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Toujours plus brutal, pour notre plus grand plaisir ! Pour lycéens et adultes.

Pascal Brutal Cube : « Plus fort que les plus forts », de Riad Sattouf

Fluide Glacial, 2009, 48 p., 9,95 €.

jeudi 19 novembre 2009

Voici le tome 3, pardon : « cube », des aventures de Pascal Brutal. Toujours plus brutal, pour notre plus grand plaisir ! Cet album innove par rapport aux précédents, en fournissant, en plus des « tranches de vie » (avec un e) habituelles, quelques pleines pages non-narratives, comme un reportage de The Bretagne Times, ou quelques planches anatomiques ou comportementales sur notre héros préféré. Pascal s’intéresse toujours plus aux filles, mais ne délaisse pas les mâles, même si le graphiateur, et on le comprend — risque de représailles — se garde d’intrusions trop directes dans la vie privée de son personnage. Plongée dans cette société du futur où « Libéralisme, religion et bédo ont enfanté les Français de demain lors d’une partouze sociale frénétique », et où « Quimper est une ville exclusivement habitée par des gays » !

La geste brutalienne

Nous remontons aux origines de la geste brutalienne, avec un retour sur la naissance du héros, qui sort tout seul du ventre de sa mère, et lui procure un orgasme car il est « tellement un bon téteur » ! Il ressent un manque de présence masculine, et sa mère, pour subvenir à ses besoins, cherche à profiter du « boom du sadomasochisme » inhérent à la société de l’époque. Nous retrouvons bientôt Pascal à l’âge adulte, tel qu’en lui-même. La planche finale nous instruit malicieusement sur son « Régime alimentaire sexuel ». Une catégorie « hommes et divers » en constitue un pourcentage « non-communiqué », mais les diverses catégories féminines, si on les additionne, totalisent… 79 % ! Riad Sattouf aurait-il découvert le secret de la bisexualité ? Cela nous incite à relativiser les incessantes dénégations de ce narrateur trop mal à l’aise pour être honnête ; ainsi quand il nous vante les qualités d’« escort » de Pascal « quel que soit votre sexe » tout en précisant en note : « le service sexuel est réservé aux femmes » ! Pourtant, quand il tombe sur une « Miss Bretagne » un peu transgenre, notre Pascal ne fait pas son migenré ! Une histoire muette ravira les happy few : pour punir un voyou, Pascal n’hésite pas à utiliser l’arme de la miction. La scène est vue en contre-plongée, puis en plongée, comme si le graphiateur se refusait à choisir son camp ! Une autre histoire nous montre notre Pascal dans tous ses états parce qu’une militaire l’a quitté pour une meuf : « Sapho est une puissante déesse face à laquelle les phallus restent falots ». Les planches anatomique et « psycho-physique » finales trahissent un peu les penchants secrets du personnage : on oscille entre « Petit bouc bien taillé envoyant aux femmes l’image subliminale d’un vagin capable de parler » et « épaule moelleuse pour que les copains y posent leur tête (en toute amitié) » ; et une mimique faciale correspond au message « Je ne suis pas un gay », lequel nous laisse dubitatif ! Pour découvrir les origines mythiques de Pascal Brutal, nous suggérerons un petit détour vers L’épopée de Gilgamesh : Brutal n’est à notre humble avis rien d’autre que la réincarnation d’Enkidou, version que nous préférons à la légende égyptienne des albums précédents !

Name-dropping, islam et petites pépées

Dans la logique de cette France du futur dirigée par Alain Madelin, Sattouf glisse telles des peaux de bananes sur un chemin glorieux pavé de libérales intentions, les noms des plus hautes personnalités de notre époque. Ainsi la loi Alliot-Marie dicte-t-elle au médecin de déclarer toute naissance d’un bébé aux capacités exceptionnelles. Pascal entre à la crèche « Tariq Ramadan », et une de ses aventures l’amènera à la « prison Rachida Dati 6 ». Une jeune femme se présente comme d’« orientation politique musulmane » ! [1] Mais aucune religion, pas même l’islam, n’est le cadet des soucis de Pascal. Une de ses aventures le mène dans une « Arabie » qui recouvre en fait l’Algérie actuelle, et qui, grâce à la révolution entamée par le président de la Syrie nommé… Riad Sattouf, a connu une libération sexuelle digne du Liban d’antan ! On lui fait des propositions gays, et il se tape une grand-mère qui déclare « Maintenant que je suis âgée / Je fais c’que j’veux avec mon cul ». Riad Sattouf n’hésite pas à montrer un pape se faisant enculer par le roi de France. Sera-t-il frappé d’une fatwa de Saint-Nicolas-du-Chardonnet [2] ?

 Voir, du même auteur, Manuel du puceau, La vie secrète des jeunes, Ma circoncision, Retour au collège, et bien sûr les deux premiers tomes de Pascal Brutal. Lire l’entrevue de Coyote, qui nous donne son point de vue sur Pascal Brutal.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Page officielle de Pascal Brutal sur MySpace


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[1À comparer avec une scène du film de Robert Guédiguian sorti en 2009, L’Armée du crime, où à la question « Vous êtes de confession juive ? », un personnage, Thomas Elek, répond : « Je suis communiste ».

[2Je dis ça en rigolant, mais l’autre jour, dans mon lycée du 93, j’ai eu droit à une levée de bouclier de prétendus étudiants de BTS (âge théorique : 20 ans), parce que je leur avais donné à étudier un excellent dessin de Plantu pour Le Monde représentant l’impossibilité de représenter Mahomet. Leur argument était que jamais on ne s’autoriserait « ça » pour les chrétiens…