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Lève-toi et bande ! pour les 4e.

Pensée assise, de Mathieu Robin

Actes Sud Junior, Ciné roman, 2005, 91 p., 13,9 €.

mardi 1er mai 2007

Sobre parabole sur la guérison physique et morale, Pensée assise modernise la célèbre injonction évangélique : « Lève-toi et marche », en y ajoutant le souci de tout le bas du corps : « ces cuisses, cette verge, ces testicules pourtant rattachés à mon corps » (p 27).

Résumé

« Je voulais que ma vie change. J’attendais un séisme. Je fus servi… » (p. 17). C’est en effet grâce à un accident de la circulation que Théo, 17 ans, reprend goût à la vie. Il se retrouve paraplégique, à regarder le monde à hauteur de fauteuil roulant. Cependant, ses tendances d’ado blasé ne s’arrangent pas ; il ne supporte pas le regard des autres sur lui, envoie balader une jeune fille dont il croit qu’elle l’utilise comme « faire-valoir », ignore ceux qui lui témoignent de l’intérêt, etc. « En amour, il ne vaut mieux pas être gentil », conclut-il. La piscine, puis la rééducation, lui rendent goût à la vie, notamment le jour où il se rend compte qu’il peut « bander à nouveau » (p. 28). C’est alors le coup de foudre pour Sofia. Las, celle-ci habite au 5e sans ascenseur ! Tout irait pour le mieux, mais Théo fait des complexes, il ne supporte pas que Sofia se penche pour l’embrasser comme s’il était son petit frère ; il y trouve « un côté incestueux » (p. 50). Il tente diverses stratégies pour ériger son corps, mais à force d’échecs, décide de plaquer Sofia. Son copain Simon lui démontre alors qu’il est un con, et le miracle aura lieu dans une sorte d’apo « Théo » se (si j’ose dire), que nous vous laissons découvrir.

Mon avis

Je l’avoue, dans un premier temps, Pensée assise m’a paru une nouvelle un peu poussive, avec le genre d’ado-blasé-méprisant qui pullule dans tant ouvrages pour jeunes, un coup de foudre stéréotypé, des caractères taillés à la serpe. Et puis je me suis laissé convaincre par la rédemption finale : ce texte est en fait une parabole, comme le suggère à la fois le prénom du personnage, et celui de l’auteur. C’est en effet dans l’Évangile selon Saint Matthieu que l’on trouve la parabole du paralytique, et son fameux « Lève-toi et marche ». La guérison physique passe par la rédemption morale, c’est ce que Mathieu Robin a sobrement exprimé. Dès lors les petits défauts qui m’avaient fait tiquer (remplissage avec une séance de vidéo-gags, absence d’arrière-plan social, solitude peu crédible du personnage) se retournent en qualités : ce ne sont plus des défauts d’écriture, mais ceux du personnage. Je n’ai pas vu le court-métrage du même auteur qui accompagne le texte (et qui l’a précédé), mais on suppose qu’il est « à la hauteur » !

 Sur la question du handicap et de la sexualité, voir aussi Simple, de Marie-Aude Murail, Équinoxe, d’Arnauld Pontier, Le Transfo, de Sylvie Deshors, et Karim & Julien, de votre serviteur.

Lionel Labosse


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Messages

  • Bonjour à vous Lionel,

    je suis l’auteur de "Pensée assise", et je suis tombé par un heureux hasard sur votre article. Il est toujours intéressant d’avoir des avis, bons ou mauvais sur ce que l’on tente de réaliser. A la fin du processus créatif, je reste toujours sceptique sur ce que pourrais penser de mon travail en tant que spectateur. Votre regard sur mon premier roman m’a rappelé exactement mes intentions initiales et donc beaucoup conforté.
    Merci encore d’avoir prêter attention à mon modeste ouvrage.

    Cordialement,

    Mathieu Robin