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Éducation sentimentale, pour les 4e / 3e.

Adieu Maxime, de Brigitte Smadja

L’École des loisirs, Médium, 2000, 124 p., 7,6€.

samedi 28 avril 2007

Y a-t-il un rapport entre le goût polygame de Maxime et la connaissance qu’il a eue des amours successifs de son oncle gai ? Le récit ne tranche pas, cette éducation sentimentale est bien sûr à destination du lecteur plus que des personnages. C’est aussi l’humour et l’auto-dérision du narrateur qui, au fil des pages, donnent de l’intérêt à cette chronique condensée des six années cruciales dans la formation de Maxime.

Résumé

Maxime a onze ans, il passe ses vacances à La Baule, l’esprit partagé par deux obsessions : les seins de Marianne, une fille de son âge, et l’amour de son oncle Jonas, plus ou moins rejeté par le reste de la famille parce qu’il est homosexuel. L’obsession sexuelle de Maxime et le souci de Jonas resteront les deux thèmes de cette chronique qui nous mènera jusqu’à l’année du bac de français et de l’enterrement de Jonas, terrassé par une maladie terrible qui n’est pas nommée. À onze ans, Maxime observe son oncle hétéro caricatural Grégoire, et applique ses méthodes, en se servant de son autre oncle pour son « plan drague ». Il pique une crise parce que sa mère montre ses seins. Avec son copain René ils s’intéressent aux poils des filles et rivalisent de mensonges. Le demi-secret qui règne autour de son oncle et de ses copains successifs le perturbe : « comme personne ne disait rien, c’était une évidence forcément dégueulasse et qu’il valait donc mieux taire » ; « Définir mon oncle par une insulte me rendait fou » (p. 37). Au fil des ans, Maxime tombe amoureux transi de la mère de René, qu’il surprend sous la douche. Les deux comparses se guettent grandir, parce que : « on nous avait dit que l’humour est la meilleure arme pour séduire, mais nous étions convaincus qu’un mètre soixante-quinze serait une arme plus efficace » (p. 72). À la fin du récit, ce sera enfin le passage à l’acte, l’année du bac, avec ce commentaire en forme d’anti-miroir sur Phèdre de Racine : « L’amour, ça ne peut pas toujours être des condamnations aux souffrances les plus morbides » (p. 94). Maxime se retrouve heureux amant de trois filles à la fois, alors que René « a décidément choisi la monogamie ». Alison, l’une des trois, est « la seule qui comprenne que la sexualité est une obsession normale ». Bienvenue dans l’altersexualité !

Mon avis

Je dois reconnaître qu’Adieu Maxime m’a énervé au début. Je me demandais quel intérêt il y avait à raconter les obsessions de gros seins d’un marmot de onze ans. C’est le fil rouge de l’oncle pédé qui donne son intérêt au récit, ainsi que la concentration de six années en 120 pages. La question posée est la même que dans Mon cœur bouleversé de Christophe Honoré, ou La nuit du concert de M.E. Kerr, c’est-à-dire : quelle influence peut avoir sur la personnalité d’un adolescent de savoir que son frère ou ici son oncle, est gai. Y a-t-il un rapport entre le goût polygame de Maxime et la connaissance qu’il a eue des amours successifs de son oncle ? Ou avec les encouragements de son oncle à « foncer ». Le récit ne tranche pas, cette éducation sentimentale est bien sûr à destination du lecteur plus que des personnages. C’est aussi l’humour et l’auto-dérision du narrateur qui, au fil des pages, donnent de l’intérêt au récit, ce qui change des personnages bourgeois et blasés qu’on rencontre trop souvent dans l’écurie de L’école des loisirs. Certes le milieu est bourgeois, on fréquente des « garçons et filles de Neuilly, futurs majors de Centrale ou de Polytechnique », on s’encanaille en allant « piquer des CD » (p. 40) dans un magasin célèbre ; mais cela n’incite pas Maxime à mépriser le peuple, du moment qu’il a des beaux seins. Maxime se trouve « super en retard » (p. 47) parce qu’il n’a pas embrassé une fille à douze ans. On apprécie aussi l’absence de morale en sexualité, le fait qu’on puisse coucher avec quelqu’un qu’on vient de rencontrer au café, ce qui tranche agréablement avec ces leçons trop souvent entendues au collège lors d’interventions sur la sexualité, où l’on martèle qu’il n’y a pas que la sexualité, qu’il faut aimer avant de coucher, et autres balivernes. Une lecture à faire suivre d’un débat sur la sexualité, d’une réflexion sur les dangers du non-dit, où l’on veillera à nommer enfin ce qui n’est désigné dans le livre que « par une insulte ».

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

 Voir dans Maxime fait un beau mariage, une tranche de la vie de Maxime sans poils ni seins pour les plus jeunes.

Lionel Labosse


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