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À la découverte d’un genre très altersexuel

Des mangas en pagaille (Boy’s love)

Sanami Matoh, Kazuma Kodaka…

mardi 1er mai 2007

Contrairement à la bande dessinée occidentale, les mangas japonais proposent semble-t-il depuis longtemps des ouvrages traitant librement de l’homosexualité, avec une conception de la pudeur et de l’impudeur radicalement différente de la nôtre. Quelques titres que l’on nous a envoyés, parmi tant d’autres.

Après Blue, de Kiriko Nananan, et Love my life, de Yamaji Ebine, auxquels nous avons consacré un article, voici quelques mangas que les grands adolescents liront avec plaisir. Ils y découvriront ce qu’ils rêvent de savoir sur la sexualité, mais dont ni leurs parents ni leurs profs ne leur parleront jamais. Dans l’état actuel des mœurs, ces ouvrages n’ont pas leur place dans l’enseignement, bien sûr, et il n’est pas question de les mettre à disposition dans les C.D.I., mais les ados sauront se les procurer en librairie, ou dans les bibliothèques. Voilà encore une raison de créer des bibliothèques spécifiques pour les ados, séparées de celles pour enfants. Le genre s’appelle officiellement « Boy’s love », et il est amusant de constater que c’est un genre plutôt féminin pour ses auteures, et paraît-il pour son public !

- Kizuna, vol. 3, de Kazuma Kodaka, 1996, repris en français en 2004 par les Éditions Tonkam, 7,5 €.
 Un très bel ouvrage extrait d’une série. On y assiste sans pudeur à la vie sexuelle et amoureuse de Kei, Ranmaru, Masa et Kaï. Cela va jusqu’à la relation sexuelle racontée en longueur, un gros plan sur l’utilisation du gel, tout cela avec les limites qui semblent propres au genre, c’est-à-dire pas un poil, et pas de sexe. Nous avons donc un ouvrage que certains qualifieront de pornographique, d’autres d’érotique. Je le trouve très beau, et j’aurais aimé lire cela quand j’avais 15 à 18 ans, ne fût-ce que pour me révéler les secrets du coït que mes parents, malgré leur ouverture d’esprit, n’eussent jamais osé m’apprendre. Il y a là des outils d’une véritable éducation à la sexualité digne du XXIe siècle, dans une société qui serait vraiment laïque, mais une telle société est à inventer en occident. Vous avez aussi une histoire de Yakusa, une relation de type pédérastique entre le bi Masa et son protégé Kaï, un personnage travesti, etc. Bref, toutes les catégories altersexuelles sont brillamment représentées. Pour la forme, j’ai découvert une particularité qui jusqu’à présent m’était inconnue : les personnages, de jeunes adultes, sont parfois représentés sur la même planche, comme des enfants, ou alors de façon sommaire, avec un visage à peine esquissé.

- Fake, vol. 7, de Sanami Matoh, 2000, repris en français en 2005 par les Éditions Tonkam, 7,5 €.
 Dans la même veine et chez le même éditeur, Fake comprend 7 volumes. J’avoue avoir eu du mal à suivre le volume 7. Il s’agit d’une histoire policière, deux inspecteurs amants sont chargés de protéger une femme qui entretient des relations avec la mafia. L’histoire a pour cadre New York, et les personnages sont aussi asiatiques que ma grand-mère est transsexuelle. Il est question d’amour avec un grand A : « C’est la peur qui te retient, la peur de lui appartenir entièrement, pas vrai ? » (p. 21), et comme de bien entendu nos deux héros terminent au lit, tendrement enlacés… Ajoutons que dans ces manga, la mangaka n’hésite pas, de temps en temps, à s’adresser directement à ses lecteurs et lectrices, un ton familier qui a tout pour séduire les adolescents.

 Voir aussi Si ton rêve se réalise… de Romuco Miike. Pour en savoir plus, lire notre article sur le numéro 3 de la revue 10000 images, « Le manga au féminin ».

Lionel Labosse


Voir en ligne : La page « Boy’s love » du site de l’éditeur Asuka


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