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Ronde érotique bisexuelle, pour adultes

Comédie sentimentale pornographique, de Jimmy Beaulieu

Delcourt, coll. Shampooing, 2011, 288 p., 25 €

vendredi 10 juin 2011

Louis aime Corrine (sic) ; Corrine a aimé Annie, Martin aime Annie, Simone aime Martin… tout ce beau monde fantasme, fait l’amour et dessine, enfin surtout les hommes ; les femmes se font dessiner et désirer. Comme l’hôtel fantôme dans lequel se passe la moitié de l’histoire, l’architecture du livre et des histoires d’amour recèle de nombreux passages secrets, et on n’en finit pas de progresser dans le labyrinthe amoureux.

Louis, dessinateur de BD, a touché le jackpot en réalisant un film commercial qui a connu un grand succès. Il a honte de cette réussite, et investit les recettes dans l’achat d’un hôtel abandonné, dans le nord du Canada. Il invite son amie Corrine à le rejoindre. Celle-ci voudrait l’épouser, mais il lui reproche d’être intéressée. Ils font l’amour en découvrant les trésors cachés de l’hôtel, et en se remémorant leurs premières rencontres, au cinéma et lors d’une séance de dédicace d’un écrivain, Martin Gariépy. Celui-ci est amoureux d’une certaine Annie, mais celle-ci préfère les filles, alors il lui demande de lui raconter ses plans culs, pour exciter sa libido et sa créativité. Il y a aussi Simone, qui aime bien Martin, et Muriel, et… on se perd un peu dans le récit, d’autant plus qu’il est entrecoupé d’extraits d’un roman de Martin, dont je n’ai pas compris le rapport avec la Comédie sentimentale pornographique. Tout cela est prétexte à évoquer des fantasmes mis en espace par Louis, qui possède tout un mur de ses dessins faits depuis 1989, que Corrine ne découvre que dans cet hôtel, alors qu’elle le connaît depuis longtemps. Est-ce lui qui aurait dessiné le fantasme de Martin écoutant le récit par Annie de sa relation torride avec Corrine, ou de sa première fille ? Le gode-ceinture (cher à Cy Jung) y fait son entrée (à ma connaissance) en B.D. Le pauvre Martin entame la rédaction d’un livre pornographique, dans lequel il met en scène ce qu’il n’arrive pas à réaliser dans sa vie, avec Simone, qui l’écoute raconter ses déboires avec Annie. Annie rencontre sa boulangère, sur laquelle elle fantasme, dans un bar lesbien, dans lequel Corrine, avant de rejoindre Louis, rencontre une amante d’un soir… Inutile de raconter tous les détours de ce labyrinthe. D’une page à l’autre, on rencontre toutes les formes de coïts, du cunnilingus (p. 103), à la relation SM lesbienne (p. 181), et la masturbation n’est pas oubliée, même lorsque les deux couples se retrouvent à l’hôtel, les deux hommes se masturbent côte à côte imaginant les deux femmes faire l’amour. Les scènes lesbiennes pullulent, car comme il est dit en 4e de couverture : « pour moi, dessiner une femme, c’est déguster une crème brûlée. Dessiner un homme, c’est remplir un formulaire ». Dommage, car il se débrouille bien ! L’enjeu de l’œuvre est explicité p. 256 : « c’est pas parce que la bande dessinée a l’habitude d’aborder la chose sexuelle d’une manière un peu tarte que je vais m’empêcher de parler de ce qui occupe la majorité de mon activité cérébrale ». On retrouve en passant quelques locutions et patronymes bien québécois, par exemple le nom de l’architecte de l’hôtel : Massicotte. Ce livre est chroniqué ici pour mémoire, car son contenu, conformément au titre, n’en fait pas un ouvrage particulièrement adapté à un usage scolaire, bien que la pornographie y soit atténuée par la sentimentalité du dessin. On appréciera donc en adultes l’altersexualité du propos, qui n’exclut, et c’est dommage, que l’homosexualité masculine.

 Lire la critique de David Fournol sur le blog « Une autre histoire »
 Voir notre bibliographie canadienne.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Site officiel de l’auteur


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