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Quel est le point commun entre François Mitterrand et Donald Trump ?

jeudi 1er juin 2017

Avant de vous livrer la réponse à cette question piège, que vous trouverez à la fin de l’article, précisons que votre site préféré n’est pas habitué à se mêler de politique. Voyez donc là un simple billet d’humeur en passant.
Au cas où vous auriez raté ce grand moment de vérité, sans doute un extrait d’une suite à Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, voyez cet extrait d’une conférence de presse à Washington, le mardi 30 mai 2017, par le secrétaire d’État adjoint Stuart Jones. Alors que la salle était invitée à poser une dernière question, un journaliste a pris la parole pour revenir sur un épisode de ce voyage : le 20 mai 2017, le secrétaire d’État Rex Tillerson, qui accompagnait Donald Trump, s’était exprimé au sujet de l’élection d’Hassan Rohani (qui avait eu lieu le jour même) pour critiquer l’état de la démocratie en Iran. Il le faisait tout en affichant sa proximité avec celui qui se tenait alors à côté de lui : le ministère des affaires étrangères d’Arabie saoudite, soit l’un des pires pays du monde en matière de respect des libertés individuelles. Voyez comment ce secrétaire d’État a piqué un fard devant ce journaliste… Le pire de mes élèves ne sera jamais aussi nul au bac de français devant un examinateur lui demandant la couleur du cheval blanc d’Henri IV !
Comme fort peu de médias français (dont nombreux sont aux mains soit de vendeurs d’armes, d’anciens vendeurs d’armes, soit de copains de vendeurs d’armes, ou encore d’industriels faisant la moitié de leur chiffre d’affaires avec des pays grands consommateurs d’armes françaises) ont rendu compte de l’événement, voici quelques éléments :
Le Monde rend compte de ce juteux contrat de 110 milliards de dollars, soit davantage en un seul jour de vente d’armes à ce pays fasciste qu’Obama en huit ans…
Amnesty International dénonce les conséquences de ces ventes d’armes.
Une journaliste canadienne donne son point de vue.
Un collectif de chercheurs publie une tribune dans Le Monde selon laquelle « L’Iran n’a rien à voir avec le terrorisme djihadiste qui frappe l’Occident depuis 2001 »

Et pendant ce temps-là, les médias nous divertissent toujours :
Un article consacré au mot de Trump au mémorial de la Shoah, lors de son passage en Israël au lendemain de son séjour en Arabie Saoudite. Ah oui, ce type est un prolo et n’a pas fait préparer par son spin doctor une phrase émouvante. Rappelons que les chefs nazis étaient des gens très cultivés. Que Trump ne soit pas un grand écrivain de livres d’or me semble une info assez secondaire par rapport au fait qu’il nous prépare une nouvelle guerre au Moyen Orient, de nouveaux attentats, une nouvelle crise d’accueil des réfugiés, sans doute iraniens cette fois-ci, maintenant que la Syrie et l’Irak ont été détruits… Eh oui, figurez-vous, ces missiles vendus aux Saoudiens, ils ne vont pas se les foutre au cul comme vibromasseurs, mais ils vont tuer des gens avec.
La fameuse poignée de mains Macron / Trump évoquée dans une entrevue avec le JDD, organe officiel du groupe Lagardère qui a outrageusement soutenu la campagne de Macron en instrumentalisant notamment sa relation matrimoniale sous forme de storytelling. Certes, c’est très viril, on a un président jeune, mignon et viril, super-chouette. Mais dans cet article qui évoque pourtant le, je cite, le « djihadisme meurtrier », vous pouvez toujours courir pour trouver une allusion à cette vente d’armes historique de Trump au pays qui a fabriqué de toutes pièces ledit djihadisme meurtrier on semant la peste de son salafisme dans le monde entier. Mais on a un président viril…
Et je vous passe les articles sur la « danse du sabre » de Trump, ou bien sur les cheveux découverts de son épouse…

Je ne puis que rappeler ma citation favorite de Bourdieu : « si l’on emploie des minutes si précieuses pour dire des choses si futiles, c’est que ces choses si futiles sont en fait très importantes dans la mesure où elles cachent des choses précieuses » (voir cet article).

Réponse à la question du titre
Donald Trump et François Mitterrand ont en commun d’avoir consacré leur premier voyage officiel en tant que chefs d’États à ce grand pays démocratique qu’a toujours été l’Arabie Saoudite. Reportage vintage sur le site de l’INA. Quelques années plus tard, Mitterrand, homme de gauche, vendait le média français le plus influent à un grand ami de la démocratie et de l’Arabie Saoudite, Francis Bouygues (raison pour laquelle vous entendrez toujours très peu parler sur TF1 de tout ce qui concerne le complot américano-saoudien pour déstabiliser le Moyen-Orient).

Lionel Labosse


Voir en ligne : Le secrétaire d’État étasunien adjoint Stuart Jones gêné par une question du bac