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Yuri ou Yaoi ? Pour lycéen(ne)s averti(e)s.

Love my life, de Yamaji Ebine

Asuka, 2001, 200 p., 9 €.

mardi 1er mai 2007

Le premier « yuri » publié en France. À proposer avec parcimonie à des élèves de lycée, capables de lire sans glousser un ouvrage traitant librement du lesbianisme. À moins d’utiliser quelques vignettes isolées pour un travail plus ciblé… En tout cas une bonne entrée en matière pour découvrir l’univers du manga.

Résumé

Il s’agit d’une jeune fille, Ichiko Izumiya, qui apprend à son père qu’elle a une petite copine, Eriko. Toutes les deux sont étudiantes. À ce moment, son père lui révèle que lui-même et sa mère, décédée, étaient gay et lesbienne, et elle fait connaissance de l’ami de son père. Elle a un ami gay plus âgé, solitaire, qui pour un temps se fait passer pour son petit ami, puis finit par sortir avec un « afro-américain ». Elle-même connaît les affres de la jalousie avec une jeune fille skinhead solitaire qu’elle embrasse, avant de culpabiliser, ce qui entraîne un échange significatif avec Eriko, sur le thème « Je ne laisserai personne mettre la main sur toi ». Eriko poursuit des études de droit pour devenir avocate, non par décision personnelle mais pour prouver à son père et son frère, de tempérament sexiste, qu’elle vaut autant qu’eux. Pour réussir ce concours, elle doit s’isoler pendant une longue période. L’amour d’Ichiko survivra-t-il à cette épreuve ?

Mon avis

Dans l’état actuel des choses, il est évident que si vous proposiez ce manga à vos élèves, il y aurait des remous chez les parents. En effet, plusieurs vignettes, bien que dépourvues de tout poil à la manière japonaise, montrent ces demoiselles entrelacées, nues, ou s’embrassant. Certains propos sont libres et évoquent la jouissance, d’une façon assez sobre qui me semble tout à fait utile pour des adolescents dans le cadre de ce qu’on nomme « éducation à la sexualité », mais que beaucoup d’intégristes sexophobes trouveront trop osée, même s’agissant d’adolescents qui jouissent théoriquement de la majorité sexuelle. Donc, en attendant une décrispation du rapport à la sexualité du Français moyen, j’inclus ce manga à notre sélection, mais décline toute responsabilité en cas de problème avec des parents d’élèves ! Vous aurez été prévenus !

Quelques apports culturels nous sont donnés par la préface de l’éditeur français : « Love my life est le premier yuri à être publié en France. On qualifie de yuri un récit traitant de l’homosexualité féminine, pendant du yaoi qui met en scène des relations amoureuses masculines ». Voilà, au moins vous pourrez briller auprès de vos élèves ! On apprend également que l’auteur est lesbienne. Quant aux dessins, moi qui suis loin d’être spécialiste, je trouve que les personnages ressemblent à qui vous voulez sauf à des Japonais. J’avoue même craquer pour le papa de l’héroïne ! Bref, un beau livre à utiliser avec précaution… Ah juste un détail : le nom de l’auteur apparaît dans les deux sens, Yamaji Ebine ou Ebine Yamaji. Pour les ignares que nous sommes l’éditeur ferait bien de préciser ce qui fait office de prénom et de nom, ne serait-ce que pour trouver ce livre en bibliothèque (je l’ai trouvé à « Y », mais il semble bien que le nom soit plutôt « Ebine », car l’éditeur Asuka inscrit « Yamaji Ebine » sur la couverture et la tranche). Au fait, puisque nous en sommes au Japon, permettez-moi de vous conseiller un roman autobiographique de Takeshi Kitano, Asakusa Kid (Serpent à plumes, 1988), qui retrace les premiers pas de l’acteur dans un cabaret érotique : où l’on découvre le rapport particulier des Japonais à la sexualité, lequel se complique quand la sexualité se fait homosexuelle, si l’on en croit notre manga…)

 Yamaji Ebine est également auteure de Sweet Lovin’ Baby, recueil de nouvelles écrites et dessinées entre 1993 et 2003, ainsi que de Free soul, manga plus abouti de 2004. Là encore, il est librement question d’amour et de sexualité, et il est assez délicat de proposer ces ouvrages traitant de jeunes adultes dans le cadre scolaire. Love my life a été adapté au cinéma (film sorti en France en 2008) par Kôji Kawano. Voir l’article d’Olivier sur Psychokwak.
 Voir, de la même auteure, nos critiques de Indigo blue et de Au temps de l’amour.
 Voir aussi Fun Home, d’Alison Bechdel, bâti sur le même rapport fille lesbienne / père gay.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Yamaji Ebine en 5 albums, article de François Peneaud sur LGBT BD


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