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Collection « Idées reçues », pour le lycée.

Les Homosexuels, de Gonzague de Larocque

Le Cavalier Bleu, 2003, 125 p., 9 €

mercredi 4 avril 2007, par Lionel Labosse

Un tour d’horizon des idées reçues sur les hommes homosexuels, en une vingtaine de chapitres et trois parties : Les origines de l’homosexualité ; Communauté et sexualité ; Religion et société. L’auteur, médecin et sexologue, homosexuel, argumente textes à l’appui, pour contrer des affirmations parfois consternantes de bêtise citées en tête de chapitres.

Cet ouvrage prend sa place parmi l’éventail de documentaires tous utiles et complémentaires consacrés à l’homosexualité, ici exclusivement masculine. Ce qu’on apprécie particulièrement est la précision de l’argumentation étayée par des citations nombreuses. On apprécie aussi le point de vue ouvert y compris contre les idées reçues dans la communauté gay, quand par exemple l’auteur défend les garçons efféminés : « Grâce à leur identité gay, des hommes s’autorisent à exploiter leur bipotentialité masculine et féminine » (p. 25). La formation de médecin de l’auteur nous vaut une réflexion particulièrement bien informée sur les contre-vérités circulant dans le milieu médical et psy. Hommage est rendu à Freud (p. 30), sans pour autant cacher les erreurs de nombreux psychanalystes, dont « le jargon est un jugement », selon la citation de Robert Stoller (p. 42). Parmi les idées reçues citées en tête de chapitre, la palme revient sans doute à l’inénarrable Brigitte Bardot, dont je ne résiste pas à reproduire ici la vomissure : « ils sont tous à poil en train de s’enfiler des manches à balai dans le derrière en revendiquant je ne sais quoi. C’est laid » (p. 53). On saluera donc la pédagogie de l’auteur, qui ne recule pas devant la difficulté, et légitime l’aspect sexuel de la gay pride, s’abstient de cracher sur la sexualité de back-rooms, etc. On retrouve fréquemment Didier Éribon, parfois longuement cité pour des propos fort banals, au point qu’il devrait être crédité comme co-auteur ! On se demande pourquoi l’auteur a été si modeste : son ouvrage vaut en lui-même !

On apprécie le chapitre consacré à la sexualité, où l’auteur appelle un chat un chat : « contrairement à une idée reçue, [la sodomie] n’entraîne ni incontinence anale, ni cancer du rectum » ; « Dans la sodomie, le plaisir est lié aux nerfs présents dans la zone anale, à la contraction sphinctérienne et à la pression exercée à travers le rectum et sur les organes du voisinage, prostate chez l’homme et partie postérieure du vagin et de l’utérus chez la femme » (p. 72, 73). Voilà une information claire, médicale, décomplexée, qui nous semble être digne de figurer dans les CDI des lycées au XXIe siècle ; et cette dernière phrase explosive à elle seule devrait valoir à l’auteur un double prix Nobel de médecine et de littérature ! Les chapitres consacrés aux religions et à l’homoparentalité sont également fort réussis et documentés. On peut tout au plus reprocher quelques déclarations ou citations un peu moins précises, comme par exemple cette affirmation discutable : « Il est évidemment faux d’imaginer qu’une plus grande visibilité de l’homosexualité pourrait en augmenter la fréquence » (p. 117). Je suis au contraire persuadé qu’il nous faut revendiquer et rétorquer l’accusation de prosélytisme avec laquelle les cagots de toute espèce tentent de nous étouffer. La bisexualité était la norme avant le monothéisme, et quand nous aurons tordu le cou à toutes les idées reçues, la fréquence des actes homosexuels augmentera, mais la dichotomie homosexualité / hétérosexualité aura également disparu ! L’idée reçue du prosélytisme homosexuel mériterait d’ailleurs un chapitre entier, pour démontrer à quel point, si prosélytisme il y a, et totalitaire, c’est le prosélytisme éhonté de l’hétérosexualité, qui suppure par tous les pores des institutions, scolaire, religieuse, politique ! Un autre chapitre reste à faire, celui qui serait consacré à cette tarte à la crème plébiscitée par la plupart des psys, y compris homos ou pro-homos, selon laquelle les tendances homos à l’adolescence ne seraient pas déterminantes pour l’avenir, comme si les tendances hétéros l’étaient !

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

 On peut fréquenter le site de l’éditeur, et lire l’ouvrage de Stéphanie Arc, dans la même collection, consacré aux lesbiennes. Lire une autre critique.

Lionel Labosse


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