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Quel est le meilleur moteur de recherche ?

Les moteurs de recherches sur Internet : tests comparatifs

Comment obtenir les bonnes infos sans être noyé sous les pubs

jeudi 3 avril 2008

Une année d’expérience de « webmestre » candide m’a permis d’observer de l’intérieur le fonctionnement des différents moteurs de recherche. Il serait facile de critiquer l’hégémonie du plus célèbre d’entre eux, mais la question de la censure inconditionnelle de la sexualité, et celle du tsunami publicitaire que nous subissons suggèrent une analyse plus fine. Voici quelques remarques subjectives. Merci de nous faire profiter de vos « tests comparatifs » et de vos conclusions personnelles, et en attendant, faisons jouer la concurrence !

Google : abus de position dominante ?

Le moteur de recherche interne de ce site « altersexualite.com », s’il est très pratique, reste peu utilisé. Les lecteurs réguliers du site (qui l’ont inscrit parmi leurs « favoris ») sont peu nombreux relativement à ceux qui arrivent par les moteurs de recherches. Les internautes qui n’ont pas encore de site personnel seront peut-être étonnés d’apprendre le quasi-monopole de Google. Ce site génère environ les quatre cinquièmes des visites, succès admirable et redoutable à la fois. Un tel monopole, du moins une telle hégémonie ne peut être a priori que préjudiciable à la neutralité de l’information sur Internet. Google draine à lui seul l’immense majorité des « liens subventionnés ». Quand un parti politique paie pour amener sur son site le péquin qui tape « émeutes Gare du Nord », il est bien évident qu’il s’adresse en priorité à Google tant que celui-ci draine plus de 80 % des internautes [1]. En ce qui concerne mes articles consacrés aux Voyages par exemple, on le constate facilement : toutes les demandes contenant le mot « voyage » sont vendues à des agences. Amusez-vous à faire des recherches croisées, vous constaterez des différences significatives. Il n’en va pas encore de même pour les livres, heureusement, et certains de mes articles (jusqu’à quand ? je l’ignore) s’affichent en numéro un, ou du moins sur la première page, quand le titre du livre est tapé sur le moteur de recherches.
Bref, il est de l’intérêt de chacun d’entre nous de diversifier nos moteurs de recherches, pour éviter l’abus de situation dominante, même si je suis obligé de reconnaître que Google est loin d’être le plus critiquable sur tous les points litigieux. Faites l’expérience en comparant 5 moteurs de recherche avec les mots clés « livres jeunesse homosexualité » par exemple, peu suspects d’être choisis en « liens sponsorisés » ! Eh bien ! c’est assez significatif : si « Google » et « Yahoo » présentent dès la première page la Sélection d’altersexualite.com, aussi bien que celle de Culture & débats, « Live Search » attend au-delà de la 20e page pour daigner nous signaler, tandis que « AOL », s’il nous signale en première page, le fait en sandwich entre une dizaine de sites de rencontres gays qui ont dû acheter le mot « homosexualité » ; « Voilà » étant encore plus médiocre… J’en conclus que, grâce à sa position dominante, Google peut concentrer ses liens sponsorisés sur un ou deux clients payant le prix fort, alors que les moteurs mineurs sont obligés de les multiplier avec un prix moindre. Gardons-nous, donc, des jugements hâtifs.

Censure sur Internet

C’est là qu’intervient un autre ingrédient, le politiquement correct. Certains moteurs de recherche cèdent plus facilement que d’autres, et plus inconditionnellement, à la censure de la sexualité, au-delà de ce qui est demandé par la loi. Je suppose que si certains moteurs possèdent les moyens techniques d’inspecter le contenu du site, pour d’autres, le simple fait que le mot « sexualité » soit présent dans une partie de l’intitulé doit suffire à l’interdire. Je vous propose pour vous en rendre compte une recherche significative : supposez que vous vouliez visiter l’excellent site « Queer artitude » de mon ami peintre Éric Raspaut. Tapez le nom de ce site sur différents moteurs (avec des guillemets pour limiter la recherche), et vous constaterez la CENSURE qui règne en France : ce site est carrément rayé du référencement de Google, Live Search, AOL, et on ne peut y accéder que par l’intermédiaire de mon site et de celui de Jean-Yves, qui l’avons cité, car heureusement rien n’indique dans l’intitulé du site son contenu ! « Voilà » renvoie uniquement sur des publicités ; Yahoo est le seul à le signaler… Oui, nous avons beau critiquer Cuba, la Chine, l’Iran, les talibans et toutes la clique, sachez que, en dépit de l’actuelle foire médiatico-commerciale autour de mai 1968, nous ne sommes pas exempts, en France, d’une censure au front de taureau. La liberté d’expression ne s’use que si l’on ne s’en sert pas… Il faut supposer que ces moteurs de recherche ont des logiciels habilités à reconnaître des pénis sur des images, à les différencier des bananes, et à partir de là, à rayer des listes les sites à pénis, malheureusement sans la moindre différence entre art et pornographie (et encore…)

Pour en terminer avec ce chapitre, signalons, vu de l’intérieur, la bizarre politique de référencement de Google. Au début de ma courte expérience, Google passait sur le site (je ne sais pas comment c’est fait, mais c’était amusant à constater) environ tous les quinze jours, et « avalait » tous les articles publiés depuis son dernier passage, ce qui pouvait en faire beaucoup, vu que je mettais en ligne en accéléré toutes mes archives. Depuis quelques mois, changement de politique, Google passe une fois par mois, et n’avale que le dernier article publié, et quelques articles précédents, de façon aléatoire et imprévisible. Là encore, quelques « tests comparatifs » empiriques (en prenant pour exemple l’article La Corée du Sud ne perd pas le Nord (3/9)), permettent de constater que seul Yahoo avait pris en compte cet article, mis en ligne pourtant en septembre 2007 ! À savoir, quand on a absolument besoin d’un document ! Désirez-vous un exemple supplémentaire ? Le présent article, mis en ligne le 31 mars 2008, s’il a été référencé par Yahoo depuis belle lurette, est toujours absent de Google à la date du 10 juin 2008. Peut-on décemment croire que Google soit à la traîne techniquement ?

À vous : quelles sont vos observations ?

Lionel Labosse


© altersexualite.com, 2008.


[1Il faudrait moduler ces a priori : un an après mon fameux article La Gare du Nord et la goutte d’eau, j’ai la surprise, en tapant ces mots, que mon article arrive sur la première page de Google, ce qui n’est pas le cas avec les autres moteurs. Par exemple, Yahoo propose sur sa première page, comme par hasard, deux liens amenant sur le site du Front national !