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Antipubs métro parisien janvier 2017 : de l’agitprop revigorante

lundi 30 janvier 2017

Voici une photo prise le 29 janvier 2017 au métro Grands boulevards à Paris. Il s’agit de deux dessins satiriques anonymes dus à des activistes antipub. J’ignore qui ils sont, et une recherche Internet s’avère décevante, car soit on tombe sur le site très pauvre en informations du réseau RAP (Résistance à l’agression publicitaire), soit on tombe sur des pages Facebook, or mon éthique personnelle m’interdit ce genre de réseaux sociaux, et je ne parviens pas à comprendre la logique d’antipubards qui communiquent à partir d’un réseau vérolé par la pub. Un peu comme quand ATTAC publiait ses opuscules chez Hachette-Fayard, l’éditeur-vendeur d’armes.
Bref, je voulais juste donner un coup de chapeau à ces activistes anonymes, que d’ailleurs j’avais vus en action quelques jours avant dans une autre station (le 27 janvier, à la station Strasbourg-Saint-Denis), très efficaces dans leur façon de neutraliser les nouveaux panneaux lumineux et vitrés énergivores qui polluent notre vision dix fois plus que les panneaux anciens à deux dimensions. Vous ne trouverez bien évidemment ni n’entendrez, ni ne verrez aucun article, aucune émission sur ce genre de manifestations, car, rappelons-le, les vrais dirigeants de la France, c’est la société Decaux et les sociétés commerciales et les médias qu’elle tient en laisse, sur le mode « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette… ».

Photo RATP 29 janvier 2017
à la station Grands boulevards
© Lionel Labosse


Si j’ai photographié ces deux affiches-là par hasard, je tiens à signaler que celle de droite, avec son slogan ordurier « Comment dessiner un trou du cul à partir d’une bite », qui n’est pas du tout une nouveauté (voir sur ce site), rappelle par sa disposition en carré et par son principe de passer en 4 étapes d’un objet simple à la tronche d’un politicard, l’une des plus célèbres et des premières caricatures de l’histoire de France, Les Poires, de Charles Philippon, dont vous trouverez un historique sur cette page. Donc, voici de l’agitprop qui s’inscrit dans l’histoire de l’art ! Quant au dessin de gauche, « bobos, prolos, unissez-vous », c’est du détournement classique.
Aucun candidat de gauche ou l’un de leurs porte-parole aux présidentielles ne profite jamais d’un de ses nombreux passages sur l’une des chaînes de Radio-France pour protester contre le pourrissement de ces radios par la plaie publicitaire et le bourrage de crâne. Cela, évidemment, ne touche vraiment que les 5 % de la population qui comme votre serviteur, n’ont pas la télé parce qu’ils sont allergiques à la pub et au bourrage de crâne. Eh bien répétons-le, c’est notamment à cause des crapules socialistes, en plus de la crapule sarkozyste, que les chaînes de Radio-France, qui étaient naguère sanctuarisées, sont désormais pourries et rendues inaudibles par la réclame la plus débilitante. Actuellement, en hiver 2016-2017, il faut supporter 200 fois par jour la réclame contre la grippe. Quelle efficacité peut bien avoir un message débile matraqué pendant plusieurs mois ? Aucune, mais les irresponsables qui ont eu cette brillante idée savent ce qu’ils font ; ils ont mis en place des outils de matraquage de propagande dont, le temps venu, les populistes qui seront bientôt élus à la tête de la France, n’auront plus qu’à modifier le contenu à leur aune. De même que ceux qui ont mis en place depuis des années les « films France-Inter », les « spectacle France-Culture » ont bien préparé le terrain des futurs « films France-Inter » auxquels nous aurons droit quand un quelconque Donald Trump sera au pouvoir en France…
Donc, en ces temps où les fils de pub règnent sans partage, saluons et encourageons les antipubs anonymes. Ils nous rappellent le slogan prêté à Oscar Wilde : « Une idée qui n’est pas dangereuse ne mérite pas d’être appelée une idée ».

 Sur le même sujet, lire nos articles Concert-clystère au Zénith, et en littérature jeunesse, la lutte antipub est abordée dans Vive la République ! de Marie-Aude Murail et dans Tout doit disparaître, de Mikaël Ollivier.

Lionel Labosse