhensible la recherche que je faisais, en acceptant les critiques anonymes et en tentant de les contourner ou d’intégrer ce qu’elles avaient d’utile. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime tellement publier et pour lesquelles je suis devenu un « recordman du monde » du nombre de publications, ce qui me vaut aujourd’hui des critiques faussement étonnées » (p. 426).

Du féminisme

Quand il aborde la question du féminisme actuel, Raoult émet une hypothèse selon laquelle c’est la diminution de la mortalité infantile qui « fait que le temps consacré à la reproduction pour une femme est passé de la moitié ou du tiers de sa vie à 3 ou 4 % ». Il remarque également que « dans le monde entier, la majorité des étudiants sont actuellement des étudiantes, y compris dans les pays islamistes les plus rigoureux – en Algérie, en Iran ». Il a constaté un renversement au profit des filles au long de sa carrière, car à l’âge de 18 ans où les étudiants sont sélectionnés, elles ont « une plus grande capacité de travail et une meilleure adaptation » (p. 432). Je crois que l’éminent professeur néglige un 2e phénomène bien plus important dans la libération du temps des femmes : l’invention de la machine à laver et des couches jetables dans les années 50, sans compter les trayeuses électriques dans les fermes, etc. Choses que j’ai exposées dans mon roman M&mnoux. J’apprends un détail que j’ignorais : « Un autre phénomène de communication des grands singes est particulièrement politiquement incorrect dans un siècle de féminisme. Les bonobos femelles secrètent des phéromones, supposons-nous, comme les souris ou les insectes, qui permettent la régulation des cycles menstruels. Ainsi les femelles bonobos, à l’endroit du monde où elles sont le plus observées, en Belgique, sont-elles toutes synchronisées pour leurs menstruations, régulées sur la femelle dominante. D’une manière intéressante, les humaines qui travaillent dans cet observatoire de bonobos sont, elles aussi, réglées au même rythme que les bonobos ! On sait, depuis longtemps, que les femmes qui vivent ensemble, comme dans les couvents, sont souvent synchronisées sur le plan des menstruations » (p. 441).
Raoult rectifie encore quelques idées reçues : « Il est étonnant d’entendre raconter que les humains sont les seuls à faire la guerre. Non seulement les animaux passent leur temps en conflit, mais les plus proches de nous, les singes, ont une organisation guerrière qui ressemble étrangement à la nôtre. Un travail publié dans Nature sur les chimpanzés, après des années d’observation, a montré qu’à partir d’une certaine concentration de mâles dans une tribu de chimpanzés (lesquels sont très agressifs), la guerre commençait. En pratique, la tribu de mâles se met à attaquer la tribu voisine, piétinant les mâles, parfois les tuant, probablement dans le but d’agrandir leur territoire. Les images extraordinaires de chimpanzés à la queue leu leu, dans la jungle, sur le point d’attaquer la tribu voisine, sont exactement superposables à celles d’un commando attaquant un village ou une ville » (p. 440).
À la fin de son livre, Raoult remplace sa vision du chaos, de la mécanique quantique par l’image du « rhizome », et cite un livre oublié de Deleuze & Guattari : Le rhizome, introduction : « Deleuze et Guattari disaient que, contrairement à l’idée du siècle des Lumières, le monde n’était pas ordonné, hiérarchisé de façon dichotomique mais foisonnant de racines multiples comme un rhizome » (p. 445). En conclusion, il évoque des pistes scientifiques stupéfiantes pour le futur immédiat, comme des « bactéries qui résistent aux radiations [étudiées] par le généticien franco-croate Miroslav Radman avec sa Deinococcus radiodurans. Après irradiation, tout le matériel génétique est entièrement décomposé et elle apparaît morte. Cette bactérie a la propriété exceptionnelle d’avoir des enzymes qui réparent les gènes cassés et ainsi Radman a pu montrer des images (que vous pouvez consulter sur Internet) [2] où l’on voit se reconstituer, graduellement, tout le génome de la bactérie qui, à la fin de cette réparation, est parfaitement vivante et se multiplie. Ainsi, la mort de cette bactérie ne peut pas être définie par la destruction complète de son génome ! » Enfin il évoque des recherches de Craig Venter grâce à « la synthèse de son génome et en l’injectant dans une cellule dont il avait chassé l’information génétique » : « Jurassic park est pour demain » !

Hourrah Raoult !
© Lionel Labosse

Actualité raoultienne

Juste pour embêter les cracheurs, voici une photo de votre serviteur arborant un T-shirt à l’effigie du gourou. En ce qui me concerne, même de passage à Marseille cet été, je n’ai pas vu un seul T-shirt de ce style à part le mien, que je n’ai pas acheté en boutique, mais conçu moi-même sur un site commercial. Voilà pour l’anecdote. Je voudrais terminer cet article sur l’actualité raoultienne en cette fin octobre 2020, parce qu’il ne faut pas compter sur les médias d’État pour nous informer. Les cracheurs ont beau je de harceler Raoult parce qu’il a exprimé ses doutes sur la « 2e vague », alors qu’il a toujours précisé qu’il était impossible de prévoir, mais que cela ne s’étant produit qu’une seule fois avec la grippe espagnole, cela avait peu de chances de se produire, et qu’un médecin se devant de rassurer, car cela fait partie de la cure, doit toujours se baser sur l’hypothèse optimiste. Mais ces mêmes cracheurs se gardent bien de harceler le fameux Neil Ferguson, celui qui nous prédit systématiquement l’apocalypse et à cause duquel par exemple Angela Merkel avait dit le 12 mars : « 70 % de la population sera infectée » (nous en sommes au 30 octobre à 518 000 tests positifs). Raoult a souvent dit et écrit que ces Nostradamus de l’apocalypse, à l’image des horloges cassées, tombent parfois juste par hasard. Or ils n’ont pas raison, mais Raoult non plus, enfin si l’on supprime tous les modalisateurs que lui inclut dans ses phrases. Or, sur l’écart entre leurs prédictions délirantes et celles sciemment rassurantes de Raoult, lesquelles sont le plus proches de ce qui se passe ? Et pourtant ces catastrophistes ne sont jamais mis au pied du mur des conséquences de leurs annonces, comme l’holocauste des six millions de bovins décidé sur la foi des déclarations de Ferguson en 2001, mais on harcèle et insulte Raoult alors que lui proposait une stratégie globale que l’on a refusé sciemment d’appliquer alors qu’elle a incontestablement réussi à Marseille.
Je rappelle que Françoise Barré-Sinoussi, qui crachait sur Raoult en mars parce qu’il testait à tour de bras à Marseille, avec 6 mois d’avance, n’a été interrogée par aucun Pujadas pour savoir si elle maintenait ses propos à l’heure où Raoult est à peu près le seul en France à avoir mis en place depuis début septembre un dispositif de testage massif sans file d’attente avec résultat en maximum 24 h. Rappelons les propos de la prix Nobel : « Je réagis aussi à la vue, ces dernières heures, des files d’attente devant l’Institut hospitalo-universtaire de Marseille pour bénéficier d’un traitement, l’hydroxychloroquine, dont l’efficacité n’a pas été prouvée de façon rigoureuse. Certains peuvent être contaminés et risquent de diffuser le virus. C’est n’importe quoi. » Ne fut-ce pas plutôt « n’importe quoi » de les forcer à rester chez eux en bouffant du paracétamol ou du Rivotril et en contaminant leurs proches ? On lui a craché dessus à tire-larigot, mais c’est Raoult le grand méchant. Rappelons aussi les attaques délirantes de la multipensionnée de Gilead Karine Lacombe en mars, qui grondait le méchant professeur de soigner les gens. Là aussi, les journaleux se gardent bien de la remettre face à ses déclarations, après près de 8000 personnes soignées avec ce traitement rien qu’à l’IHU de Marseille.
Enfin, la double procédure lancée en ce moment par l’avocat Fabrice di Vizio mandaté par Didier Raoult, après que l’avocat eut publié un avis sur la récente décision de l’ANSM de ne pas accorder un RTU au protocole Raoult, nous promet un rebondissement. L’avocat doit déposer prochainement un recours au Conseil d’État et une plainte au pénal pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Ce rebondissement est totalement ignoré des médias mainstream, à l’exception du Parisien. On se doute que vu la proximité des hordes de journalistes lécheurs d’anus avec les réseaux du pouvoir, ils préfèrent ne pas traiter la question parce qu’à force d’avoir diffamé Raoult, Perronne, Douste-Blazy et de nous avoir rabâché que le traitement administré avec succès à l’IHU de Marseille était un poison, ces cracheurs risquent d’être impliqués dans l’enquête qui va chercher à savoir qui a été arrosé par les labos pour disqualifier ce traitement. Rappelez-vous les deux sinistres individus contre qui Raoult a déjà porté plainte, l’un pour menaces de mort, l’autre parce qu’il l’avait accusé de faux témoignage sous serment. Là aussi, le dossier est oublié, cela n’a pas eu lieu, et c’est Raoult le grand méchant pas poli qui insulte tout le monde. Pourtant, à chaque fois qu’un journaliste l’a questionné sur Véran, Macron et compagnie, il ne s’est pas départi de son calme, et a toujours tenu le même discours : c’est très difficile d’être ministre ou président, il ne voudrait pas être à leur place, etc. Sur la chaîne Youtube de l’IHU de Marseille, est publié un séminaire du Pr. Dominique Maraninchi du 30 octobre 2020. C’est le prédécesseur du Pr Dominique Martin à la direction de l’ANSM, celui-là même qui vient de refuser une RTU de l’hydroxychloroquine. Son séminaire s’intitule « Vers un accès rapide et partagé à l’innovation thérapeutique », et sa présence et le choix de ce thème pour son séminaire constitue une claque cinglante à la clique des anti-hydroxychloroquine et des cracheurs. Il entame son séminaire en déclarant son absence de conflit d’intérêt, et l’importance de l’obligation légale de déclarer ces liens d’intérêt. Ah, tiens donc, Raoult est entouré de gens vraiment méprisables : deux anciens ministres de la santé, le prédécesseur de la direction de l’ANSM, nombre de professeurs en médecine, mais on peut lui cracher dessus et le menacer de mort en toute impunité… Cependant, je terminerai par une phrase qui à mon avis révèle le fond de la pensée du professeur : « Quand il y a une tempête, il faut enfermer dans la cale ceux qui ont peur, et il faut laisser sur le pont ceux qui ont pas peur pour gérer la tempête, parce que ceux qui sont terrifiés, ils savent pas faire ». Cette phrase ne figure pas dans le livre, mais a été prononcée le 22 octobre, en réponse aux questions de Guillaume Durand sur Radio Classique.

 Le titre est sans doute une allusion à L’Anthropologie n’est pas un sport dangereux, de Nigel Barley.
 Le Pr Raoult a accordé une entrevue de 12 minutes à RTL à l’occasion de la sortie de ce livre.
 Commander le livre sur le site de l’éditeur.
 Si vous choisissez ce livre comme cadeau de Noël 2020, ajoutez-y Chloro King, la BD de Dadou consacrée au Pr Raoult. En octobre 2021 sort Au-delà de l’affaire de la chloroquine.
 Revenez à mon journal du reconfinement.

Lionel Labosse


© altersexualite.com 2020
Retrouvez l’ensemble des critiques littéraires jeunesse & des critiques littéraires et cinéma adultes d’altersexualite.com. Voir aussi Déontologie critique.


[1Une visite récente au Musée des arts décoratifs m’a appris que ce terme que nous utilisons couramment est erroné et désigne historiquement le haut du dossier d’un prie-dieu où l’on posait les coudes. Le terme correct (que ne connaissent plus que les menuisiers !) serait accotoir.

[2En fait la vidéo en 5 épisodes indiquée en note par Raoult est inaudible et presque invisible, donc j’en ai trouvé une autre !