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Ceci est un pamphlet

Altersexualité, Éducation & Censure

Essai de Lionel Labosse, Éditions Publibook, 2005, 234 p., 21 €.

vendredi 30 mars 2007

Constatant une certaine tendance au travestissement de la culture antique trop « licencieuse » dans un film récent, Lionel Labosse propose ici une réflexion sur toutes les manifestations de la censure « orthosexiste » et développe le concept d’altersexophobie active et passive… Il étudie l’histoire et l’actualité de ce phénomène, montrant la difficulté de légiférer et d’éduquer les adolescents, et propose là une véhémente défense de l’ « altersexualité », néologisme qui désigne « les personnes dont la sexualité est autre qu’exclusivement hétérosexuelle ».

Médias, religions, gouvernements : Lionel Labosse prend tout le monde à partie dans ce pamphlet à la fois pétillant d’idées et plein de verve, qui dénonce toutes les formes d’ « orthosexisme ». Pourquoi ne dit-on jamais que le puissant Zeus aimait le jeune Ganymède ? Des manuels scolaires aux maisons d’édition, la langue de bois règne… Et l’auteur met en garde contre les dérives en tout genre.

Que l’auteur se présente ! Mon premier livre publié s’intitule L’Année de l’orientation. Ce roman épistolaire réunit deux garçons de 15 ans confrontés à des titres divers, à l’homosexualité. Je l’ai écrit surtout à destination des adolescents d’aujourd’hui, mais aussi pour régler son compte à celui que j’ai été. Dans le civil, j’enseigne le français dans un collège d’Île-de-France, mais le prof en moi n’aura dans ces pages qu’un rôle de personnage de pamphlet. Ce prof intervient parfois devant des classes pour présenter son livre, et au-delà, contribuer à combattre préjugés et discriminations sur un sujet encore tabou. Cela fait de lui un des « experts » en ce domaine. C’est à ce titre qu’il a été invité à participer à une rencontre-débat organisée par La Maison des Enseignants le 23 juin 2004 au Lycée Saint-Louis à Paris, dont le thème était « L’école et la prévention des discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre ».

En prévision de cette réunion qui aura fait date dans la chronique de la fin programmée de l’orthosexie scolaire, j’ai donc entamé la rédaction d’un discours disséquant les viscères de cette hydre. La parturition de ce discours a ouvert des vannes réprimées depuis vingt ans, et rien n’a arrêté la plume pamphlétaire une fois lancée. Un ressort comprimé pendant vingt ans qui se détend d’un coup, ça égratigne sans doute, ça ne fait pas dans la dentelle. Le premier brûlot était devenu trop long pour un discours, mais trop bref pour un livre.

J’ai entamé un deuxième texte, prenant pour sujet la censure moins orthosexiste qu’économique subie par L’année de l’orientation ; harangue que j’envisageais de prononcer devant cet aréopage ; mais comment réprimer la nature tumultueuse des torrents à la débâcle ? Ce deuxième discours, tel un brin de muguet qu’on cueillerait dans la ferveur printanière et qui entraînerait toute la terre humide avec ses racines et la forêt entière, je n’ai pas pu le terminer que cette endoscopie des entrailles de la censure n’ait été menée à son terme, et ne soit remontée dans le cœur du monstre, c’est-à-dire la Pieuvre de l’édition, dont la tête unique a sa caverne dans le rocher de l’État, et dont les huit bras broient le cadavre de toute pensée libre qui passerait à sa portée. C’était à nouveau trop long !

J’ai remisé mes blablas dans ma poche, et différé la profération de ces prophéties. J’ai relu et complété le tout, en vidant mon sac, jusqu’au fond du fond. Une troisième philippique beaucoup plus laconique complète l’ouvrage, adressée à un ministre éphémère, et refusée à l’époque par tous les organes de presse à qui elle avait été proposée. Un dernier libelle au vitriol démonte pièce par pièce, sur un cas d’espèce, le mécanisme de l’instrumentalisation d’un fait divers par la Pieuvre. Ces quatre textes mousquetaires ferraillent à qui mieux mieux contre cagots, ragots, fagots et cabots. Bigre ! Un prof qui vous profère des prophéties dans un pamphlet, ça vous ferait bien un… prophlet !

En partant d’une indignation de spectateur devant le travestissement révisionniste de la culture antique constaté dans un péplum récent, je vous propose une réflexion sur la censure orthosexiste. Le concept d’altersexophobie active et passive sera développé. Avec une virulence qui réjouira aussi bien l’intégriste de l’anticléricalisme que le chrétien sincère, je m’attaquerai au Vatican, qui ne cesse de jeter de nouveaux fagots pour entretenir les bûchers où l’on brûle les hérétiques. Enfin, ne reculant devant aucun sacrifice, je demanderai l’inscription de l’altersexophobie sur la liste des maladies mentales de l’O.M.S. Ne croyez pas que je rigole !

Je nous engage ensuite, humbles lecteurs, à nous réveiller de la léthargie où nous plongent les faux débats agités par la classe politico-médiatique. Ce ne sont pas de nouvelles lois de plus en plus restrictives de censure d’opinions personnelles qui sauveront les libertés fondamentales en France et en Europe ; c’est la révolte des citoyens devant la gangrène qui putréfie jour après jour la presse et l’édition, donc toute la liberté d’expression, et l’engloutit dans le ventre de l’industrie, notamment l’industrie des armes.

La démocratie est en danger, alors cessons, citoyens, gais ou non, de foncer tête baissée dans les chiffons rouges ou roses ou dans les foulards noirs qu’on nous agite sous le nez ; relevons le mufle, et regardons le matador dans les yeux ! Ne nous rendons pas complices de ce qui nous opprime. Les pages que je consacrerai à l’islam et aux cultures immigrées ne sont pas des digressions. Elles développent une conviction selon laquelle la réflexion sur l’oppression ne peut pas s’enfermer dans un type de discrimination, sauf à devenir elle-même discriminante. C’est en lisant Voltaire, Fanon, Mandela, Gandhi, Césaire, et bien d’autres, que ma réflexion sur l’altersexophobie s’est construite.

Enfin, et c’est le constat le plus douloureux, que les gais prennent garde à ne pas se laisser instrumentaliser par les médias, par la classe politique, par le mercantilisme, et, pire, par les inévitables arrivistes, qui jouent des poignets pour se hisser, en se servant du mouvement altersexuel comme marchepied, sur l’estrade du pouvoir médiatico-politique. (« Jaloux ! me dit l’ami Robert, tu t’y verrais bien à leur place, sur l’estrade, avoue ! ») Ne nous laissons pas endormir par les bonbons acidulés qu’on nous jette dans la bouche. Nous ne voulions pas être des phoques ; ne soyons pas des otaries !

 Lire la critique de David Tong pour La Lucarne. Extrait : « Lionel Labosse est un esprit éveillé, qui a envie que chacun des adolescents, qu’il peut former au sens critique, à la réflexion intelligente, à l’analyse pertinente d’une société dans laquelle hypocrisie et compromissions sont les mots porteurs, soit plus tard un citoyen qui ne se laisse pas faire et n’obéit pas aveuglément à des lois injustes, des règles iniques, des textes intouchables — parce que sacrés. »

 Découvrez Robert Vigneau, qui a honoré cet ouvrage du dessin de couverture, intitulé Les deux méthodes.

 Pour en savoir plus sur l’altersexualité, voir mon article Altersexualité / Orthosexie.
 Vous trouverez également un extrait du dernier chapitre : Le juke-box de l’indignation : l’affaire bidon du RER D

 Altersexualité, Éducation & Censure est à commander sur le site des Éditions Publibook, ou sur les principaux sites ou dans n’importe quelle librairie.


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