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Tea for two… or three ?, pour lycéens et adultes

Tea for two, de Lucile Gomez

Le Lombard, 2011-2013, 2 x 56 p., 12 € chaque volume

samedi 7 septembre 2013

Tea for two est un album en deux épisodes (pour l’instant). Il s’agit des réflexions philosophico-érotiques de Baba, Bretzelle, Sorgho et Darjeeling, employés ou gérants d’un salon de thé, et de leurs aventures sentimentales, ainsi que de celles de leurs clients. C’est croqué avec talent et humour, et les questions altersexuelles, notamment les affres de la bisexualité sont au centre du débat. Comme il n’y a rien de graveleux, c’est un album à proposer sans modération dans les C.D.I., pour les lycéens qui veulent en savoir plus sur la vie amoureuse mystérieuse et complexe des adultes. Ajoutez à cela quelques savoureuses incrustations d’histoire de l’art dans le tome 2, et voici un des plus délicieux soufflés à déguster dans notre salon de lecture altersexuel ! À noter : le tome 1 est précédemment paru en 2001 sous le titre : Bretzelle et Baba. Vous désirez ?.

Tome 1 : Les Filles faciles sont compliquées

Dès les premières pages, le thème est lancé. Baba est une nouvelle employée du salon de thé. Darjeeling lui touche les seins qu’il trouve « magnifiiiiques », et Bretzelle en fait autant sous couvert de critiquer son collègue (« les homos sont les pires »), puis le lendemain explique que c’était un accident, et qu’elle ne peut pas être « gouine ». Darjeeling suggère à Bretzelle d’essayer les filles. Bretzelle se prend de passion pour la pratique de la gymnastique du périnée. Elle tapisse le salon de thé de pubs pour les séances d’initiation, et ne parvient pas à recruter Baba pour sa prochaine séance. Un quiproquo de langue de vipère fait croire que Sorgho (le pâtissier) serait père d’un bébé, puis homophobe, alors qu’il n’en est rien ; puis on se réconcilie. Comme les pâtisseries de Sorgho, les gags se dégustent en une page, avec une chute efficace, et souvent une suite de deux ou trois pages, et une progression au fil de l’album et du suivant. Autant Baba dans sa solitude que Bretzelle dans sa drague compulsive de mecs qu’elle jette comme des mouchoirs sont attendrissantes. Après avoir tâté d’un black américain, elle vire sa cuti en embrassant une fille, puis sort avec une autre, avant de se persuader qu’elle doit parler avec Baba. Exactement au même moment où Sorgho se décide aussi !

Tome 2 : Les Hommes légers sont parfois lourds

Les relations entre Bretzelle et Baba sont pour le moins ambiguës. En effet, Bretzelle se définit comme une hétéro amoureuse d’une fille » ! Elle est du moins jalouse de Baba, et tente de décourager Sorgho, le pâtissier dépressif, amoureux transi de la belle Baba. Quand Baba lui confie son désarroi, elle en profite pour lui rouler une pelle en toute amitié ! Elle se vante d’avoir eu 25 mecs devant Darjeeling, qui ne cache pas qu’il est gay. Tout se complique lorsque Mescal, ami d’enfance mexicain de Darjeeling, débarque sans crier gare. Darjeeling le présente comme bi, ce qui se vérifie vite fait, car le mexicoquin drague tout ce qui bouge. Cela donne lieu à autant de situations cocasses. Malgré ses 25 ex, Bretzelle se veut romantique. Une planche excellentissime, reproduite ci-dessous, explore les recoins alambiqués de l’éthique bisexuelle. En effet, pour résumer, Bretzelle se veut, ou se croit, bi par alternance (« Je suis quelqu’un d’entier qui cherche sa moitié »), tandis que Mescal « multiplie les relations à mi-temps ».

Le dilemme du bi
Les Hommes légers sont parfois lourds, de Lucile Gomez, Le Lombard, 2013.

Bretzelle jure donc à Mescal « Jamais je ne finirai dans ton lit », avant de l’inviter… dans le sien ! Quand elle tente de le plaquer, il « ne savait pas qu’on était ensemble », et drague illico une autre fille, puis Darjeeling, etc. ! Ajoutons à cela quelques planches hilarantes de zoologie inversée, où des tritons (mise en abyme de nos chers élèves lecteurs de ces BD) se gaussent des mœurs des humains, seule espèce du monde animal qui « ne font rien » lorsqu’ils sont amoureux, et s’emploient à le cacher à l’élu ! Quand Mescal invite Bretzelle à une soirée costumée « histoire de l’art », cela donne deux excellentes planches de citations de tableaux fameux de Jean Clouet, Munch, Magritte, Picasso, Warhol ou Pollock, qui se prêteront à merveille à des travaux sur les réécritures ou l’histoire de l’art en classe de première par exemple. Enfin, tout se termine pour le mieux pour le pauvre Sorgho, grâce à un détour du destin à la Cyrano : il inspire des lettres d’amour à monsieur Quignon, le peu sexy client amoureux timide d’une Josiane ; Bretzelle lit par hasard les brouillons desdites lettres tombées dans la corbeille, et croit tomber amoureuse de l’auteur des lettres… avant d’apprendre qu’il s’agit en réalité de Sorgho, et tout est bien qui finit bien !

 Tea for two (les deux volumes) bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

Lionel Labosse


Voir en ligne : Site de Lucile Gomez


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