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« Affichage et annonces sonores dans les transports : deux bonnes nouvelles »

samedi 29 février 2020

Cela fait des années que je fulmine contre l’insupportable violence du bourrage de crâne que la RATP nous fait subir dans le métro (et aussi, mais déjà moins, dans les bus). Eh bien, en ce début 2020, j’ai eu le plaisir de constater deux améliorations, comme si soudain, deux personnes munies d’un cerveau étaient enfin parvenues au faîte de la hiérarchie de deux entreprises publiques, en remplacement de deux imbéciles parvenu(e)s grâce à la promotion canapé ou au Principe de Peter.
Dans l’Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, naguère pollué par d’insupportables jingles anxiogènes et des annonces incessantes, j’ai été frappé en partant pour Malte, à la mi-février, par un silence assourdissant dont je ne croyais pas mes oreilles. J’ai alors vu défiler sur un écran de télévision, l’ message suivant : « Pour plus de confort, nos terminaux deviennent plus silencieux. Nous limitons les annonces sonores. Consultez nos écrans pour suivre le statut de votre vol ». Alléluia !

Affichage dans l’Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, février 2020.
© Lionel Labosse

Et ce silence n’a pas été interrompu une seule fois par une annonce globale pendant les deux heures que j’ai passées à l’aéroport. Tout au plus ai-je entendu une annonce circonscrite à une porte, sans doute pour appeler des retardataires. Le site de Paris Aéroport confirme cette belle nouvelle, valable aussi à Orly.
Louable parcimonie et souci de la santé des employés (car si le passager subissait ces agressions sonores une fois de temps en temps, pour les employés c’est continuel, et je ne comprends pas comment il se fait que les syndicats de la RATP, pourtant puissants, ne traînent pas leurs dirigeants devant un tribunal avec plusieurs certificats médicaux de baisse d’audition due aux conditions de travail. Un cadre des Aéroports de Paris a enfin usé son cerveau pour réfléchir : incroyable ! Eh oui, le passager n’est pas forcément un crétin qui a envie de rater son avion ou de le mettre en retard. Eh oui, 99,9 % des passagers ont plutôt envie d’arriver le plus vite possible à leur destination. Eh oui, 100 % de la population est désormais au courant qu’il y a du terrorisme et qu’il faut « veiller à ne pas abandonner ses effets personnels », comme persistent à nous le seriner en cinq langues les crétins de la RATP. Espérons qu’au service bagages, un autre incapable parte en retraite et cède la place à un(e) cadre muni(e) d’un cerveau pour améliorer le service (voir ce que j’en dis dans cet article).
Quant à la RATP, le progrès photographié début février (et il venait d’être mis en place car je prends le métro tous les jours) est plus modestes, et malheureusement pas auditif mais visuel :

Affichage sur les quais de la ligne 14 de la RATP, février 2020.
© Lionel Labosse

Là encore un chef de service a enfin pris en compte que beaucoup d’usagers sont usagés, et qu’après 45 ans, on a besoin d’informations écrites en gros caractères pour les voir de loin, car ce n’est pas quand on est sur le quai qu’on a besoin de savoir quand passe le prochain train, mais quand on est au bout du couloir, pour savoir s’il faut ou non courir. Avec l’ancien système, même quand on était à plus de dix mètres de l’écran, on ne pouvait pas distinguer les chiffres. Et c’est toujours pareil pour les bus, il faut absolument traverser la rue pour savoir quand arrive le prochain, puis la retraverser quand on a constaté qu’il n’arrive que dans un quart d’heure, et que le métro sera plus rapide. Mais j’ai déjà dit tout ça dans la rubrique transports. Cela dit, la solution adoptée est un peu excessive car justement pour supprimer les annonces sonores, il faudrait réserver la partie basse des écrans à un défilant avec les informations importantes sur les incidents de trafic. Des écrans semblables mais plus petits sont en voie d’installation sur les portes palières installées en ce moment sur la ligne 4. J’espère que ces abrutis de la RATP vont prendre l’avion et se rendre compte du confort engendré par le silence, et cesser de nous abrutir. Quant aux journalistes du Monde ou de France Inter, toujours prompts à culpabiliser les amoureux qui s’offrent des roses pour la Saint-Valentin, peut-être finiront-ils aussi un jour par s’interroger sur l’utilité et l’empreinte écologique des milliers d’écrans de publicité grand format consommateurs d’énergie qui ont envahi l’espace public depuis des années… Mais là on peut rêver, car ils ne vont pas mordre la main qui les nourrit !

Lionel Labosse