Accueil > Culture générale et expression en BTS > Corps naturel, corps artificiel > Blasons anatomiques du corps féminin (XVIe siècle)

Dissection poétique du corps.

Blasons anatomiques du corps féminin (XVIe siècle)

GF Flammarion, présentation par Julien Goeury, 2016, 296p., 12 €.

samedi 23 février 2019, par Lionel Labosse

Tout un chacun a entendu parler des blasons du corps féminin, mais il a fallu attendre 2016 pour en avoir une édition critique en format de poche. Le thème de BTS : « Corps naturel, corps artificiel » est l’occasion d’explorer ces textes, qui bizarrement ne figurent pas dans la liste du BO. Il est étonnant qu’aucun poète ne s’y soit spécialisé, et que même à l’époque actuelle, à part Régine Detambel, votre serviteur, auteur jadis de « Blasons du corps masculin » ou encore Robert Vigneau avec ses Planches d’anatomie, ce genre ne soit pas plus souvent traité. L’adjectif « anatomiques » est souvent omis dans le titre des blasons, et une contextualisation nous permet de lui redonner son sens, ainsi d’ailleurs qu’au mot « blason ». Cet article contiendra aussi des liens vers des illustrations & traités d’anatomie de l’époque.

Clément Marot et l’origine des blasons

La description poétique, éloge ou blâme, du corps féminin, n’est pas une nouveauté, comme en témoigne « Les regrets de la Belle Heaulmière » de François Villon. Comme l’explique Julien Goeury, les blasons du XVIe siècle doivent leur existence à plusieurs facteurs, la ruse de Clément Marot (1496-1544) pour rentrer en grâce auprès du roi François Ier lors de son exil à la cour de la duchesse de Ferrare, Renée de France en 1535, la concurrence des poètes et des libraires et les progrès de l’anatomie.
Marot est valet de chambre du roi, largement pensionné, et poète de cour. On lui prête des idées réformées, et il est arrêté suite à l’Affaire des Placards (octobre 1534) ; il s’enfuit, est condamné par contumace. Installé à Ferrare, il y poursuit sa pratique de la poésie de cour, et aurait composé son premier blason anatomique au printemps ou à l’été 1535. Il envoie ce blason du beau tétin à la cour de France, et suscite une sorte de « concours » auprès des poètes de cour, ce qui le met en position de chef de file et pourrait favoriser son retour en grâce. De fait, François Ier encourage la chose. Dix blasons sont publiés, et le lauréat est le blason du sourcil, d’un Lyonnais anonyme (Maurice Scève). En février 1536, Marot lance un nouveau concours avec le contreblason du laid tétin, mais selon Julien Goeury, les concurrents « en ont sciemment détourné les règles, transformant un exercice de virtuosité poétique sans grands enjeux moraux en un réquisitoire moral sans grande virtuosité poétique » (p. 20). Marot quitte Ferrare pour Venise en juin 1536, et se désintéresse des blasons, qui deviennent une affaire d’imprimeurs. Deux recueils, un parisien (Janot) et un lyonnais (Harsy), voient le jour en 1536, contenant l’un 12 blasons, l’autre 33, anonymes et réunis à d’autres poèmes. Après deux autres éditions parisiennes en 1538 et 39, paraît l’édition parisienne de Charles Langelier, première édition autonome et non-anonyme de 38 blasons et deux pièces polémiques. Le corps féminin est parcouru dans ce recueil de la tête aux pieds ; il tolère même parfois « la présence d’un corps non genré, ou plutôt « dégenré », dont les membres ne sont parfois ni masculin ni féminin, ou bien indifféremment l’un et/ou l’autre » (p. 30). Les contreblasons publiés, à part celui de Marot, ne sont que ceux de Charles de La Hueterie, composés dans une optique autre : « En passant du beau au laid tétin, c’est-à-dire en inversant les caractéristiques de l’objet blasonné, Marot mettait plaisamment au jour la polarité du discours épidictique. Il s’agissait pour lui d’objectiver toutes sortes de préjugés sociaux associés à telle ou telle partie du corps féminin, en tant qu’elles sont susceptibles de produire aussi bien du beau (fascination/excitation) que du laid (répulsion/dégoût). En changeant d’orientation rhétorique et stylistique, Marot essayait de revitaliser la pratique du blason épigrammatique. En ce qui le concerne, il ne parle d’ailleurs jamais de contreblason, même si le terme a déjà été employé avant lui par d’autres et qu’il aurait très bien pu lui convenir, puisqu’il invite ses amis à chanter « à rebours » ou « à contrepoil » (p. 31). Des voix dissonantes se font entendre : Gilles Corrozet publie en 1539 un poème « Contre les blasonneurs des membres » :
« Mais plus cela tend à concupiscence,
Qu’à démontrer de beauté l’excellence,
[…] si aucun médit
De leurs écrits, c’est sans faire nuisance
À leur parler et parfaite élégance.
Mais du sujet c’est le plus ord et sale
Dont fut parlé jamais en chambre ou salle.
Les noms sont beaux qu’appropria nature
Aux membres bas de toute créature,
Mais blasonner ces membres vénériques,
Les exaltant ainsi que déifiques,
C’est une erreur et une idolâtrie,
De quoi la terre à Dieu vengeance crie.
Ô quels menteurs, ô quels beaux blasonneurs,
Qui font marché si grand de leurs honneurs ».
Du Bellay publie en 1553 « À une dame », poème subséquemment retitré « Contre les pétrarquistes ». Et d’autres poètes se mettent à « blasonner (au sens exclusif de « blâmer ») les blasonneurs » (p. 33). Le recueil de La Hueterie (Prothologies françaises, orthodoxes commentaires sur aucunes frivoles opinions, avec épitome des gestes présents en rimes léonines, anonyme, 1536) présente en tête l’image d’« un nu masculin qui désigne anatomiquement le corps humain, au-delà des différences de genre » (p. 34). Selon Julien Goeury, ce sont « des contreblasons qu’il faudrait plutôt appeler antimarotiques, car ce sont en réalité des antiblasons » (p. 35).
Le sens héraldique du « blason » est présent dès le « Blason du beau tétin » de Clément Marot publié en 1535, même si le poète préfère parfois le terme d’épigramme. Le terme « blasonner » a trois sens explicités par Julien Goeury : « Lorsqu’un orateur, d’abord identifié avec le héraut d’armes officiant à l’occasion des tournois, est chargé de « blasonner », il s’agit pour lui de déchiffrer les armoiries figurant sur l’écu du chevalier qui entre en lice, de façon à le présenter avantageusement au public. Un tel discours relève à la fois de la description (puisque l’orateur met en mots l’image qu’il a sous les yeux), de l’interprétation (puisqu’il donne un sens à cette image, que le profane ne saurait comprendre) et de l’éloge (puisqu’il rend compte des faits d’armes héroïques qui légitiment le blason). […] Quittant le domaine de l’héraldique, ou plutôt le mobilisant à titre plus métaphorique, le verbe « blasonner » finit donc par s’appliquer à différents registres du discours épidictique, pris en charge par toutes sortes d’écrits, dont certains sont en vers » (p. 9). Et l’épidictique s’entend dans les directions de l’éloge (encomiastique) et du blâme, « blasonner » ayant majoritairement le sens de « blâmer » au XVIe siècle. Chez Marot « blason » est d’abord utilisé comme variété d’« épigramme », pour 5 courtes pièces composées avant 1527 dans L’Adolescence clémentine parue en 1532. Le blason se caractérise par « sa brièveté, sa légèreté de ton, voire le fait qu’il est « aigu en conclusion » […] comme le confirme la lecture du blason du beau tétin, composé d’une trentaine d’octosyllabes à la syntaxe trépidante, multipliant allusions et traits d’esprit, et s’achevant même sur un effet de pointe » (p. 12). Thomas Sébillet dans son Art poétique français écrit : « Car autant bien se blasonne le laid comme le beau, et le mauvais comme le bon : témoin Marot en ses Blasons du beau et du laid Tétin : et sortent les deux d’une même source, comme louanges, et invectives ».

Anatomie & illustrations

En ce qui concerne l’anatomie, André Vésale (1514-1564) publie De humani corporis fabrica (1543), puis Juan Valverde de Amusco, son Anatomia del corpo humano en 1560. Voir les illustrations dans l’article sur les Planches d’anatomie de Robert Vigneau. André Vésale avait « fait ses études en France etre 1533 et 1536 » (p. 13). L’Atlas anatomique de Charles Estienne, entamé en 1530, est « annoncé par l’imprimeur dès 1536, ce qui en fait l’exact contemporain des Blasons, mais suite à un procès intenté par Étienne de la Rivière, il ne sera publié qu’en 1545 (cf. p. 14 & p. 205). Cet Atlas réunit l’amour et la mort ; les cadavres disséqués sont mis en scène, et les organes intéressants sont présentés dans des fenêtres de blocs anatomiques ouvertes dans l’épiderme. À de rares exceptions, les blasons et contreblasons « se moquent […] d’un tel savoir » (p. 14).
Les illustrations des blasons sont souvent des vignettes insérées entre le titre et le poème, représentant la partie du corps, comme par exemple le pied dans Hécatomphile (1537). Dans l’édition Langelier (1543) selon Irène Salas, « les dessins, plus schématiques, s’apparentent davantage à des signes ; le fragment corporel se fait glyphe » ; ces vignettes en outre, sont fort peu genrées, ce sont des pieds et des joues d’humains avant d’être des fragments de corps féminins. On peut feuilleter le livre sur le site de l’université de Virginie.

Blason de la joue, édition Langelier (1543)
© University of Virginia Library

Voici la page dédiée à la joue, sur laquelle vous remarquerez (ainsi que sur celle du contreblason du pied infra) que les e caducs sont biffés pour faciliter la lecture orale sans doute ; exemple que l’on pourrait suivre pour nos élèves… Irène Salas remarque également que le corps est toujours morcelé, et que c’est au lecteur d’effectuer l’opération contraire à celle des auteurs, de redonner vie à des morceaux de corps. On pourrait aller jusqu’à citer Frankenstein ! On pourrait inclure dans un corpus l’analyse de l’illustration de couverture de l’édition GF Flammarion (cf. vignette de cet article ; création de la graphiste Virginie Berthemet), qui présente un buste de femme morcelé en 4 pièces de puzzle. Irène Salas cite Michel Foucault, dans une conférence de 1966 intitulée « le corps utopique » : « Aussi paradoxal que ce soit, devant Troie, sous les murs défendus par Hector et ses compagnons, il n’y avait pas de corps, il y avait des bras levés, il y avait des poitrines courageuses, il y avait des jambes agiles, il y avait des casques étincelants au-dessus des têtes : il n’y avait pas de corps. Le mot grec qui veut dire corps n’apparaît chez Homère que pour désigner le cadavre » (on pense à l’anglais « corpse »). C’est encore grâce à l’article d’Irène Salas que j’ai découvert l’existence d’un livre extraordinaire publié en 1619 par Johannes Remmelin (1583-1632) : Catoptrum microcosmicum (miroir microscopique). Il s’agit d’un des plus ancien livre animé.

Les blasons

L’édition GF Flammarion modernise l’orthographe, sauf lorsqu’il s’agit de maintenir le nombre de syllabes ou la rime.
Le recueil commence par le blason des cheveux de Jean de Vauzelles. Ce poète évoque le personnage biblique de Marie-Madeleine, essuyant les pieds de Jésus avec ses cheveux :
« On dirait Magdaleine
N’avoir failli quand pour linge et pour laine
Prit ses cheveux pour celle humeur attraire
Qu’elle savait à l’âme salutaire » (p. 46).
Le « blason du front » de Maurice Scève se termine sur une allusion héraldique :
« Ô front, tu es une table d’attente,
Où ma vie est, et ma mort très patente ».
La « table d’attente » est l’écu de l’aspirant chevalier, en attente d’être armorié. Du même, le « blason du sourcil » est non-genré :
« Sourcil assis en lieu haut pour enseigne
Par qui le cœur son vouloir nous enseigne,
Nous découvrant sa profonde pensée,
Ou soit de paix, ou de guerre offensée » (p. 49).
Il y a deux blasons du nez, celui d’un « I.N. Darles » qui n’a jamais été identifié, et celui d’Eustorg de Beaulieu dont les 4 derniers vers sont unisexe :
« Et pour conclure, ô nez, qui bien te note,
Femme sans toi ressemble une marmotte.
Que dis-je femme ? Oui, et à bref mot,
Tout homme aussi sans toi semble un marmot » (= singe).
Maurice Scève commence son blason de la gorge par une métaphore architecturale
« L’haut plasmateur de ce corps admirable
L’ayant formé en membres variable,
Mit la beauté au lieu plus éminent,
Mais pour non clore icelle incontinent,
Ou finir toute en si petite espace,
Continua la beauté de la face
Par une gorge ivoirine et très blanche,
Ronde et unie, en forme d’une branche,
Ou d’un pilier qui soutient ce spectacle,
Qui est d’amour le très certain oracle ».
Cela me rappelle le célèbre tableau de Frida Kahlo (1907-1954), La Colonne brisée (1944).

La Colonne brisée (1944), de Frida Kahlo (1907-1954)
© Musée Dolores Olmedo

Le blason du tétin de Clément Marot prend place après celui de Scève, et reste un must :
« Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tétin gauche, tétin mignon,
Tétin loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage
Du demeurant du personnage,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te tâter, de te tenir »…
Le blason du ventre, anonyme, confine à l’érotisme :
« Ventre en été plus froid que plâtre,
Dont le toucher rend la main froide,
Et je ne sais quoi chaud et roide » […]
« Ventre qui as bas la fontaine,
Pour recréer nature humaine » […]
« Ventre clapier sans nulle ordure,
Où le connil fait sa demeure »
Le « connil » c’est le sexe féminin, à l’honneur dans le 1er blason du con placé justement après celui du ventre, attribué à un certain Chauffour :
« Petit mouflard, petit con rebondi,
Petit connin plus que lévrier hardi
Plus que lion au combat courageux ».
Je me demande si la présence successive d’une synérèse (lévrier, 2 syllabes) et d’une diérèse (lion, 2 syllabes) ne serait pas façon plaisante d’évoquer l’élasticité dudit con ?
« O joli petit con, bien assis, haut monté
Loin de danger et bruit de ton voisin
Qu’on ne prendrait jamais pour ton cousin,
Bien embouché d’un bouton vermeillet
Ou d’un rubis servant de fermaillet » […]
« Heureux sera cil duquel le désir
Contenteras, qui prendre te pourra
Et qui de toi pleinement jouira ».
Je restitue un s final à « contentera » car l’édition GF me semble fautive : le « désir » semble bien le COD de « contenteras », dont le sujet est le con. Notez la diérèse finale, qui semble faire miroir avec les synérèse & diérèse initiales. Pierre Perret retrouve cette diérèse « qui le fait jouir » dans son admirable chanson « Celui d’Alice », dont vous pouvez lire les paroles et apprécier le lyrisme délicatement souligné par le violoncelle. Pierre Perret a d’ailleurs également adapté et interprété le blason originel, révélant la musicalité de ces poèmes. Georges Brassens quant à lui n’avait pas utilisé le mot « con » dans « Le blason », chanson qui, fait rare chez Brassens, a connu deux versions, paroles et mélodie, comme on peut le constater sur l’article du site analyseBrassens ainsi que dans la vidéo de la 1re version.
Le blason du con de la pucelle est un anonyme édité pour la première fois en 1543. On y trouve ces vers immortels :
« Con qui tant a de force et puissance
Con qui seul peut bailler la jouissance.
Con qui la main trop paresseuse et lente
Rend, quand il veut, hardie et diligente ».

Un second blason du con est attribué à Guillaume Bochetel, suivi de deux blasons du cul, un anonyme et un d’Eustorg de Beaulieu, dont j’extrais ces vers :
« Et outre plus, n’est requis que je taise
Comment tout prince et grand seigneur te baise
Au départir du ventre maternel,
Qui est à toi honneur bien solennel.
Car ce tribut te doit tout fils de mère,
Soit pauvre ou riche, aussi nul n’y diffère,
Et s’aucun dit que tu es sale, et ord
Et inutile, il te blasonne à tort.
Car j’ai raison pour toi tout au contraire,
Dieu sait de qui, et voici l’exemplaire :
Ne lit-on pas aux livres anciens
Ce qu’un grand clerc mande aux Corinthiens,
Ne sais si c’est en l’épître première.
Si l’aille voir qui ne te prise guère ». [1]
Le même blason contient une seconde allusion à un euphemisme biblique :
« Ô puissant cul, que tu es à douter
Car tu fais seul par ta force arrêter
Où il te plaît, seigneurs, serfs, fols et sages,
Dont les uns ont pour te moucher des pages.
Qu’il soit ainsi : par toi jadis on veid
Le Roi Saül, qui poursuivait David,
Si très forcé qu’à David se vint rendre
Sans y penser, lequel ne le vint prendre,
Ni ne l’occit, quoiqu’il l’eût en sa main ».
Et la pointe du poème est une constatation hautement philosophique sur un air connu (« Les membres et l’estomac ») :
« Combien heureux sont donc les membres tous,
Tant que tu chies, vesses ou as la toux ?
Car, cependant, la crainte ne les mord
D’être mordus, en chiant, de la mort.
Confessent donc que sans tes bénéfices
Ils n’ont beauté, teint, plaisirs, ni délices ».
Du même, suit une amusante « réponse du blasonneur du cul, à celui qui a fait le blason des blasonneurs des membres féminins » où le scatologique l’emporte :
« Hélas, voici la bête, qui par derrière, en habit de poète,
Me mord les reins, et tant les a grippés
Qu’il humera merde, vesses et pets ».
Mais un argument plus subtil est évoqué, moquerie sur le manque de maîtrise de la rime (règle de la liaison supposée et s muet) :
« Que plût à Dieu que sans colle ni paste
Susse assembler, comme toi, Chaste et Haste,
Et susse (aussi) de poésie tant
Que joindre pusse Étang avec Étant ».
Toujours d’Eustorg de Beaulieu, le blason du pet est un must, qui compare les mérites du pet (sonore) et de la vesse (silencieuse) :
« Pet furieux et vous, vesse authentique,
Qui bataillez pour la chose publique
Du trou du cul à l’encontre du nez,
Je sens mes doigts tremblants & étonnés
En commençant d’écrire voz louanges » […]
« Vrai est qu’un pet d’un cul qui a beau marge
Fait bon ouïr, et le corps fort décharge.
Mais si la vesse est coulisse au sortir,
Non moins que lui, ou plus, se fait sentir,
Donc l’un vaut l’autre, & n’est qui sût élire,
N’au vrai choisir le meilleur ou le pire ».
Encore du même, le blason de la cuisse commence par une métaphore arboricole et architecturale :
« Cuisse plus dure que le marbre,
Le soutien et le gros de l’arbre »
qui aboutit sur une expression plus triviale :
« Cuisse qui tout le corps supporte
Cuisse qui garde et tient la porte
Au fort château de jouissance.
Cuisse qui as bien la puissance
De faire tendre et débander
Et incontinent rebander ».

Contreblason du pied, édition Langelier (1543)
© University of Virginia Library

Le blason du pied anonyme, plutôt que de s’éjouir du trampling, ou autres vertus érotiques, ne loue le pied et le genou que de permettre au corps de se déplacer, ce qui confirme le propos de Georges Vigarello selon lequel le bas du corps n’est qu’un piédestal à cette époque :
« N’est-ce pas toi qui portes tout le corps,
Et de Vénus les amoureux records ?
Au corps y a l’œil, l’oreille, la bouche,
Le con, le cul et la main qui les touche
Quand il lui plaît, et s’elle y prend saveur,
Toujours aura de ces deux la faveur.
Si le genou se cline ou obéit,
Ni pour cela nul ne s’en ébahit.
Car si le cul ou le con veulent faire
En quelque lieu en secret leur affaire,
De s’incliner le genou est tenu » […]
« Et tous ceux-ci, le pied partout les porte.
Qu’il soit ainsi, au cul je m’en rapporte :
Demandez-lui qui le porte au retrait
Sinon le pied, pour mieux faire son fait.
S’il veut pisser, ou faire autre mystère,
N’est-ce le pied qui porte tout l’affaire ? »
Suivent des blasons moraux, de l’esprit, de l’honneur, de la grâce :
« Grâce contrainte en femme qui se farde.
Grâce que l’homme en premier lieu regarde,
S’il est d’esprit ainsi que le Français,
Car on estime Espagnols, Écossais,
Italiens et tous hommes étranges
Se contenter des claires faces d’anges,
Et se passer à la simple beauté
Sans faire cas de grâce ou privauté » (François Sagon).
Un 2e blason de grâce anonyme remet moins hypocritement la grâce à sa place :
« Grâce qui plus que la beauté contente,
Qu’esprit, ou œil, ou tétin, ou la fente »
« […] le los de ton grand avantage
Ne se connaît seulement au visage.
Mais si tu veux permettre à mes deux yeux
Voir le tétin, où l’on te connaît mieux,
Le corps, la cuisse où ta beauté se livre,
J’aurai sujet de toi faire un beau livre. »
Attribué sans certitude à François Ier, le blason du corps sent sa goinfrerie strausskahnisante de celui qui ne sachant choisir dans le menu, commande tous les plats :
« Ô belle gorge, ô blancheur tant unie.
Ô dur tétin de quoi j’ai tant d’envie.
Ô battement de cœur et de poitrine
Quand fort amour anticipe l’haleine,
Ô douce main, molle, blanche et charnue,
Quand tu me prends, tout le sang si me mue.
Jambe légère à marcher promptement
Là où tu sais qu’est venu ton amant.
Ô grosse cuisse, ô fesse bien troussée
Quand dans le poing on la tient amassée.
Ô ventre uni, rond, et dur et petit,
De qui un mort en prendrait appétit.
Bras déliés qui servent de ceinture
À ton ami quand à toi se mesure.
Chair délicate et douce à l’attoucher,
Heureux est cil qui te peut approcher » […]
« Ô con, ô con, que tu as de puissance !
Las en toi gît seule perfection
Du genre humain et sa création,
En toi seul est le secret de nature,
Dedans toi est tout le bien qui m’assure.
Honnête con, épais, plein de chaleur,
Qui fais sentir la parfaite douceur,
Si je pouvais écrire ce que pense,
À te louer point ne ferais offense ».
Le long blason de la mort de Jean de Vauzelles clôt la série, par une considération spiritualiste qui fait du corps une simple enveloppe de l’âme :
« Donc tout cela que mort nous disons être,
N’est que pour vivre un véritable naître,
Et ce qu’on dit mourir est la naissance
De l’autre siècle en la divine essence :
Le premier vivre a par neuf mois duré,
Le second est par cent ans mesuré,
Mais quant au tiers, la vie est éternelle,
Qui est en tout la supernaturelle,
Pour ce qu’on sort de ce naturel ventre,
Et au divin heureusement on entre,
Où nous serons divinement nourris,
N’ayant plus peur d’être morts ni pourris ».
Quelques blasons ont été répertoriés en dehors du recueil de 1543, et sont annexés à ce volume de GF Flammarion, comme le blason du nombril de Bonaventure Des Périers :
« Petit Nombril, milieu et centre,
Non point tant seulement du ventre,
Entre les membres enchassé,
Mais de tout ce corps compassé,
Lequel est souverain chef-d’œuvre,
Où naïvement se découvre
L’art de l’ouvrier qui l’a orné,
Comme un beau Vase bien tourné,
Duquel tu es l’achèvement ».
Rappel de L’Homme de Vitruve, bien sûr.
« Ô l’ancienne cicatrice
De la rognure douloureuse,
Que déité trop rigoureuse
Fit jadis au pauvre homfenin (sic),
Animal sans fiel, ni venin !
Lequel, contre toute pitié,
Fut divisé par la moitié,
Et fait d’un entier tant heureux,
Deux demi-corps trop langoureux
Qui depuis sont toujours errant,
Et l’un l’autre partout quérant
En grand désir d’eux réunir » […]
« Ô nombril ! dont l’aise parfaite
Gît au demi qui te souhaite,
Lequel jamais ne sera aise
Que franchement il ne te baise,
En remembrance singulière
De l’union, jadis entière ».
Le contreblason du cœur de Jacques Peletier Du Mans contient une belle image assise sur un mot rare :
« Cœur reforgé sur l’infernale enclume
Et retrempé en stygiale écume.
Cœur traître et feint, qui guettes et déçois
Celui duquel plus de bien tu reçois ».
L’un des blasons les plus présents sur Internet, « Anathomie de l’œil » de Pierre de Marbeuf (1596-1645), est exclu de cette édition, sans doute parce qu’il est postérieur d’un siècle au reste du corpus. Citons-en deux vers : « Bref l’œil mesurant tout d’une même mesure,
À soi-même inconnu, connaît tout l’univers »,
qui font peut-être écho au fameux vers de Voltaire « L’homme, étranger à soi, de l’homme est ignoré » (« Poème sur le désastre de Lisbonne »).

Les contreblasons

Malgré les réserves de Julien Goeury, on peut trouver du charme aux contreblasons de Charles de La Hueterie (auxquels est joint le contreblason du laid tétin de Marot). Un quatrain règle son compte au nez :
« Et puis le nez morveux de l’autre part,
Qu’il faut moucher quand le morveau départ,
Et qu’il descend du cerveau, froid, humide,
Il n’est jamais de crotte ou morve vide ».
Voilà parler net ! Le contreblason du cul devrait être cité en entier :
« Incontinent qu’on oit du cul parler,
Chacun se veut arrière reculer […]
Et si jamais n’entrait par bouche riens,
Le trou du cul tant ne ferait de fiens.
Et si le nez n’endurerait la peine
Du cul sentir cette puante haleine
L’oreille aussi se tenir aux écoutes,
Quand le cul ronfle et qu’il fait ses égouttes.
Et plus la main ne prendrait le papier
Pour l’essuyer, quand il lui plaît chier.
Bref il convient, ainsi qu’une grenouille,
Que notre pied sous le cul s’agenouille.
Et si du cul sentez le fondement,
Vous trouverez qu’il donne allègement,
Et que sans lui le corps plein et infect,
Tantôt serait corrompu et défait.
Le cul de soi serait bien riche membre,
N’était qu’il sent un peu plus mal que l’ambre.
Le cul de soi est ainsi qu’une bonde,
Où de toi corps la puanteur abonde ».
Le contreblason du con en fait l’éloge :
« Petit conduit, ou grand, quel que tu sois,
Tu es heureux quand la joie aperçois
Tant seulement en loyal mariage,
Et ce faisant le tien corps tu soulage,
Par trois moyens : le premier se soucie
De vider l’eau qui est en la vessie,
L’autre est nature aimant à te saisir
Et par frissons au corps donner plaisir,
Le tiers, après les œuvres de nature
En sort un fruit d’humaine créature,
Où Dieu consent dedans masse terrestre
Créer une âme à l’enfant qui veut naistre ».
Le finale allie héraldique figurative et non plus symbolique, et gauloiserie :
« À l’écusson il me faut retourner
Et maintenant ses armes blasonner,
Disant d’argent à deux cantons de sable
Et puis un pal de gueules convenable.
Le con est chaud et souvent peut suer,
Lequel convient maintes fois ressuyer
si dirai cestui mot davantage
Que le con sent un peu le vieux fromage. »
(affirmation qui ravira les adolescents !)
Le contreblason de la jambe semble aussi d’abord un éloge :
« Il ne s’en faut que la nuit seulement
Que ton genou ne soit incessamment
Étreint au tour et lié de jartière
Pour te montrer la grève plus légère.
Il faut au soir te laver en un bain,
Pour t’essuyer prête se tient la main.
Jambe allongée souvent au lit se croise,
Et du mari la jambe touche et poise,
Et quand il veut sommeil prendre et repos,
Cela lui fait changer tout son propos ».
Le recueil se ferme sur une longue et une courte pièce. La longue est l’« Épitre par François de Sagon, secrétaire de l’abbé de Saint-Éburoul, réponsive à une épître de Charles de La Hueterie ». Elle contient une condamnation globale du corps :
« Que ceux qui ont donné tant de louange
Au corps humain sentant la terre et fange.
Besoin n’était de donner un los tel
Au corps terrestre, humain, pauvre et mortel,
En déguisant sous poétique fable
La vérité du corps abominable,
Que l’esprit sain pour ses vives couleurs
Dût blasonner de maux et de douleurs,
Et le nommer en armoirie franche
Puant fumier couvert de neige blanche »
et aboutit à un argument ad personam contre Marot :
« ayant eu commencement au nom
D’un homme ayant si très mauvais renom,
Qu’il est infect non seulement d’esprit,
Quand il prétend à mettre par écrit,
Mais aussi n’a pour naturel service
Membre sur lui, qui n’ait macule ou vice.
Les yeux, la langue, oreille, bouche et main,
Lui font un corps plus serpentin qu’humain »
[…] « Puisque des droits de rhétorique abuse,
Les employant sans ordre et sans raison,
À déchiffrer du corps le sot blason.
Si tu veux donc à Dieu et monde plaire,
Poursuis ami, hardiment le contraire
Il n’en viendra qu’honneur, louange et bruit
À ta personne, et au peuple grand fruit ».
Le dizain final est épigrammatique :
« L’âme est divine et le corps pourriture,
Parquoi chacun doit le corps mépriser. »
Le dossier présente des pièces complémentaires. La 1re et principale est l’épitre de Marot « À ceux, qui après l’épigramme du beau tétin en firent d’autres » :
« Ô Saint-Gelais créature gentille,
Dont le savoir, dont l’esprit, dont le style,
Et dont le tout rend la France honorée,
À quoi tient-il que ta plume dorée
N’a fait le sien ? ce mauvais vent, qui court
T’aurait-il bien poussé hors de la cour ?
Ô Roi Français, tant qu’il te plaira perds-le,
Mais si le perd tu perdras une perle, [2]
(Sans les susdits blasonneurs blasonner) » […]
« Mais volontiers, qui l’esprit exercite,
Ores le blanc, ores le noir récite.
Et est le peintre indigne de louange
Qui ne sait peindre aussi bien diable qu’ange.
Après la course, il faut tirer la barre,
Apres bémol faut chanter en bécarre.
Là donc, amis, celles qu’avez louées,
Mieux qu’on n’a dit, sont de beauté douées :
Par quoi n’entends que vous vous dédiez
Des beaux blasons à elles dédiés :
Ains que chacun le rebours chanter veuille,
Pour leur donner encore plus grand feuille :
Car vous savez qu’à gorge blanche, et grasse,
Le cordon noir n’a point mauvaise grâce.
Là donc, là donc, poussez, faites merveilles.
À beaux cheveux, et à belles oreilles,
Faites-les moi les plus laids, que l’on puisse ;
Pochez cet œil ; fessez-moi cette cuisse ;
Décrivez-moi en style épouvantable
Un sourcil gris, une main détestable
Sus à ce cœur, qu’il me soit pelaudé,
Mieux que ne fut le premier collaudé,
À cette larme, et pour bien être écrite,
Déchiffrez-moi celle d’un hypocrite :
Quant à l’esprit, peignez-moi une souche :
Et d’un taureau le mufle, pour la bouche.
Bref, faites-les si horribles à voir,
Que le grand diable en puisse horreur avoir.
Mais je vous prie, que chacun blasonneur
Veuille garder en ses écrits honneur :
Arrière mots, qui sonnent salement,
Parlons aussi des membres seulement,
Que l’on peut voir sans honte découverts,
Et des honteux ne souillons point nos vers ;
Car quel besoin est-il mettre en lumière
Ce qu’est nature à cacher coutumière ?
Ainsi ferez pour à tous agréer,
Et pour le roi mêmement recréer
Au soin qu’il a de guerre jà tissue,
Dont Dieu lui doit victorieuse issue.
Et pour le prix, qui mieux faire saura,
De vert lierre une couronne aura,
Et un dizain de muse marotine,
Qui chantera sa louange condigne ».

Régine Detambel

Née en 1964, Régine Detambel, auteure prolifique et talentueuse que j’ai découverte par des extraits de Petit éloge de la peau et du Syndrome de Diogène présents sur la liste du BO et dans les anthologies pour le BTS, est aussi l’auteure de superbes Blasons d’un corps enfantin (Fata Morgana, 2000, 60 p, 11€), dont j’extrais ce poème intitulé « Rouge idéal ». Attention, malgré le titre, ce n’est pas un recueil destiné aux enfants, mais plutôt aux adultes nostalgiques.
« Pratiquement tous les enfants se sont posé, sans résultat, la question de comprendre pourquoi il arrive parfois que l’estafilade soit sereine et mystérieuse alors que le soin qu’elle suppose est, lui, brisant, mordant, douloureux au point qu’on s’effondre lentement contre le lavabo comme si l’épreuve noire et inamicale de la blessure ne commençait qu’au moment précis où on la nettoie.
Il n’existe pas de raccourci ou d’allégement de la peine dans le domaine de l’antisepsie. Le nettoyage à l’eau et au savon de Marseille est une pénitence obligatoire. Et le châtiment de l’eau courante visitant la plaie une démonstration prouvant clairement que la pureté sera le résultat de souffrances arrogantes et notoires ou ne sera pas. Il est possible que pendant les tourments du rinçage, l’enfant, vigoureusement maintenu par les épaules, se soit tout de même laissé aller à crier et tournoyer sur lui-même jusqu’au vertige. C’est le cas de l’oublieux. Mais la plupart des enfants savent que les trépignements et la crispation n’auront pas le pouvoir d’escamoter, sur l’étagère métallique de l’armoire à pharmacie, le flacon d’alcool. L’intransigeance de l’alcool, fût-ce à 60 degrés, sa brutalité sans concessions sont tellement fascinantes que l’enfant a souvent l’impression que la blessure est entrée de plein fouet en contact avec le flacon lui-même, heurtée par sa paroi de verre glacé, sa dureté de pierre, son tracé au couteau. Qu’un liquide versé sur un coton, c’est-à-dire une chose molle et mouillée, informe et désespérément faible se comporte ainsi, aussi tangible et expressif qu’un coup de poing trempé, cela compte sans doute, au moins pour moitié, dans le surmenage qui fait lentement vaciller l’enfant. Il se tient le front et enfin sanglote avec un calme de dormeur au moment où on le badigeonne au rouge idéal du mercurochrome » (p. 55).
Régine Detambel a aussi publié un recueil intitulé Blasons d’un corps masculin (Publie Papier). Il s’agit de poèmes en prose où la poétesse professe une admiration érotique et gourmande pour le corps de son homme. En voici un extrait :
« IL MÂCHAIT du chewing-gum. Un jour, en l’embrassant, elle le lui avait pris. Elle l’avait fait passer dans sa bouche. Il était très chaud. En le pressant avec la langue contre son palais, elle avait exprimé la salive qu’il contenait, pour la déguster. C’était un chewing-gum à la pêche-abricot qui n’avait déjà plus son goût d’origine ni sa couleur, mais le gris pâle de ses dents et la saveur de sa salive à légèreté de lait. Elle mastiqua avidement ce chewing-gum. Il avait le pouvoir du gant mouillé qu’on lui donnait pour s’occuper la bouche, quand elle était enfant, avec la fièvre et les lèvres craquelées, et qui lui procurait l’illusion de boire.
Quand il croquait du chocolat, elle tendait la main vers sa bouche, elle en demandait un peu. Alors il crachait dans sa paume une noisette mâchée et la lui posait sur la langue » (p. 45).

Quelques poètes célèbres ont écrit des sortes de blasons sur leur partie du corps préférée. On songe à Charles Baudelaire et sa « Chevelure » et à Arthur Rimbaud & Verlaine pour leur « Sonnet du trou du cul ».

 Renaissance body project propose la numérisation de nombreuses éditions du XVIe siècle, poésie, anatomie, etc.
 Lire « La Femme-Livre. Fragmentation du corps féminin dans les blasons anatomiques de la Renaissance », par Irène Salas, Paris Nanterre, 2012. En plus des anatomies citées supra, celle-ci nous rappelle le « grand intérêt [de la Renaissance] pour l’inscription du corporel dans les textes », et mentionne notamment Geoffroy Tory, dont le Second Livre du Champ Fleury (1529) présente maints exemples d’inscription du corps, en l’occurrence masculin, dans le livre, voire dans les lettres, comme ci-dessous, inspirées de L’Homme de Vitruve.

Geoffroy Tory, Second Livre du Champ Fleury, 1529.
© BNF


 Voir « Blasons du corps masculin » de votre serviteur, et Planches d’anatomie de Robert Vigneau.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Renaissance body project


© altersexualite.com 2018
Retrouvez l’ensemble des critiques littéraires jeunesse & des critiques littéraires et cinéma adultes d’altersexualite.com. Voir aussi Déontologie critique.


[1On trouve en effet dans la Bible, 1 Corinthiens, 12, 22-25 : « Bien plus, les membres du corps qui sont tenus pour plus faibles sont nécessaires ; / et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps sont ceux-là mêmes que nous entourons de plus d’honneur, et ce que nous avons d’indécent, on le traite avec le plus de décence ; / ce que nous avons de décent n’en a pas besoin. Mais Dieu a disposé le corps de manière à donner davantage d’honneur à ce qui en manque, / pour qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais qu’au contraire les membres se témoignent une mutuelle sollicitude ».

[2Remarquez la rime basée sur une opposition grammaticale perds-le / perle.