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Un livre court, idéal pour les 6e/5e.
Les Lettres de mon petit frère, de Chris Donner
École des Loisirs, Neuf, 1991, 79 p., 4,9 €.
dimanche 29 avril 2007
Un précurseur du genre. Le jeu consistait à l’époque à chercher les allusions cachées au détour d’une page, mais c’est un jeu formateur, et un récit idéal pour les classes de 6e et de 5e. Ton plaisant, identification facile avec le petit frère narrateur qui endosse les habits de la tolérance… avec un amour de plage entre sexes opposés pour rassurer les auditrices de la bonne Edwige…
Résumé
Mathieu est en vacances dans une maison que ses parents ont louée au bord de la mer. Il y a Sylvie, Antoine, le bébé, papa, maman, et surtout il n’y a pas Christophe, le grand frère à qui tout le monde pense, mais qu’il ne faut pas nommer, parce que maman est très en colère contre lui. Mathieu écrit en cachette à Christophe, qui est en Italie. Il raconte ses journées, en insistant sur l’ennui que peut ressentir un enfant d’une famille bourgeoise à subir des vacances au bord de la mer, avec un papa qui ne sait même pas piloter le bateau qu’on a loué. On pense très fort que le pauvre chéri serait plus heureux à passer ses vacances en banlieue de Lyon ou de Moulins, par exemple. Bref, tout va mal, le mur menace de s’écrouler sur les estivants, et il faut les persuader par tous les moyens de ne pas monter dessus quand la marée les accule. Il y a quand même Sophie, une fille que Mathieu rencontre à la pharmacie, et qui fournit l’inévitable amour de vacances nécessaire au frisson du jeune lecteur. Bref, Mathieu fera tout pour crever l’abcès, et que Christophe et Florian soient enfin accueillis, et que tout soit bien qui finisse bien.
Mon avis
En dépit du ton légèrement sarcastique du paragraphe précédent, je recommande de faire lire ce récit qui a au moins le mérite d’être un précurseur, et a longtemps fait figure de… proue d’un thème jusque-là on ne peut plus tabou en littérature jeunesse. Le jeu consistait à l’époque à chercher les allusions cachées au détour d’une page. Cela commence quand la maman ouvre « sans me demander la permission […] la lettre où tu racontais […] comment les Italiens étaient beaux et accueillants » (p. 50). Plus tard, c’est le père qui demande « si tu étais encore furieux après lui et après maman à cause de l’histoire qu’il y a eu avec ton copain Florian » (p. 66). Plus tard, la mère refuse de s’expliquer, mais déclare : « Il y a des choses qu’une mère ne pourra jamais tolérer » (p. 70). Les choses sont enfin écrites noir sur blanc à la page 72 : « cette idiote de Sylvie est allée lui raconter qu’elle vous avait vus, toi et Florian, en train de vous embrasser sur la bouche. » C’est donc un récit idéal pour les classes de 6e et de 5e, le ton est plaisant, l’identification est facile avec le petit frère narrateur qui endosse les habits de la tolérance, et les histoires de gamin qui obtient son premier rendez-vous (avec une fille, Edwige, rassure-toi, ça n’est pas contagieux !) sur la plage, ça ne mange jamais de pain… et c’est tant mieux parce qu’en matière de lutte contre les préjugés, il y en a toujours sur la planche !
– Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».
– Pour aller beaucoup plus loin avec le même auteur, lire : Tu ne jureras pas et Mes débuts dans l’espionnage.
– Lire, sur « Culture et Débats » le point de vue de Jean-Yves.
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